Je rêve d’une mort qui s’ignore, innocente et sournoise, du couteau au détour des ruelles, de la balle perdue qui me préserve jusqu’au bout de l’horreur du choix.
Je rêve d’une mort anonyme, effacée, opaque à force d’ourdir ses raisons, ou n’en ayant pas, qui, ne justifiant et n’achevant rien, sauverait le secret qui n’existe même pas hors d’elle…
Quelquefois, l’on se souvient, ou l’on rêve : de l’adolescence savante, de celui qui au sortir d’elle, revenu de tout, faisant déjà corps avec sa dépouille, traverse seul la trouée vers la promesse des bateaux. [...]"
"Il arrive au milieu de la vie que la mort vienne
prendre nos mesures. Cette visite
s'oublie et la vie continue. Mais le costume
se coud à notre insu."
prendre nos mesures. Cette visite
s'oublie et la vie continue. Mais le costume
se coud à notre insu."
extrait de "Sombres cartes postales", dans Baltiques, Tomas Tranströmer, Poésie / Gallimard, 2011