"...j’en
arrive à être moins immergé dans le réel que dans le virtuel. virtuel
qui n’est pas virtuel du tout, en fait. tout cela a/est une réalité.
cela existe. disons que c’est numérisé. médiatisé. que c’est une
représentation. mais le monde
concret autour de moi, il est là.
je peux le toucher, lui. je peux le toucher, le sentir, le respirer,
m’en imprégner physiquement et pourtant je ne le fais pas. les rares
moments où je m’y aventure, c’est pour le mettre dans une boîte, et le
faire passer de la boîte à une boîte plus grande et plus large. une
boîte publique. la photographie. c’est encore de la distance que je mets
entre le monde et moi.
il faudrait pouvoir marcher dans le monde
sans garder la moindre trace du passage. sans chercher à témoigner de
sa présence. c’est sans doute ça, l’humilité absolue. ne pas laisser la
moindre empreinte. savoir qu’on existe devrait suffire. pas besoin de
preuve. à croire que je doute de ma propre existence, de ma propre
consistance. de mon utilité. et que c’est ce qui me fait agir. il y a
sans doute une erreur d’appréciation, quelque chose à creuser, là. comme
s’il fallait que tout serve, que tout soit recyclé, que tout soit rendu
public. l’essentiel comme le futile. si on trie bien dans tout ça, on
risque de garder bien peu de choses. et c’est ce peu que j’aimerais
(re)trouver. la bonne mesure. la bonne distance..."
Jean-Marc Undriener
le début & la suite sur fibrillations