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lundi 27 mai 2024

V(i)eille - 3

Pourquoi essayer désespérément de retenir la chair
de faire oublier par une fausse vigueur 
l’haleine métallique et l’odeur aigrelette suintant de sous les bras
pourquoi agiter en tous sens la tête, les jambes, les doigts
pour éviter le gras ceinturant nos pensées
faire croire en contractant bien fort le périnée
qu'on éloignera longtemps la fuite des années
pourquoi se tartiner de beurre pour remplir les vides
regarder les regards louvoyer sur nos rides
pourquoi ne peut-on tout simplement pas
vieille, vieille
lâcher prise
profiter
des lueurs de fin de jour
avant l’obscurité


V(i)eille - 2

une femme vieille
vieille
dénudée et ridée
tourne en rond comme un poulet sans tête
sur le trottoir
fait des bruits de peaux flasques
agite ses cheveux longs et blancs, roule des yeux hagards
exhale une odeur sure
de poisson et de cendres
une femme vieille
vieille
lourde et tordue
offre son sexe mort aux regards des passants
titube sur le bord puis chute lourdement
dans l’un des nids de poule, petits tombeaux offerts
aux oiseaux souffreteux
à la misère des corps


V(i)eille

Le temps passe
une femme aux yeux semblables aux miens
perd la vue
une femme au ventre lourd comme le mien
tourne en rond
à moitié nue
ses cheveux grésillant dans un gris lumineux
à l’horizon, la lune tombe et crache
une histoire sombre dont on connaît la suite
un conte terrible dont on nous tait la fin
Le temps passe
une femme ouvre la bouche grand
claque des mâchoires comme une pelleteuse
creuse dans les fondations de la maison
une forme parfaite
rectangulaire
une forme parfaite
dont la surface s’amoindrit
à mesure que les os se tassent
une forme parfaite pour contenir
un corps rabougri perclus de souvenirs