jeudi 29 novembre 2012
Tout va bien de Jean Bourgeois
Ce que j'aime dans l'écriture de Jean Bourgeois, c'est ce regard lucide (sans désespérance ?) posé sur le renoncement, l'absence, de l'autre, à soi.
Son recueil commence par une scène de vie intime, par un départ :
"Quelqu'un part
Emportant tout aveclui
Laissant le jardin désert
La maison vide
Le silence à sa traîne
Quelqu'un part, c'est fini"
le début est donc la fin. Et le recueil tout entier répète cette fin, potentielle, réelle, "une menace générale".
"Le menton sur la plage arrière
Je regardais la route se perdre au loin
Aspirée par un pays noir
Sous l'embrasement du ciel
La nuit gagnait
Et la fatigue
Allongé sur le siège
Dans mon demi-sommeil
Je me faisais des films
Je fuyais une menace
Sans trop savoir laquelle
Une menace générale
Des décennies après
C'est moi qui tiens le volant
Et où que j'aille je la sens encore
Je fuis toujours"
Les scènes, les pensées qui se succèdent parlent de ça, la fin, incluse dès le départ. Alors pourquoi ? à quoi bon ?
"Toute fin est légère
Un coup d'aile suffira
Demain sera plume"
Il y a quand même, toujours le mot.
Langues est le dernier poème.
"un habit pur et sans couture
Qu'une grande bête aux gestes noirs
Taille à notre mesure
Souriant déjà de notre effroi
Au premier souffle elle nous l'enfile
Un cri, d'abord, et tout est dit
Puis la blessure ensuite
qui dure
engorgera nos bouches
Ici et là, partout, toujours
le premier mot est un refus
Et les autres ont beau faire
Où nos langues sont pendues"
dimanche 25 novembre 2012
Ana Cristina Cesar
"Je suis très concentrée sur ma panique.
Du tréfonds prenant des mesures préventives. Ma fille, lis ça quand tu auras perdu tout espoir comme aujourd'hui. Tu es mon seul trésor. Tu mords et cries et ne me laisses pas en paix, mais tu es mon seul trésor. Alors écoute-bien; prends ce sirop, viens dans mes bras, et repose-toi; dors, je veillerai sur toi et je n'ai pas peur; dors, dors.
Je suis grande, je reste éveillée très tard.
Je veux te dire la chambre immobile et tout ce qu'il y a dedans et pas de ville dehors ni réseaux de parenté. Ici j'ai des machines pour me distraire, une télé de chevet, des bandes magnétiques, des cartes postales, des cahiers de différentes tailles, un coupe-ongles, deux
pyrex et j'en passe. Rien dehors et ma tête parle toute seule, comme ça,
dans un mouvement pendulaire: apparaître, disparaître. Retiens bien cette chambre étale avec machines, tête et pendule qui battent. Retiens-la bien. Ça comptera plus tard."
Ana Cristina Cesar, Gants de peau & autres poèmes, traduction de Michel Riaudel et Pauline Alphen, Chandeigne, 2005.
lu là
sur Ana Cristina César là, ou là (entre autre...)
samedi 24 novembre 2012
jeudi 22 novembre 2012
Antoine Emaz à Toulouse
Rencontre avec Antoine Emaz à la médiathèque José Cabanis
à Toulouse le 23 novembre à 18h, grand auditorium
à Toulouse le 23 novembre à 18h, grand auditorium
"on touille un reste de mots
le juste nécessaire
on a fait le plus dur
bleu risible
on rouille, on tousse
on finit par vieillir
c'est plus simple
on l'aura vu venir
l'usure"
RAS, Antoine Emaz, dessins Djamel Meskache, éditions Tarabuste, 2001
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Addenda du 12/12/12 : La vidéo de la rencontre ci-dessous___________________________________________________________
Rencontre avec Antoine Emaz par BibToulouse
mercredi 21 novembre 2012
Cairns
Cairns, recueil initié, mis en forme, mis au jour :) par Jean-Louis Millet
Textes de Cathy Garcia, Anna Jouy, Isabelle Le Gouic, Carole Saint Louis, Werner Lambersy, Jean-Louis Millet, Le Rien quotidien, Bruno Toméra, Vincent, & myself sur des épures de Jean-Louis Millet
à feuilleter là
Germaine Chaumel : exposition au Bazacle à Toulouse
Fête des pêcheurs de Toulouse
Femme dans le débarquement
Germaine CHAUMEL (1895-1982), une photographe dans son temps
20 novembre 2012 au 24 février 2013 - Galerie de l'OEil
"Femme et photographe de et dans son temps, Germaine Chaumel
s’inscrit pleinement à Toulouse dans le courant photographique «
humaniste » qui se développe alors notamment à Paris. A l’occasion du
30e anniversaire de sa mort, la Ville de Toulouse a décidé de rendre
hommage à cette photographe qui fut l’un des grands témoins de son
histoire..."à l'Espace EDF Bazacle - Toulouse
"
samedi 17 novembre 2012
La fragilité d'Estelle Beauvais
LA FRAGILITE - PROLOGUE (version française) from Estelle Beauvais on Vimeo.
La fragilité, série d'Estelle Beauvais : le site
samedi 10 novembre 2012
![]() |
My aunt's ghost - Vesna Bursich |
Il s’agit de refaire ce qui n’est pas fini
de jeter sur la toile le tu le elle
reconstruire réinventer
le je de miroirs
Il s’agit de revivre ce qui n’a pas vécu
le tu le elle et moi
rebâtir la colonne
et dévier de nouveau
Sentir l’écart
se creuser
là
tout en haut
les trouées d’air
dans mon cerveau
Je prends des souvenirs
n’importe lesquels
l’ordre n'a pas d’importance
leur véracité non plus
un jour le fil a cessé de se tendre
mon corps est un tissu
rempli de trous
une plaine où s’ébattent
de joyeux fous
Je prends un souvenir
n’importe lequel
j’y enfourne une humeur
un paysage
les gens autour de moi
sont des paysages
être n’est que paraître
singer
représenter
Les gens autour de moi
des scènes des portraits
en pieds
il s’agit de refaire tout ce que j’ai vécu
l’écrire
le réécrire
barbouiller le tableau
de jeter sur la toile le tu le elle
reconstruire réinventer
le je de miroirs
Il s’agit de revivre ce qui n’a pas vécu
le tu le elle et moi
rebâtir la colonne
et dévier de nouveau
Sentir l’écart
se creuser
là
tout en haut
les trouées d’air
dans mon cerveau
Je prends des souvenirs
n’importe lesquels
l’ordre n'a pas d’importance
leur véracité non plus
un jour le fil a cessé de se tendre
mon corps est un tissu
rempli de trous
une plaine où s’ébattent
de joyeux fous
Je prends un souvenir
n’importe lequel
j’y enfourne une humeur
un paysage
les gens autour de moi
sont des paysages
être n’est que paraître
singer
représenter
Les gens autour de moi
des scènes des portraits
en pieds
il s’agit de refaire tout ce que j’ai vécu
l’écrire
le réécrire
barbouiller le tableau
publication initiale sur
le journal poétique jeté sur l'aube d'Anna Jouy
(vases communicants de novembre)
jeudi 8 novembre 2012
vendredi 2 novembre 2012
Tarot-Eros par Anna Jouy
Vais-je m’élancer ainsi, me prendre un pied dans le ciel ? Inversion de fortune, ma maison peut-être tremble ? Les oiseaux sortent de terre vers des refuges de nuages. Ai-je perdu mes petites ailes dorées et est-ce une pluie de métaux lourds qui cinglera de mes pavés ?
Attraction permutée, pôles démagnétisés, ma vie se détache comme la plèvre des grandes tuberculoses. Je quitte ses bases et brasse des deux mains. M’accrocher à des cendres fugaces. Tenir ou ne tenir à rien…
il va neiger.
C’est qu’arrive le temps des cabrioles et de ces allègements de la tête. C’est bien. J’atteins à grands trous, l’effet de passoire. Une pluie à rebours. Nuages et avortement de coton. Mais si le ciel me donne signes, pourquoi fait-il en mon ventre des fœtus morts et ces injections de foutre candide ? Mes entrailles seront-elles le dernier espace mûr avant la folie ?
il va neiger n’est-ce pas ?
Soleil silo. Il me crache sur l’île des sueurs. (pour lui poète trouble) fraternité des souches et de l’étoupe, le fleuve à l’entonnoir. Un fil rouge vient de saigner ma gorge et mes points de côtés. L’astre entre glaives et piqûres écrit sur ma peau des basanes profondes, y grave une ride à la ligne. Les flots qui m’enceignent sont si clairs, je crois qu’ils arrivent des soupirs du monde. À la rouelle, ils distribuent nos efforts. Temps de lumière et temps de feu. C’est vivre qui importe et le jour est ce territoire ouvert.
neigera-t-il, dis moi… ?
Tenir à la main le bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens porter la cartouchière du bonheur et des lueurs. La munition essentielle! Dans mon baluchon, que des pierres, pour l’équilibre des pas et ne pas monter trop vite. Briser mon genou pour ce repas de membres désossés. J’ai des choses à vivre qui n’auront rien de léger.
Enfin ! Tous mes flocons montent au ciel.
Détachée, puisque Anna je « suie »
Et j’écris
Tirage tarot
Maison-Dieu /envers 16
Soleil / endroit 19
Le mat/ endroit (sans nombre)
Total 35 3+5 = 8 la justice qui écrit une plume à ses pieds et tient la folie dans l’équilibre biaisé des tensions
“Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations.”
Mon texte chez Anna. Vous pourrez lire ici même d'autres textes d'Anna Jouy là et là
La liste des vases communicants est comme d'habitude disponible sur le blog dédié, le groupe facebook ou le scoop-it.
Attraction permutée, pôles démagnétisés, ma vie se détache comme la plèvre des grandes tuberculoses. Je quitte ses bases et brasse des deux mains. M’accrocher à des cendres fugaces. Tenir ou ne tenir à rien…
il va neiger.
C’est qu’arrive le temps des cabrioles et de ces allègements de la tête. C’est bien. J’atteins à grands trous, l’effet de passoire. Une pluie à rebours. Nuages et avortement de coton. Mais si le ciel me donne signes, pourquoi fait-il en mon ventre des fœtus morts et ces injections de foutre candide ? Mes entrailles seront-elles le dernier espace mûr avant la folie ?
il va neiger n’est-ce pas ?
Soleil silo. Il me crache sur l’île des sueurs. (pour lui poète trouble) fraternité des souches et de l’étoupe, le fleuve à l’entonnoir. Un fil rouge vient de saigner ma gorge et mes points de côtés. L’astre entre glaives et piqûres écrit sur ma peau des basanes profondes, y grave une ride à la ligne. Les flots qui m’enceignent sont si clairs, je crois qu’ils arrivent des soupirs du monde. À la rouelle, ils distribuent nos efforts. Temps de lumière et temps de feu. C’est vivre qui importe et le jour est ce territoire ouvert.
neigera-t-il, dis moi… ?
Tenir à la main le bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens porter la cartouchière du bonheur et des lueurs. La munition essentielle! Dans mon baluchon, que des pierres, pour l’équilibre des pas et ne pas monter trop vite. Briser mon genou pour ce repas de membres désossés. J’ai des choses à vivre qui n’auront rien de léger.
Enfin ! Tous mes flocons montent au ciel.
Détachée, puisque Anna je « suie »
Et j’écris
Tirage tarot
Maison-Dieu /envers 16
Soleil / endroit 19
Le mat/ endroit (sans nombre)
Total 35 3+5 = 8 la justice qui écrit une plume à ses pieds et tient la folie dans l’équilibre biaisé des tensions



pour Maryse Hache
Premier vendredi du mois, c'est vase communicant, second passage de flux entre Anna Jouy et moi-même : “Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations.”
Mon texte chez Anna. Vous pourrez lire ici même d'autres textes d'Anna Jouy là et là
La liste des vases communicants est comme d'habitude disponible sur le blog dédié, le groupe facebook ou le scoop-it.
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