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lundi 7 octobre 2019

nous sommes dans le métro comme dans un ventre
à clapoter de la lymphe, à gober des yeux
des seins
à heurter du regard la toile rêche
des peaux
à humer des odeurs, avoir des hauts-le-cœur
relents de sueurs et de rots
nous sommes dans le métro un concentré de chairs
nous mêlons, emmêlons nos souffles et nos flux
le soleil et la brique sur des mains noires de terre
les méandres filandreux ou retors des cerveaux
nous sommes dans le métro concentrés de colère
concentrés de misère, vagues d'indifférence
nous allons sans bouger vers le bout du tunnel
uniques, semblables
et seuls

vendredi 27 septembre 2013

le mot met à distance
je le sais bien

je me demande
où sont mes battements de cœur
sous les hurlements
des deux femmes en colère ?
je me demande
où s'en va la rougeur
mes oreilles écorchées
par leur brame et les pleurs
de la fillette brune
                - je n'en ai pas parlé ?
accrochée aux genoux de sa mère
qui gueule
a-t-elle seulement
               - où s'en est-elle allée ?
réellement existé ?

le mot a ce don d'être
et de faire disparaitre
la scène

de laisser sur la table
comme de la mie de pain
en boule qui roule
dans le creux de la main

le mot jamais ne donne
il faut tout dépiauter


jeudi 26 septembre 2013

il ne s'agit pas d'une tentative d'épuisement
il faut dans le métro gratter les filles, à la cuillère
manger leur pulpe, boire les mots
toquer les coques, fendre le vide

mercredi 25 septembre 2013

L'autre jour au métro des Arènes, deux filles plutôt bien gaulées, le détail est insignifiant mais je l'ai noté,  se sont mises à hurler très fort. Cela se passait devant le portillon. Pour une banale histoire de sac, que l'une avait balancé violemment contre le postérieur de l'autre. Même si,  parce qu'elles s'excitaient, la raison initiale de l'altercation devenait dans la salle haut de plafond du métro totalement secondaire. On n'entendait plus que les connasse, les va te faire foutre, les ta mère suce des bites en enfer.
La première était très rouge parce que très claire de peau, la seconde un peu moins, et rouge et de peau. Mais leurs bouches ourlées, leurs visages parfaitement maquillés, c'est là que le détail apparemment anodin du début prend toute son importance, se déformaient bizarrement et avec constance, pour dégueuler le chapelet de saloperies. D'ailleurs le mot saloperie convenait bien à la scène. Parce qu'elles étaient mignonnes, à forte poitrine et lèvres pulpeuses, le mot salope sonnait familièrement aux oreilles. Ou comment évacuer l'absurdité des vociférations de l'une et de l'autre dans des divagations sémantiques. En regardant ces filles, j'avais pensé aux mots pétasses, cagoles, makrelles, à mon dictionnaire personnel de clichés. 
J'avais reçu réellement leurs mots en pleine gueule. J'emploie sciemment le mot gueule, il y avait une odeur fauve dans l'air, quelque chose d'animal. La peur, ou peut-être la rage. J'étais moi aussi rouge, bien que noire de peau, incapable seulement de comprendre le sens profond de nos mots.
une fille
         à la sortie du métro
  bouscule
            une autre fille
                                  gueule
             devant le portillon du métro
l'une sur l'autre
                           une fille
dégueule
                 un sac contre une hanche
        à la sortie du métro
fend
              les peaux tendues de trop
                             bouscule
                                           sur le mur du métro
de gros glaviots
                        s'enfilent
        des mots en "cule"
                                      une fille puis l'autre
                                                              dégoulinent les maux
                             à grands coups de
                      marteau
dans le métro
                      une fille  l'autre
                                     dans mon oreille


mardi 24 septembre 2013

Une fille bouscule une autre fille à  la sortie du métro. La fille 2 traite la fille 1 de connasse, la fille 1 élève la voix, elle est de dos, je n'entends pas très bien ce qu'elle dit. La fille 2 se lance dans une longue diatribe. Le mot ne convient pas. J'ai pensé diatribe parce que j'avais le volume, pas le sens. La fille 1 parle très vite, très fort, et mange ses "r". Je comprends néanmoins la dernière phrase,  elle dit  : ta mè'e suce des bites en enfe'. En fait, la fille 1 traite la fille 2, puisque cette dernière l'avait traité avant. En pensant ça, je me rends compte qu'il manque un complément d'objet, mais l'absence d'objet, direct ou indirect d'ailleurs, ne pose aucun problème à la fille 1 et la fille 2, qui interpellent le surveillant de tonitruants  t'as vu comme elle me traite ? Ce n'est pas le bon mot. On ne dit pas surveillant, le métro n'est pas une prison, on dit médiateur. D’ailleurs le médiateur médiate et immédiatement intervient. Il demande qu'est-ce qui se passe ?, la fille 1 dit elle m'a traité, la fille 2 dit elle aussi. Ce ne sont pas les bons mots. La fille 1 gueule, la fille 2 gueule plus fort, le médiateur vocifère (c'est là son moindre défaut). J'écoute d'une oreille, l'autre divague. L'une et l'autre se fendent comme des fruits trop mûrs, les mots roulent sur le sol comme des pépins. Une fille bouscule une autre fille à la sortie du métro - ça se traite comme si de rien