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lundi 10 janvier 2022

mer

sur la plage
juste là
où les racines de filaos
semblent planter leurs doigts
longs
fins
bruns
entre les squelettes de coraux

juste à cet endroit là donc
j'aperçois
presque
une fille
en robe rouge

si je la regarde bien
(le sel n'obscurcit rien
et le soleil fait naître
des étoiles
sur son cou
jaune pâle)
si je la regarde
attentivement
on dirait un peu moi

un peu
seulement

la robe est trop courte
la peau est trop blanche
les éphélides content 
un air nouveau
déjà
ancien

trop loin
pour moi
les notes sous le derme
les croches dissimulées
sous le fil du maillot

si je regarde bien
je vois
la mer
sortir de mes flots
dessiner vaguelettes
des remous sous la peau



(republication)

lundi 27 avril 2020

Un jour
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue

Je serai sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur mes épaules

Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
à la cuillère

le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire

..................si
.....................non

mercredi 11 mars 2020

"ah, mais tu es douée pour le bonheur"
- c'est ça que tu as dit, terriblement surpris
eh oui, je suis douée
tu vois ma peau sait elle aussi 
dévorer le soleil
à pleines dents encore
tu vois sur le bleu de la nuit
mes trente et quelque perles
qui roulent quand je ris
et je ris fort
souvent

et ta bouche fend aussi
- c'est l'été !
la tranche rouge d'un fruit
pourtant de toi à moi
si on réfléchit bien
il n'y a pas de quoi rire, hein

j'ai écrit dernièrement
- je te l'ai lu au lit
qu'il pleuvait des cadavres
qu'une peau chassait l'autre

tu lisais ton journal
je jetais par défi
mon œil
par dessus ton épaule

mon regard noir comme le creux du ciel
mangeait ton duvet doux et les tristes nouvelles
mais je suis douée - tu l'as dit, je le crois

je ramasse mon œil
dépose ma cervelle
sors tout l'attirail
la courbe, l'anguleux,les lignes droites
mes hanches, mes oreilles et ma langue
essaime

republication

dimanche 9 février 2020

incompréhensible

ce goût métallique au fond de ta gorge c'est ce mot trop long
que tu ne sais comment avaler c'est ta bouche grande ouverte
c'est le h et le l coincés sous tes molaires l'extension des mâchoires
le cri invraisemblable voilà encore un mot dont tu ne sais que faire
qui va rejoindre l'autre sur la langue dans la chair dans les joues
l’abcès qui cache la misère de pensée et de mots le claquement
sauvage la crispation aiguë de l'articulation temporo-mandulaire
des os la musique élastique le rire stupide mou sous tes regards de veau
le monde à vau-l'eau et ton et son et ces cris qui jamais ni ne sortent
ni ne rentrent mais tu entends ces rires d'animaux qu'on égorge
tu ne bouges pas un cil tu respires bruyamment pesamment tu suffoques
quand même les lettres noires les mouches verticales la cavité buccale
dilatée comme un cul la sens tu la douleur cet élancement CAPITAL
toutes les majuscules qui passent quand même non tu ne bouges pas
tu regardes l'incompréhensible jour sans faire un geste tu ne bouges
pas tu as peur que la peau se fende que se déchirent les commissures tu ne
bouges pas tu as peur qu'un geste élargisse ton sourire inconcevable 

(republication)

dimanche 12 janvier 2020

Il y a les taches insignifiantes
les gestes de trois fois rien
les mains dans la vaisselle
la pelure des carottes
le regard dans le loin
le ciel et les bruits fauves

la coulée virulente
du galop des enfants
les hurlements d'amour
le linge qu'on étend
la fatigue qui flotte
la terre sur les talons

la vie folle et les niches
qu'on creuse dans les murs
les pulsations fugaces
les respirations brèves

il y a aussi
au milieu tout en bas
là sous le feuilletage
et la coque des mots
des traces de baisers
(2012)

mardi 22 mai 2018

Le caillou dans la mer

Tu passes tes journées
à frotter ton corps
chaud contre
les seins
les fesses
les lèvres
les yeux
de braise
de fauves malbaraises
de sanguines cafrines


Elle t'attend
dans la case
ton enfant endormi
calé contre sa hanche


Elle t’attend, toi tu cours
il faut bien que tu baises
tant pis pour le chagrin
il faut que tu apaises
ta langue
par le poisseux
de graines
de sapotille


/


Il n’y a rien d’autre à faire
que jeter ta semence
partout sur le caillou


(republication)

dimanche 4 mars 2018

Petite mort

souvent
quand nous faisons l'amour
je pense
au repas du dimanche
le poids sur l'estomac
cette ambiance empesée
tous les deux le dimanche
si cruellement gais
chacun bien à sa place
et de l'autre côté
le verre
l'assiette devant la chaise vide

quand nous faisons l'amour
je pense souvent
au bréchet sous la dent
le jus qui coule
cette triste violence
de la chair mâchée

pendant que nous faisons
j'entends
               j'attends
la reddition de l'os
mes jambes écartées
la douleur qui se tend
dans tes muscles bandées

nos corps qui trompent
tu fais l'amour je baise
sous la table je jette
la torsion le plaisir
les bouts de verre brisé
dans le trou où tout tombe
souvent


extrait de feu la revue Charogne, n°4, 2014

lundi 27 novembre 2017

Bouche pleine

tu es assise à table, à faire tourner entre ton pouce et ton index
une coupe remplie d'alcool, disons... du champagne
à laper, tu te reprends, à siroter quelques gorgées, entre deux rires et un regard

/

soudain tu te mets à tousser en postillons serrés, le rêve démesuré
tu bois une bière dans un bock, assise à la table écaillée
pendant que lui regarde dans l'autre pièce, un truc ou l'autre à la télé

/

tu tousses, mais ce n'est pas la bière ou la peur qu'il te voit
à cette heure déjà en train de picoler, qui te fait crachoter
la télé est à fond, il ne t'entend jamais

/

tu bois vite, tu manges vite, tu vis vite, faut faire passer tout ça
lui ou un autre, tu avales, tousses, t'étouffes
ton rêve comme une arête coincée en travers de la gorge

/

faut faire passer tout ça...
t'avais dit ça aussi quand elle avait pris l'aiguille à tricoter
t'avais dit ça tout pareil sans majuscule ni point d'exclamation
l'aiguille à tricoter en métal blanc

/

l'envie de tricoter t'est d'ailleurs passé d'un coup
quand ton regard se pose maintenant
sur la pelote dans le panier
c'est bizarre, tu penses à un crâne réduit en miettes
les fils de laine en boule, comme du tissu cérébral, emmêlés

/

de toute façon, le tricot c'était pour faire plaisir à ta mère
le genre de truc, penses-tu, qui plaît aux hommes, avec les turlutes
le rouge te monte aux joues, parce que ce mot tu ne le dis jamais, ta mère si

/

ton assiette est rouge, tu pensais que peut-être
la couleur passerait avec la mousse
tu as beau picoler, toujours le rouge  devant toi
les spaghettis figent dans la sauce grasse
il est neuf heures, tu n'as pas faim

/

l'assiette te donne des hauts le cœur, il ne dit rien
- il ne dit jamais rien
il n'a rien dit la veille, quand tu t'es soudain arrêtée de manger
quelque chose coincé dans l’œsophage
il a juste frappé la table très fort
du plat de la main

/

alors tu avais mis l'assiette au frigo, sans rien dire toi non plus
parce que c'est toujours pareil, tu ne peux t'empêcher de faire tout de travers
non contente de vivre aux crochets de la société, de ta mère, des hommes
tu ne peux t'empêcher de te faire remarquer

/

le ventre
la bouche pleine
l'aiguille à tricoter
tout ce que tu avales
tu le recraches

/

ce matin, tu as ressorti l'assiette
car tu ne peux pas passer ta vie à gaspiller
tout ce qu'on s'échine à te donner

/

ce matin, tu regardes l'assiette
au milieu de tes rêves qui hoquètent
tu avales des bières, l'estomac au bord
tout au bord des lèvres
en chipotant encore
les restes du repas d'hier

2012 (republication)

samedi 14 mai 2016

Les jambes
pressent
galopent
menu menu
pas minuscules
freinés qu'on est
par la foule
compacte
devant
derrière

Les jambes
avancent
vite vite
n'entravent pas
le flux
lumières affiches
et pubs collées
sur l’œil et le
derrière

puis y a ce type
au bonnet sale
peau de velours
côtelé rides
visage gris
parcheminé

ce vioque
à patte folle
qui traîne sa caisse
à oxygène
dans sa charrette
qui grince roule
léger léger
sur morves

sur le quai
juste là
ça
bouscule heurte
râle ballotte
ralentit gêne
dégage coule
crève

dimanche 14 février 2016

le feu d'artifice le crépitement le bruit assourdissant la boîte noire qui le rire tonitruant la main battoir plaquée contre la hanche l'épais le gras la toile tendue la peau tendue la paume tendue la première fente le coup de hache le mot le seul giclée dans l’œil le poids et le couteau le ventre déchiré une fois deux fois les bombes entre nos bras des enfants sur la nuque les maux le beau mot épelé d.é.s.i.r des jambes écartées l’éruption la salive la chair décomposée sur les draps chiffonnés mon corps ouvert ton corps fermé et le si                                                                                                                                         
                                       l
                                       e
                                       n
                                       c
                                       e
                                
                                       tout en bas


republication

dimanche 7 février 2016

mercredi 3 février 2016

Je rêve

D'un coin tranquille
Où je pourrai poser

Il y a
Un arbre
De l'herbe
Un héliconia
Une maison carrée
Aux fenêtres grillagées
Un paille-en-queue, un bulbul
Du vent à flanc de montagne
Des voitures qui ronronnent
La langue de la mer
Qui lèche
Le sable
Noir


Un coin
Tranquille
Une maison
Un arbre


Je revois
Le tronc
L'homme
Qui tourne
Tout le jour
La main contre
L'écorce


La bouche
Molle
Et le pantalon
Bleu
Tenu par une corde


Le mouvement
De la tête emmaillotée
Les racines ténues

Ma robe citronnée
Les mains brunes
Qui pensent


L'oeil
Qui vagabonde


Le coin tranquille
Dans la cour de l'HP
Après l'école


L'odeur fade des murs
La blouse de ma mère
Le blanc des frangipanes


Dans l'île

lundi 28 décembre 2015



Republication d'une lecture d'un extrait de Je te vois, éd. du Cygne, 2014

jeudi 11 juin 2015

Le bonheur

à la fenêtre
tu
pauses
les yeux noyés
dans le bol de crème
derrière la vitre
la grande bleue
à ton oreille
les abeilles
dans l'un
ou l'autre
de tes ventricules
tu
rêves
un carré de ciel jaune
dans les cheveux

lundi 25 mai 2015

Voilà c'est fait, j'ai acheté l'économe :
Son manche est noir, sa lame est aiguisée, ses promesses infinies
Les soirées à venir seront longues et vibrantes, à éplucher en chœur nos désirs
À mettre à nu sous l'écorce des jours, sous les strates verticales du quotidien
Sous la monotonie grasse sur tes hanches et tes reins, l'aigu des chairs

Crois-moi, cela ne fait pas mal, de raboter un peu le sentiment 
Maintenant, tends les joues, les fesses, allonge tes deux bras
Laisse moi faire, découper en lamelles l'épiderme et le derme

Regarde, ne crie pas, c'est tout joli, ces bouts de toi, de moi
Dans le lit nous appellent, regarde comment j'épelle, pèle
Notre  a m o u r  en miettes


dimanche 9 février 2014

J'ai une lame
sous l'oreiller

Elle est émoussée
mais ta peau est lisse
et plus vraiment ferme

Je n'aurai pas
à appuyer
pour fendre


/


J'ai une lame
pour cette nuit

A cause de ta tête
sur moi penchée

A cause de ton visage
nettement dessiné

à la surface


/


Chacun de tes traits m'est familier
pourtant je ne te reconnais pas

Tes yeux
Tes rides
Ta bouche
Ton nez
Ton masque


/


Ce soir
ton crâne se fendra
comme une orange

Chaque quartier
jutera dans mon oeil
sur le lit

Au milieu
je verrai la branche
grouillant de pucerons
et les fourmis


Je guetterai la pluie
au coin de ma paupière

J'attendrai la tombée
du miellat de tes chairs

dimanche 20 octobre 2013

Le trou

cette histoire de trou commence à bien faire
tu dis
tout en bas du puits ça tombe, tu dis
ça ne fait que ça

ça chute et tu restes tendu tendue
avec ou sans e tu penses
cela ne change rien
les pensées tombent
tu n'atteins pas le fond

ça grandit grignoté e que tu es
par la colère, la peine, deux faces identiques
de la pièce dont tu attends longtemps
le ricochet au sol
le trou n'a pas de fond

/

voilà comment se répète
tu dis
la mécanique des chairs
cette puissante affaire
de mots
à dents
qui mordent, grignotent, tricotent
des boules, des nœuds
dans le pylore, l'œsophage
des phrases
la petite chimie des corps
sous les solvants

/

au delà de la vitre, bien sûr, tout continue
l'espace se remplit
le boulanger cuit son pain
une voiture démarre
un homme pénètre une femme
un oiseau crie

il y a la masse noire qui diffracte la vie
les camaïeux, l'orange, qui dévorent la nuit
au delà de la vitre, le jour commence
les bords irréguliers de la chair dentelée


publication initiale sur Le livre à disparaître
(dans une version légèrement différente)

samedi 29 septembre 2012

Un jour

Un jour
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue

Je serai toute sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur les épaules

Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
avec une cuillère

le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire

qui
.........que
..................si
.....................non

*

Non ?

Pour pouvoir dire, je lis. J’achète des livres et je lis. J’emprunte des livres et je lis.
J’essaie par tous les bouts de combler mon retard, des siècles et des siècles perdus dans les broussailles.

J’avale page à page des kilos de papier. Je déchire en morceaux, le plat supérieur, le plat inférieur, les contreplats, les tranchefiles, les gardes marbrées, les feuilles froissées. J’émiette, je mâche, je déglutis. La bouillie peine à fondre dans le jus de salive. J’essuie mécaniquement d’un revers de la main, le filet de culture qui tombe entre mes seins. Je dois tout avaler, ne pas perdre une goutte, même pas l’encre bleue qui s’infiltre en naevus sur ma langue poisseuse.

Ca descend.
Mon ventre enfle.
Je crois que je digère.
Mais c’est juste l’overdose. Mon corps hypertrophié de trop de cellulose.

Je m’en fous.
Mes yeux, ma bouche, mon nez : je veux tout barbouiller.
Etaler sur ma face, ma gueule de limace, les mots lus, entendus, mal compris, en désordre, recrachés, de travers.

Je cravache, je besogne, je suis en ahanant ceux qui savent.
Je ramasse, l’air de rien, ce qu’ils laissent, derrière eux. J’assemble vite vite deux trois jolies formules.
Il n’y a pas de miracle. Mes mots suintent encore une odeur de ranci.

J’insiste, je recommence, j’enfonce mes deux doigts tout au fond de ma gorge. Toujours pas le miracle.

Non.

Je ne peux que vomir mon étique pensée.

Initialement publié sur le blog de Morgan Riet dans le cadre des vases communicants

dimanche 23 octobre 2011

Le rendez-vous


Je la retrouve tous les lundis dans le café près de la gare. Dans une salle petite, bruyante et très fréquentée. Le café est à proximité du lycée professionnel. A côté des habitués accoudés au bar, l'haleine chargée dès huit heures du matin, il y a des jeunes qui rient fort et chahutent avant le début des cours. J'en connais certains, mais je ne parle avec aucun d'entre eux.

Je m'installe généralement près de la fenêtre pour avoir un peu de lumière, car les lambris aux murs ont pris une patine sombre, mélange de gras et de fumée de cigarettes. Les rideaux sont sales, mais cela m'est égal que la poussière me picote les yeux.
Je la regarde, elle m'ignore. Elle suçote le bord de son verre d'eau.
Nous ne sommes pas assises à la même table ; une banquette, parfois deux nous séparent. Selon les jours et son humeur, elle m'offre le spectacle de sa nuque, ou celui de sa bouche qui chipote son eau minérale...

Il y a en fond sonore la radio, le rire de jeunes et les raclements de gorge sporadiques et glaireux de quelques hommes âgés. Les verres cliquètent sur le comptoir en inox. Le serveur fait glisser énergiquement les tasses sur l'étagère métallique. Le patron tripote régulièrement sa caisse enregistreuse.
Des pièces tombent au sol. Des talons claquent. La porte du café s'ouvre et se ferme en grinçant.
L'ensemble produit une mélodie discordante, je n'entends rien...

Parce que je mets mes mains contre mes oreilles. Et parce que m'isoler du monde extérieur me permet d'absorber Pélagie, en entier, dans ma tête. Ce n'est pas difficile, elle n'est pas épaisse.
Elle a un visage émacié, deux billes vertes perdues dans les orbites, et des tas de petits os autour. Pélagie est très maigre : sa tête est une minuscule balle perchée sur une brindille.

Je reste juste immobile, dans cette salle, à la regarder suçoter son verre du bout des lèvres. Je respire à peine pour ne pas la faire basculer de sa chaise sur le sol. Je me mords les joues pour ne pas pleurer. Saleté de poussière.
Je pense à avant, quand son rire charnel m'enveloppait de son odeur de sucre. Avant, quand je n'avais pas peur de voir son corps se désintégrer bruyamment. J'essaie en vain d'ignorer le squelette de verre à travers sa peau translucide.

Si je viens tous les lundis au café, c'est pour m'assurer que cette fois encore, elle ne s'est pas brisée en mille morceaux. Et aussi pour continuer à croire que peut-être...

Elle me parle quelquefois. Sans lever les yeux. Elle décoche un "Dégage", ou mieux trois mots "Me regarde pas". Je la préfère silencieuse. Dès qu'elle ouvre la bouche, ses dents claquent et font un bruit perçant désagréable. Si je m'écoutais, je me jetterais sur elle, pour la faire taire d'un baiser.

Oui, je voudrais pouvoir poser ma bouche sur ses lèvres gercées.
Je viens tous les lundis pour ça. Et je sais qu'elle vient aussi ce jour, pour bien me signifier tout ce que je n'aurai pas.
Elle me l'a dit la dernière fois où nous étions assises à la même table. Elle ne peut plus m'embrasser... Pas à cause de mon corps lourd ou de mon visage poupin. Pas seulement non.
Ma salive trop riche la révulse. Elle doit dorénavant se passer de mes baisers.

Republication d'un texte mis en ligne ici en mai 2010

jeudi 4 août 2011

Ton coeur bat plus vite
















Ton coeur bat plus vite que le mien, c'est anatomique.
Il cavale, il court, secoué par un rire, une vague, ou rien.
Je vois sous ta peau fine, ce fruit rouge qui s'emballe dans un matin tout neuf. Je vois la cellophane. Je vois les reflets roux, sur tes joues, dans ton cou, dans chaque brin de tes cheveux.

Ton coeur bat plus vite que le mien, c'est certain.
Pourquoi ai-je donc peur ? pourquoi suis-je immobile ? pourquoi je te contrains ?
Deviens, n'écoute pas ta mère, cabre sur le chemin, fais des boucles, ne fais rien, marche vers l'horizon, mets ton coeur au soleil. Mange le ciel.


C'est l'été, je "republie" de vieux trucs (tout reprendra sa place à la rentrée ;)