samedi 26 novembre 2011

La fraise - Bruno Legeai & Murièle Modély

Photo de Bruno Legeai

Il y a une fraise sur le rebord de la fenêtre. Une fraise rouge, charnue, parfaite. Je ne sais pas comment, je ne sais pas par qui… il y a cette bille sanguine, et mon regard surpris.

L’automne arrive enfin, je le sens, il est là. Les nuages, le soir, sont de plus en plus bas. 
Est-ce que c’est moi ou le ciel s’apaise? Qui donc a déposé sur le béton la fraise?

Je la regarde, petit soleil carmin, darder ses rayons chauds dans le creux de ma main. J’ai posé mes deux paumes sur la vitre un peu froide ; mon paletot peluche, mon corps, mes os sont lourds. Je sens pourtant ma peau devenir velours, la pulpe du fruit mûr rosir mes joues râpeuses.

Je ne pense à rien, je regarde la fraise. Ses akènes rebondissent, picotent mes rétines. Comme des gouttes d'or, ils embrasent la ligne. Est-ce que je rêve ou est-ce que la peau cède ? Quel est ce jus sucré qui soudain me ruisselle?

Il y a une fraise sur le rebord de la fenêtre. Et tes yeux rieurs, ton corps vif, tes mots frais. 
Dans le jour finissant, je vois ta bouche exquise, dont je baise & dévore la saveur vermillon.



Publication initiale sur FPDV du mois de novembre, thème L'exquis 
L'univers photographique de Bruno Legeai est à découvrir (entre autre) sur son blog Les jours

mardi 22 novembre 2011

Traction Brabant n°43


au sommaire du TB 43, spécial sports, vous trouverez :
Françoise Biger (une chèvre sur le tatami) - Yannick Torlini (Tapages)- Morgan Riet (chemins battus)- Alain Crozier - Patrice Maltaverne (le type au volant de la TB) - Patrick Joquel - Cathy Garcia (nouveaux délits -toujours meilleurs que les anciens-) - Pierre Bastide - René Bourdet (poézine Oeil de fennec) - Séverine Langlois - Lionel Mazari - Sylvain Guillaumet -Michel Talon - Michel Lhostis - Salvatore Sanfilippo - Linda Benadda - Delphine Gest - Béatrice Gaudy - Alain Lacouchie - France Burghelle-Rey - Jean-Baptiste Pedini (prendre part à la nuit)- Basile Rouchin - Oslo Deauville - Didier Ober - Mauro Mota - Bernard Deglet (sarieloubal) - Murièle Modely (l'oeil bande -autocitationhypertextuelle)- Isabelle Grosse - Henri Cachau - Eric Savina - Stéphane Prat (mes abruzzes)- Jean-Christophe Belleveaux - Hervé Merlot ( 2 euros le poézine)

2 € le numéro, et... 10 € les 5 incredible isn't it ?
Pour en savoir plus, voir le blog : billets d'humeurs du sieur Maltaverne, poèmes extraits de la revue, photos, liens etc.
Pour des extraits vous repasserez : j'ai pas fini de lire...


MOI CE QUE J'AIME PAR DESSUS TOUT, CE QUI ME REND FOU
C'EST DE CRIER : VIVE LE SPORT !*


*comme dirait Vincent Malone -ouais j'ai des mioches de 6 & 4 ans, donc j'écoute les chanteurs qui vont avec :)

lundi 21 novembre 2011

Chagrin


je pleure
petit
moyen
à gros bouillons
et le chagrin
devient
une eau
bouillante
une soupe
où le corps beurre
exhale
dans des vagues
brûlantes
des odeurs de thym

.
J'écris sale
Je dis sale
Je pense sale
Je suis sale

Tiens
remplace donc le mot sale par noir
es-tu bien sûr au fond d'avoir
(de moi)
fait le tour
de la question ?

dimanche 20 novembre 2011


J'écris sale
Je dis sale
Je pense sale
Heureusement, tu n'es pas dupe

.
Hier j'ai vendu des livres à la bibliothèque. C'était bizarre, vendre n'est pas prêter, le costume me gênait, j'ai joué. Je n'aime pas faire la vendeuse, ce n'est pas mon métier. Une vieille me l'a dit.

Une petite boule de hargne, bouche cul de poulet. Et vas-y que je te balance à la gueule ma rage. Et c'est mal organisé, et vous êtes incompétente, et blablabli, et blablabla, et c'est mon droit j'achète, et reblabli, et reblabla. Et ma vie n'est qu'acide, vous finirez comme moi. Et donnez lui un bras qu'elle vous bouffe le coeur. Le coeur, ce fruit blet rabougri ?

La colère qui monte, mon envie d'en découdre, elle et moi de chaque côté de la ligne, n'a pourtant rien à voir avec l'échange marchand...  La vieille et son visage, comme miroir grossissant de l'abrutissement. Pas le concept, ou l'idée de. Mon abrutissement. Cet inévitable rétrécissement de mon champ de vision, mon coeur tout sec, momifié et posé comme ultime sujet de préoccupation.

Voilà dans ses cheveux, ses commissures tombantes, les sillons blèmes de son aigreur, l'incompréhension du monde. La mienne, bientôt, si proche.

Un samedi de soleil à vendre des livres, pendant que le temps file et que tout s'effiloche.

/

J'ai vendu à la criée des livres, comme une sole ou un maquereau. Sur le moment, j'ai fait l'article, j'ai ri . Vraiment. Je sentais mes sourires emballer mon visage.

Et pourtant a posteriori j'écris :  le costume me gêne.

Peut-être que ce qui n'est plus, n'a jamais été là. Peut-être qu'écrire, c'est repeindre, poser un filtre de fausseté sur les vrais sentiments. Ou le contraire.

Je triche : c'est ma posture ?
Je ne sais pas. 
Une vraie complaisance, à voir la déchirure.

/

Je me rappelle avoir été assise dans le fauteuil en face de son bureau de verre (on ne s'allonge pas toujours), et avoir parlé pendant toute l'heure sans discontinuer. Enfin, je ne suis pas restée une heure, et sans doute que je n'ai pas parlé tout le temps. C'est le souvenir de mon regard sur moi qui reconstruit la scène.
Je me souviens avoir été face à lui comme un sac (et au moment où je l'écris, ce n'est pas une image, j'étais vraiment un sac), et avoir avec ma langue tracé une large et profonde fente dans le plastique.
Les mots avaient coulé (car les mots sont liquide) et j'étais devenue dans la pièce silencieuse, les battements affolés de mon coeur exposé.

/

L'écriture n'est pas la vie. Pas la mienne en tout cas.

mercredi 16 novembre 2011


Eraserhead (1976)

dimanche 6 novembre 2011

©Franck Laborde

mercredi 2 novembre 2011