Leurs façons me font songer à un colombier, qui serait mon esprit, ménagé tout en haut de la maison, sous les combles, sans porte qui permette d'y entrer de l'intérieur et même sans échelle pour y conduire.
Les pigeons y vivant sortent par des ouvertures pratiquées dans le toit et, pendant qu'ils se pavanent dans la gouttière ou sur la pente, mes grands bras les saisissent, les empaillent et, souvent sans lisser leurs plumes, les rangent dans l'armoire : mon carnet.
Ces pigeons ne s'envolent jamais. Parfois, mes grands bras occupés ailleurs ou trop lents, il arrive que les oiseaux leur échappent, rentrent au colombier. Plus tard, je suis bien assuré qu'ils en ressortent ; mais pour ne les avoir aperçus qu'une fois, il est bien rare que je les reconnaisse ; peut-être aussi ont-ils un peu changé."
Mes inscriptions, Louis Scutenaire, Labor, 1990