sur le bord de l'assiette
seize os
le temps d'un repas
interminable
rebâtir la colonne
reconstruire
os à os
une église romane
et des pas longs
et beaux
et des sourires
blessés
et la jupe envolée
dans l'allée vers l'autel
et des vitraux dorés
éclatés dans le ciel
sur le bord de l'assiette
un visage
baroque
posé dans l'herbe moite
au beau milieu du pré
le sanctuaire avalé
au cœur de la forêt
un bref son de cloche
une grande taloche
les cheveux balancés
comme un voile
l'épée
sur le bord de l'assiette
la faim éteinte
toutes les noces feintes
du présent au passé
samedi 28 décembre 2013
mardi 24 décembre 2013
C'est parti
on va rester jusqu'à pas d'heure à bâfrer
picoler comme des trous
à se dire que cette année encore
l'escarre va menacer
nos culs et nos lèvres
à cause du poids
des mots
des sourires
du plan de table
il y aura les gloussements nerveux, la tristesse saisonnière, la rechute alcoolique
il y aura les absents, les morts, la pesée des vivants, il y aura les tâches
sur la table, les coquilles d'huitres vides, les blagues salaces
ta déprime
le cri des gosses
le repli du gras
sur nos hanches
et puis peut-être qui sait
la minute furtive où ta main m'effleurera
picoler comme des trous
à se dire que cette année encore
l'escarre va menacer
nos culs et nos lèvres
à cause du poids
des mots
des sourires
du plan de table
il y aura les gloussements nerveux, la tristesse saisonnière, la rechute alcoolique
il y aura les absents, les morts, la pesée des vivants, il y aura les tâches
sur la table, les coquilles d'huitres vides, les blagues salaces
ta déprime
le cri des gosses
le repli du gras
sur nos hanches
et puis peut-être qui sait
la minute furtive où ta main m'effleurera
republication
lundi 23 décembre 2013
Michel Merlen - Généalogie du hasard
"je n'accepte pas de mourir
je n'accepte pas que le sexe de la poésie
ne fleurisse plus dans la galaxie du vivre
faisant ainsi monter le foutre des couleurs
je n'accepte plus les chèques de la tendresse
les câlins castrateurs à odeur de linceul
les économies qui vous rasent le poil de l’imaginaire
vive les cuisses lisses du libre
la mise en scène du réel par le hasard
vive le ventre du soleil
vive vive le con bleu des étoiles
vive la grossièreté pure du vivant
les arbres qui branlent la ville
vive les enfants qui cassent les images
vive les cicatrices du feu
mon père viendra ce soir frapper à ma porte
il porte sur son front le coma
des poèmes qui n'ont pu jaillir
je ne suivrai pas son exemple
je pars à New York à Pâques 86
ma femme a de beaux yeux"
je n'accepte pas que le sexe de la poésie
ne fleurisse plus dans la galaxie du vivre
faisant ainsi monter le foutre des couleurs
je n'accepte plus les chèques de la tendresse
les câlins castrateurs à odeur de linceul
les économies qui vous rasent le poil de l’imaginaire
vive les cuisses lisses du libre
la mise en scène du réel par le hasard
vive le ventre du soleil
vive vive le con bleu des étoiles
vive la grossièreté pure du vivant
les arbres qui branlent la ville
vive les enfants qui cassent les images
vive les cicatrices du feu
mon père viendra ce soir frapper à ma porte
il porte sur son front le coma
des poèmes qui n'ont pu jaillir
je ne suivrai pas son exemple
je pars à New York à Pâques 86
ma femme a de beaux yeux"
"Place de la Bastille", in Généalogie du hasard, Michel Merlen, Le dé bleu, 1986
samedi 21 décembre 2013
C’est le retour
du poisseux
rouge
qui éclabousse les rats
au milieu du trottoir
patine la surface
des cœurs congelés
coagule en plaque
les jeunes filles fardées
c’est le déluge rouge
charrieur de sorts
immondes poupées molles
pendues, ventrues, barbues
l’âcre flux de gorge
qui vomit les guirlandes
l’attente
le désir
c’est le velours tendu
des doigts secs noueux
contre la bouche
la boucle
de métal
la ceinture
c’est l’esprit de Noël
le ventre dilaté
du poisseux
rouge
qui éclabousse les rats
au milieu du trottoir
patine la surface
des cœurs congelés
coagule en plaque
les jeunes filles fardées
c’est le déluge rouge
charrieur de sorts
immondes poupées molles
pendues, ventrues, barbues
l’âcre flux de gorge
qui vomit les guirlandes
l’attente
le désir
c’est le velours tendu
des doigts secs noueux
contre la bouche
la boucle
de métal
la ceinture
c’est l’esprit de Noël
le ventre dilaté
lundi 16 décembre 2013
Peau de lumière - René Daumal
La peau de lumière vêtant ce monde est sans
épaisseur et moi je vois la nuit profonde de tous
les corps identiques sous le voile varié et la lumière
de moi-même c’est cette nuit que même le masque
solaire ne peut plus me cacher. Je suis le voyant
de la nuit l’auditeur du silence car le silence aussi
s’habille d’une peau sonore et chaque sens a sa nuit
comme moi-même je suis ma nuit je suis le penseur
du non-être et sa splendeur je suis le père de la mort.
Elle en est la mère elle que j’évoque du parfait
miroir de la nuit je suis l’homme à l’envers
ma parole est un trou dans le silence. Je connais
la désillusion je détruis ce que je deviens
je tue ce que j’aime.
épaisseur et moi je vois la nuit profonde de tous
les corps identiques sous le voile varié et la lumière
de moi-même c’est cette nuit que même le masque
solaire ne peut plus me cacher. Je suis le voyant
de la nuit l’auditeur du silence car le silence aussi
s’habille d’une peau sonore et chaque sens a sa nuit
comme moi-même je suis ma nuit je suis le penseur
du non-être et sa splendeur je suis le père de la mort.
Elle en est la mère elle que j’évoque du parfait
miroir de la nuit je suis l’homme à l’envers
ma parole est un trou dans le silence. Je connais
la désillusion je détruis ce que je deviens
je tue ce que j’aime.
René Daumal, Poésie blanche, poésie noire, Gallimard, 1924
dimanche 15 décembre 2013
lundi 9 décembre 2013
Nous sommes allongés dans l'herbe, il
n'y a pas d'oiseaux
Nous flottons dans la cage, où les arbres nous ceignent
Dehors c'est la ville, derrière les barreaux
Des jambes filent le flux fatigué des ruisseaux
Et j'ai ouvert la bouche, pour avaler la terre, cernée par le béton
Et j'ai ouvert la bouche, pour avaler la mer, et nous nous y noyons
Au-dessus du jardin, de nos corps, le soleil
Me voilà sidérée par ta facilité à le multiplier
Nous flottons dans la cage, où les arbres nous ceignent
Dehors c'est la ville, derrière les barreaux
Des jambes filent le flux fatigué des ruisseaux
Et j'ai ouvert la bouche, pour avaler la terre, cernée par le béton
Et j'ai ouvert la bouche, pour avaler la mer, et nous nous y noyons
Au-dessus du jardin, de nos corps, le soleil
Me voilà sidérée par ta facilité à le multiplier
Dehors il fait si sombre, il pleut, il
pleut des cendres
Combien de temps ici pourrons-nous divaguer ?
Nous sommes allongés dans l’herbe
Tu arraches d’un ongle un bouton de ma robe
Tu empoignes d’un rire l’herbe sous mes genoux
Sur mon visage tombe de la terre et des nœuds
Comment défaire ici tout ce qui nous émeut ?
Et j’ai ouvert la bouche, pour boire la motte froide
Et j’ai ouvert la bouche, j’ai bu, nous avalons
Le jardin minuscule, la nacre, la chlorophylle
Nous devenons ce trou où s'écroule la nuit
Combien de temps ici pourrons-nous divaguer ?
Nous sommes allongés dans l’herbe
Tu arraches d’un ongle un bouton de ma robe
Tu empoignes d’un rire l’herbe sous mes genoux
Sur mon visage tombe de la terre et des nœuds
Comment défaire ici tout ce qui nous émeut ?
Et j’ai ouvert la bouche, pour boire la motte froide
Et j’ai ouvert la bouche, j’ai bu, nous avalons
Le jardin minuscule, la nacre, la chlorophylle
Nous devenons ce trou où s'écroule la nuit
"Et je pense à un couteau, qui trancherait net ce que nous cachons"
Dominique Boudou, Quand ta mère te tue, n&b/ Pleine Page éditeurs, 2007, p.24
vendredi 6 décembre 2013
jeudi 5 décembre 2013
mardi 3 décembre 2013
[,]
parfois, quelque chose
file, dans les poumons, l'espace, entre l'inspiration et l'expiration,
de la page, contre ses lèvres, tu ne sais pas vraiment,
parfois, un postillon tombe, la phrase chute, fait une boucle, sursaute, accroche
cœur, sur le menton,
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