Affichage des articles dont le libellé est La nuit. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est La nuit. Afficher tous les articles

lundi 15 mai 2017

les rêves sont revenus cette nuit
pendant longtemps, ma tête est restée vide
les alizés soufflaient, je ne retenais rien
il y a des années, quelqu’un m'a lâché la main
m’a laissé, sommeil après sommeil, avancer dans le noir
n’attendre de personne une épaule où poser 
ma faiblesse
cette nuit, les rêves ont reparu
je sens grincer leurs dents
peser au creux des reins leur regard de félin
le drap est moite
ma bouche humide
je baigne le lit de larmes acides
c’est que leur retour sonne la fin du repos
j’entends dans le long défilé, le broiement de mes os
j’entends
les morts
le claquement de crocs, ô rêves
qui grignotez et grignotez le moindre bout de peau
mettant mon cœur à nu
dénudant ma colonne vertébrale
que l’enfance affleure
que de la moelle épinière coulent les souvenirs
gluants, graisseux
mêlant sur le matelas le présent
à la chair bigarrée de tous mes revenants

*


ces rêves pleins de viande ne me nourrissent pas
il n’y a aucun sens à l’histoire qui s’affole sur la table
je flotte
refais le passé
la mer y tient le rôle principal, et j’avale
j’avale comme une oie docile
le corps de mes aïeux
puis je crache sur la nappe 
des pelotes de récits
je n’ose y planter la fourchette
c’est que des vers s’agitent
leurs ventres roses, translucides, tendus
n’attendent que la pointe du couvert
pour dégueuler dans l’assiette
les vagues de coups bas 
et mes membres meurtris