samedi 29 septembre 2012
Un jour
Un jour
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue
Je serai toute sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur les épaules
Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
avec une cuillère
le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire
qui
.........que
..................si
.....................non
*
Non ?
Pour pouvoir dire, je lis. J’achète des livres et je lis. J’emprunte des livres et je lis.
J’essaie par tous les bouts de combler mon retard, des siècles et des siècles perdus dans les broussailles.
J’avale page à page des kilos de papier. Je déchire en morceaux, le plat supérieur, le plat inférieur, les contreplats, les tranchefiles, les gardes marbrées, les feuilles froissées. J’émiette, je mâche, je déglutis. La bouillie peine à fondre dans le jus de salive. J’essuie mécaniquement d’un revers de la main, le filet de culture qui tombe entre mes seins. Je dois tout avaler, ne pas perdre une goutte, même pas l’encre bleue qui s’infiltre en naevus sur ma langue poisseuse.
Ca descend.
Mon ventre enfle.
Je crois que je digère.
Mais c’est juste l’overdose. Mon corps hypertrophié de trop de cellulose.
Je m’en fous.
Mes yeux, ma bouche, mon nez : je veux tout barbouiller.
Etaler sur ma face, ma gueule de limace, les mots lus, entendus, mal compris, en désordre, recrachés, de travers.
Je cravache, je besogne, je suis en ahanant ceux qui savent.
Je ramasse, l’air de rien, ce qu’ils laissent, derrière eux. J’assemble vite vite deux trois jolies formules.
Il n’y a pas de miracle. Mes mots suintent encore une odeur de ranci.
J’insiste, je recommence, j’enfonce mes deux doigts tout au fond de ma gorge. Toujours pas le miracle.
Non.
Je ne peux que vomir mon étique pensée.
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue
Je serai toute sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur les épaules
Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
avec une cuillère
le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire
qui
.........que
..................si
.....................non
*
Non ?
Pour pouvoir dire, je lis. J’achète des livres et je lis. J’emprunte des livres et je lis.
J’essaie par tous les bouts de combler mon retard, des siècles et des siècles perdus dans les broussailles.
J’avale page à page des kilos de papier. Je déchire en morceaux, le plat supérieur, le plat inférieur, les contreplats, les tranchefiles, les gardes marbrées, les feuilles froissées. J’émiette, je mâche, je déglutis. La bouillie peine à fondre dans le jus de salive. J’essuie mécaniquement d’un revers de la main, le filet de culture qui tombe entre mes seins. Je dois tout avaler, ne pas perdre une goutte, même pas l’encre bleue qui s’infiltre en naevus sur ma langue poisseuse.
Ca descend.
Mon ventre enfle.
Je crois que je digère.
Mais c’est juste l’overdose. Mon corps hypertrophié de trop de cellulose.
Je m’en fous.
Mes yeux, ma bouche, mon nez : je veux tout barbouiller.
Etaler sur ma face, ma gueule de limace, les mots lus, entendus, mal compris, en désordre, recrachés, de travers.
Je cravache, je besogne, je suis en ahanant ceux qui savent.
Je ramasse, l’air de rien, ce qu’ils laissent, derrière eux. J’assemble vite vite deux trois jolies formules.
Il n’y a pas de miracle. Mes mots suintent encore une odeur de ranci.
J’insiste, je recommence, j’enfonce mes deux doigts tout au fond de ma gorge. Toujours pas le miracle.
Non.
Je ne peux que vomir mon étique pensée.
Initialement publié sur le blog de Morgan Riet dans le cadre des vases communicants
vendredi 21 septembre 2012
73 - 12 - 4 ...etcetera
Alors, cette série de chiffres ne correspond ni à une formule mathématique, ni aux trois premiers (bons) numéros du loto... mais au nouveau numéro de la revue Microbe (73), qui fête sa 12è année d'existence, et pour moi c'est la 4è participation à la revue minuscule et impertinente.
Pour s'abonner / commander c'est par là
Avec ce 73e numéro à l’impression, le Microbe fête ses douze années d’existence. Ce numéro a été préparé par Hélène Dassavray.
Au sommaire :
Antoine
Stéphane Berney
David Deleau
Hélène Dassavray
Lydia Greene
Alix H
Brigitte Léchine
Marianne Leroy
Mu Lm
Denis Michel
Flore Naudin
Polaker
Latifa Sauvignet
Tacite
Thomas Vinau
Illustrations : Polaker
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 36e mi(ni)crobe signé Hélène Dassavray : LES FEMMES FATALES SONT-ELLES MORTELLES ?
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger
_______________________________________________________________________
Et le Comme en poésie , de Jean Pierre Lesieur, n° 51 est sorti... avec un copieux sommaire (première publication pour moi, avec trois de mes poèmes). En savoir plus là
Pour s'abonner / commander c'est par là
Au sommaire :
Antoine
Stéphane Berney
David Deleau
Hélène Dassavray
Lydia Greene
Alix H
Brigitte Léchine
Marianne Leroy
Mu Lm
Denis Michel
Flore Naudin
Polaker
Latifa Sauvignet
Tacite
Thomas Vinau
Illustrations : Polaker
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 36e mi(ni)crobe signé Hélène Dassavray : LES FEMMES FATALES SONT-ELLES MORTELLES ?
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger
_______________________________________________________________________
Et le Comme en poésie , de Jean Pierre Lesieur, n° 51 est sorti... avec un copieux sommaire (première publication pour moi, avec trois de mes poèmes). En savoir plus là
jeudi 6 septembre 2012
Eté (II) de Bernard Chambaz
"(séquence 627)
car tu cueillais des mûres
vers la fin du mois d'août
tu en mangeais une sur deux. l'autre tu la mettais dans un pot
de confiture vide. tes lèvres étaient noires.
y penser
devant ces ronciers me serre le coeur. l'écrire
par moins dix-sept degrés centigrades sous des flocons de neige me resserre le
coeur.
mais te revoir
cueillir des mûres vers la fin du mois d'août
reste sans prix. sinon
pourquoi continuer à rouler"
Eté (II) poème : chants VI à X, Bernard Chambaz, Flammarion, 2010, p.75
chroniqué sur Poezibao
car tu cueillais des mûres
vers la fin du mois d'août
tu en mangeais une sur deux. l'autre tu la mettais dans un pot
de confiture vide. tes lèvres étaient noires.
y penser
devant ces ronciers me serre le coeur. l'écrire
par moins dix-sept degrés centigrades sous des flocons de neige me resserre le
coeur.
mais te revoir
cueillir des mûres vers la fin du mois d'août
reste sans prix. sinon
pourquoi continuer à rouler"
Eté (II) poème : chants VI à X, Bernard Chambaz, Flammarion, 2010, p.75
chroniqué sur Poezibao
lundi 3 septembre 2012
Francesco Pittau, poète
Allez voir du côté de Ma plume sur la commode (quel beau nom de blog, n'est-ce pas ? avant même d'entrer, on sent bien que la maison sera dense...), découvrir les textes de Mr Francesco Pittau, parce qu'en plus d'être un auteur de littérature jeunesse de talent, c'est un grand poète.
Des extraits des petits bijoux que vous pourrez lire là bas :
L'heure du bain
"Elle baignait son enfant dans
La vasque en grès rose
Lui murmurait des refrains
Improvisés vastes comme son
Cœur elle baignait le sang
De son sang les yeux de ses yeux
Dans une eau parfumée
Où la chair tendre s’amollissait
Comme la pulpe des doigts..."
Rêver la brûlure
"Dans la nuit le
Feu cavalait sur
L’horizon comme
Une bête effarouchée
Ravageant sur son
Passage
Les citronniers
Et les orangers assoupis
Les vignes vrillées
Et les figuiers aux
Feuilles plus larges
Que deux paumes..."
et plein d'autres textes (poèmes, nouvelles) pour les crépitements sous la langue et les yeux ;)
Des extraits des petits bijoux que vous pourrez lire là bas :
L'heure du bain
"Elle baignait son enfant dans
La vasque en grès rose
Lui murmurait des refrains
Improvisés vastes comme son
Cœur elle baignait le sang
De son sang les yeux de ses yeux
Dans une eau parfumée
Où la chair tendre s’amollissait
Comme la pulpe des doigts..."
Rêver la brûlure
"Dans la nuit le
Feu cavalait sur
L’horizon comme
Une bête effarouchée
Ravageant sur son
Passage
Les citronniers
Et les orangers assoupis
Les vignes vrillées
Et les figuiers aux
Feuilles plus larges
Que deux paumes..."
et plein d'autres textes (poèmes, nouvelles) pour les crépitements sous la langue et les yeux ;)
Inscription à :
Articles (Atom)