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lundi 23 décembre 2013

Michel Merlen - Généalogie du hasard

"je n'accepte pas de mourir
je n'accepte pas que le sexe de la poésie
ne fleurisse plus dans la galaxie du vivre
faisant ainsi monter le foutre des couleurs

je n'accepte plus les chèques de la tendresse
les câlins castrateurs à odeur de linceul
les économies qui vous rasent le poil de l’imaginaire

vive les cuisses lisses du libre
la mise en scène du réel par le hasard
vive le ventre du soleil
vive vive le con bleu des étoiles

vive la grossièreté pure du vivant
les arbres qui branlent la ville
vive les enfants qui cassent les images
vive les cicatrices du feu

mon père viendra ce soir frapper à ma porte
il porte sur son front le coma
des poèmes qui n'ont pu jaillir

je ne suivrai pas son exemple
je pars à New York à Pâques 86
ma femme a de beaux yeux"


"Place de la Bastille", in Généalogie du hasard, Michel Merlen, Le dé bleu, 1986

samedi 9 février 2013

"Il ne suffit pas de pénétrer l'autre..." - Michel Merlen

AU PLUS VIF DES VIVANTS

Je veux qu'on le sache
j'ai de l'admiration
pour tout ce qui est vivant
pour le pain chaud de tes cuisses
pour les fraises de ton sexe
pour les nuits blondes de tes pupilles
je veux qu'on le sache
j'ai des balafres j'ai des plaies
je sors des hôpitaux
pour me soigner
au vent cinglant des villes
à l'iode du sourire des filles
mais le métro mâche mes mots
les voitures m'évitent
je glisse sur les boulevards
comme une boule de billard
je fais la queue dans les jardins
mes pas bâtis à la hâte
deviennent sommaires
je ne sais plus pourquoi je marche

ANGST

Il t'est arrivé un accident. Comme des
coups de maillet sur la mémoire à vif.
Les sapins bleus tournent. Angst pèse
sur chaque mot. Chrysalide de la pen-
sée. Encre ou rasoir. Les petits pas de
l'écriture brillent sur le givre. Ne pas
laisser  se dilater les  pupilles.  Tu
d o i s rejoindre la meute des vivants.

______________

Il ne suffit pas de pénétrer l'autre
pour sortir de soi




Extraits de Borderline, Michel Merlen, Standard 1991