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Tiina Kivinen |
samedi 30 mars 2013
mardi 12 mars 2013
bruxisme
ce grincement corrosif
est agressif
tu penses
droite
sur le pas de la porte
la bouche grande ouverte
la tête violemment inclinée
le front sous la langue
du ciel
ça tranche
dans le vif
ce bruit de scie
qui laisse
lasse
gencives nues
sur la toile piquetée
les miettes de canines
tu penses
moite
sur le pas de la porte
légèrement entrouverte
à lui
à tout ce noir derrière
dimanche 10 mars 2013
paraît que le ciel rouille, cela ne t'étonne pas
tu t'en es rendue compte, à force de gober
les nuages
leurs rondeurs métalliques méchamment dentelées
la traînée vert-de-gris sur la langue, les lèvres
le visage
car il y a eu le feu
puis il y a eu la pluie
l'usure des saisons
tout cela sur ta tête
tout cela dans ta bouche
et les pointes du vent
et l'aigu du soleil
les arêtes du temps
le ciel et son squelette
dans ta gorge
tu t'en es rendue compte, à force de gober
les nuages
leurs rondeurs métalliques méchamment dentelées
la traînée vert-de-gris sur la langue, les lèvres
le visage
car il y a eu le feu
puis il y a eu la pluie
l'usure des saisons
tout cela sur ta tête
tout cela dans ta bouche
et les pointes du vent
et l'aigu du soleil
les arêtes du temps
le ciel et son squelette
dans ta gorge
mais comment naît le poème ?
d'un clic par là
samedi 9 mars 2013
L'Épi monstre - Nicolas Genka (extrait)
"Le couple : lui grisonnant, elle, blonde. Blonde à foison. Dix-sept ou quinze ans -seize, quoi.
Ils couraient, ils fuyaient la pluie. À grasses enjambées. Ah ! Les jambes de Marceline se disputant les blés pubères ! -Les démons... ils se souriaient comme nous autres. Entre eux bringuebalait la malle - la malle de pension. Il arrivait que Marceline lâche la poignée. Pour que la malle aille frapper les cailloux, dur. - Hein, sa revanche ? Mathématiques, trois sur vingt. Géographie, cinq. Leçons non apprises. Paresse. Zéro. Trois. Cinq. Des dons. Sept. Peut mieux faire ... Mais la pionne. Mais les cabinets. La fièvre à l'infirmerie... Peut faire mieux... Pouah !... Et pan, la malle ! Pan, dans son coeur ! Pan, pour Lui !
Lui ? Le mutisme. Les cheveux mal teints. Son pé. Son volain pé. Sa vie, quoi... Viens me chercher, on ne fout plus rien, c'est la fin de l'année solaire. Elle avait écrit solaire - l'étourderie- comme elle avait écrit ailleurs : je suis morte de soleil. Obscurément il se disait : "Ma fille a des absences. Sa mère. L'hérédité. Enfin... tout à fait ce qu'il faut pour me suivre où je veux aller", la question étant d'y aller avec quelqu'une, avec la complice, sinon l'esclave. Mieux : le jouet vivant. Ce qu'il entendait, lui, par là.
Et puis ici le linge bat, le ciel est noir. On imaginerait la fin : tout est dévasté, les gosses, le bétail courent, les poteaux électriques s'écroulent et les maisons crépitent dans les chicots rouges des incendies. Subsistera-t-il quelque mare où se noyer avec elles ?"
Ils couraient, ils fuyaient la pluie. À grasses enjambées. Ah ! Les jambes de Marceline se disputant les blés pubères ! -Les démons... ils se souriaient comme nous autres. Entre eux bringuebalait la malle - la malle de pension. Il arrivait que Marceline lâche la poignée. Pour que la malle aille frapper les cailloux, dur. - Hein, sa revanche ? Mathématiques, trois sur vingt. Géographie, cinq. Leçons non apprises. Paresse. Zéro. Trois. Cinq. Des dons. Sept. Peut mieux faire ... Mais la pionne. Mais les cabinets. La fièvre à l'infirmerie... Peut faire mieux... Pouah !... Et pan, la malle ! Pan, dans son coeur ! Pan, pour Lui !
Lui ? Le mutisme. Les cheveux mal teints. Son pé. Son volain pé. Sa vie, quoi... Viens me chercher, on ne fout plus rien, c'est la fin de l'année solaire. Elle avait écrit solaire - l'étourderie- comme elle avait écrit ailleurs : je suis morte de soleil. Obscurément il se disait : "Ma fille a des absences. Sa mère. L'hérédité. Enfin... tout à fait ce qu'il faut pour me suivre où je veux aller", la question étant d'y aller avec quelqu'une, avec la complice, sinon l'esclave. Mieux : le jouet vivant. Ce qu'il entendait, lui, par là.
Et puis ici le linge bat, le ciel est noir. On imaginerait la fin : tout est dévasté, les gosses, le bétail courent, les poteaux électriques s'écroulent et les maisons crépitent dans les chicots rouges des incendies. Subsistera-t-il quelque mare où se noyer avec elles ?"
L'épi monstre, Nicolas Genka, Exils éditeur, 1999
vendredi 8 mars 2013
dimanche 3 mars 2013
samedi 2 mars 2013
Comme si les mots
comme si les mots
pouvaient tendre un filet
et m'empêcher de tomber
à travers les mailles, je les vois, les entends
pendant que sur ma joue les fibres font leur trou
des mots familiers, et doux, et simples, et convenus, et attendus
toute chose maillée sent l'enfance
tout est courbe au dehors, de l'autre côté
dans le carrelet accroché au passé
je suis un poisson fou à l'odeur rance
j'ouvre je ferme
j'ouvre je ferme
j'ouvre je ferme
et glisse
ma bouche
un cercle humide
un nœud coulant
sangle la langue
pouvaient tendre un filet
et m'empêcher de tomber
à travers les mailles, je les vois, les entends
pendant que sur ma joue les fibres font leur trou
des mots familiers, et doux, et simples, et convenus, et attendus
toute chose maillée sent l'enfance
tout est courbe au dehors, de l'autre côté
dans le carrelet accroché au passé
je suis un poisson fou à l'odeur rance
j'ouvre je ferme
j'ouvre je ferme
j'ouvre je ferme
et glisse
ma bouche
un cercle humide
un nœud coulant
sangle la langue
Comme si les mots #2
et parfois les images, les vraies
celles qui sentent la sueur et le lait
celles qui vainquent l'effort de jamais les nommer
celles, les toutes petites, qui ont un corps, qui crient très fort
parfois, ces images là, sans même crier à mort
la métaphore (je ne peux pas m'en empêcher)
celles là, me terrassent d'un rire, direct, par tous les pores
vendredi 1 mars 2013
[.]
et tu causes tu causes tu ne sais faire que ça parler parler laisser couler de ta bouche sans arrêt sans discontinuer des mots des mots des phrases sans queue ni tête début ni fin ton beau ton doux visage aux traits si fins gonflé bouffi par le flot de paroles raisons explications les mots partout autour lancés contre les murs sur le plafond sur moi sous moi à l'intérieur l'épanchement l'explosion sur ta figure réduite à cette fente ses lèvres rouges molles qui s'évertuent les mots lippus encore qui grondent jusqu'à ce que je les réduise les écrabouille jusqu'à ce que j'arrête la main levée le débit fou d'un poing.
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