Christian Saint Paul, animateur d'une émission littéraire autour de la poésie sur Radio Occitanie revient sur User le bleu dans son éditorial de l'émission "Confinement n°45" qui a été diffusée sur les ondes récemment :
[...] Son dernier livre « User le bleu suivi de Sous la peau », éditions Aux cailloux des chemins, collection Poésie, avec une lithographie de Cendres Lavy, 95 pages, 12 € , illustre la puissance d’évocation de la poésie d’aujourd’hui à laquelle aucun sujet ne saurait échapper.
L’observation de la vie par la poétesse, sa vivacité à en saisir toute l’ironie, tout l’humour, toute l’humanité qui reflue du moindre fait, est la trame de son travail de langue.
Et il faut bien concevoir que c’est la réussite de ce travail, par un parti-pris de simplicité, un ton familier, narratif, anecdotique percutant, qui crée le poème.
La vie des agents de la bibliothèque, en butte sourde à la hiérarchie, aux usagers, n’est pas le paradigme du décor social souhaité pour un poème, mais l’auteure, par le travail de la langue, métamorphose cette vie laborieuse en instant succulent. Et la finalité, le sens donné à la besogne éclate à l’évidence : « ils lisent ». Ils sont les serviteurs de la lecture.
Sa vocation de poète, Murièle Modély l’a éprouvée, les mots chevillés au corps, dès l’âge de dix huit ans. Car c’est avec le corps que l’on fait surgir les vers du poème. Les yeux pour voir le poème, la bouche pour que s’évade le poème.
Le poème vit « Sous la peau ». La peau donnée comme une signature, celle de la mère, celle du père, celle d’un pays qu’elle devra quitter. L’exil, « on s’en remet » ; mais le poème crie le contraire et ce cri jaillit de sous la peau qu’elle bariole de rouge, de bleu, ce cri qu’elle étouffe de « joies falotes ».
Nous devons lire les poèmes de Murièle Modély, gagnés par la virtuosité d’une parole simple qui nous est immédiate sans rien perdre du mystère de la poésie
A cet état de grâce, peu de poètes y parviennent. Elle y accède avec le naturel de celle qui espère que sa langue qu’elle nomme « pauvre » entrera dans « le je poétique / un mot qui pèse / on ne sait trop comment ». [...]"