mardi 30 décembre 2014

On en parle #6

http://www.fibrillations.net/


lire un extrait & les mots de Jean Marc Undriener sur mon recueil Je te vois,
mais surtout découvrir son écriture et son travail dans les différentes rubriques
de son site Fibrillations, telles notes et notules textes en vrac etc.

"bouche pas une bouche
une ride d'expression même pas              juste
une fente mal ouverte par l'habitude des mots

et des mots

on en a de moins en moins
pour habiter moins cette
bouche pas bouche

la tête quitte son lit retombe
dans la nuit     dans l'autre nuit
la nuit encore

plus dense plus ferme

referme le drap sur la tête serrée
la bouche serrée les yeux serrés
le tout serré sur l'envie qui se rétracte"



_ligne, Jean-Marc Undriener, Editions Potentille, 2013

lundi 8 décembre 2014

L'été dégueulasse avance doucement vers l'hiver
il pleut sur nos joues, dans nos mains
des traces grasses, des nouvelles sales
l'encre des journaux coule
des corps sans vie s'écroulent
s'entassent
une peau chasse l'autre

il pleut
on regarde le ciel
on guette un rai violet
un truc qui permettrait
de faire le plein
recharger nos accus

derrière la vitre
un jour qui tombe

on sait que cette année encore
rien ne bouleversera la fuite des saisons
à la fenêtre on fume, on espère les cigales
on fait semblant

on n'entend rien en fait que le tir des roquettes
le bruit sourd de campagne à la télévision

lundi 1 décembre 2014

(c) Sandra Villeneuve

écrire - Antoine Emaz

"J'ai toujours vécu sur un mode d'écrire où le poème s'imposait ; il pouvait être bon ou nul, l'affaire était de peu d'importance puisqu'il était en nombre. Il suffisait de trier ensuite. Mais là, c'est autre chose, de l'ordre d'une perte de désir ? La vie va, se poursuit à la fois mécanique et cahotante, répétitive et surprenante, mais pas de quoi bouger la main. Etrange. Au début, j'ai vu cela comme un repos nécessaire, je commence à me demander s'il n'y a pas cessation. Et cela ne me fait rien, comme mort, tranquille. Rien ne s'ajoute, c'est donc qu'il n'y a rien à ajouter.
Bizarre période, que je n'ai pas du tout vue venir ; je ne ressens ni déception, ni peine : c'est. Comme entrer dans un ennui lent. [...] Je me sens parfois comme lisant le texte d'un autre, presque. Ne pas considérer forcément les suicides d'écrivains comme des drames ; c'est aussi une façon d'en finir avec ce qui est déjà fini, clore ce silence quand décidément, il n'y a plus rien à ajouter."

Antoine Emaz, Cuisine, p.155, Publie Papier, 2012