dimanche 29 mars 2015

© Hervé Guibert

humeur à moudre

sometimes i feel sad
j'essaie une autre langue et me dis que peut-être
la tristesse fuira dans le mood incliné
ce friselis liquide à l'envers de la joue
je plisse dans les o
ma bouche et mes paupières
roulent des mécaniques dans les ronds de fumées
j'écoute le m
ma petite giclée contre une minuscule
à la fin de la phrase
se noie
le d
à moudre

samedi 21 mars 2015

Lu un poème de Jack Hirschman sur Branloire Pérenne

" Tout d'un coup les morts j'ai plus envie de m'en souvenir
et mes bons sentiments ne crèvent plus d'envie de poème.
Un calme irrésistible m'emporte, allongé
dans ma chambre d'hôtel à San Francisco.
Les tâches à faire, la révolte dans mon stylo,
tout a capitulé devant cette détente
une rêverie sur rien de précis.
Dehors, le monde : sifflements et tornades,
mais je me penche plutôt sur les poils de mon torse.
Ca fait quarante ans qu'ils sont là - ou plus -
du diable si je les ai remarqués avec tout ce boulot,
et maintenant ils virent au gris.
Tout d'un coup je sens que je les ai ratés, eux
et leur rousse jeunesse, leur art mystérieux d'attirer
des foules de baisers sur la peau qui se cache par en-dessous.
Ils ne m'ont pas vraiment beaucoup intéressé,
encore moins au point de vue sensuel,
et maintenant ils seront bientôt blancs, et qu'est-ce que je peux en dire ?
Qu'ils ne m'appartenaient pas ?
Qu'ils ne signifiaient pas grand'chose ?

Quand on aborde cette vieille route du corps
tout le monde TOUT DOIT ETRE CARESSE * "
Jack Hirschman (trad. G.B.Vachon)



* La fin de vers est tirée d'un poème de Whitman

Extrait de J'ai su que j'avais un frère de Jack Hirschman, Le Temps des Cerises,1998
Récupéré sur le blog de Frédérik Houdaer (qui anime -entre autres choses- le Cabaret poétique à Lyon)

vendredi 13 mars 2015

"l'odeur qui rampe sur les murs
à chaque fois que la chambre redevient un tombeau
n'a rien à voir avec la mort
avec le sexe
avec le cul
avec nos miasmes
n'a rien à voir avec l'amour non plus
je sais au moment où s'avancent mes mots
à l'instant même où l'orage s'invite
où nos yeux s'assombrissent dans le feu du charbon
que cette odeur qui fond comme peau sur nos os
nous ramène à la vie pour planter son couteau"

extrait de Je te vois, éditions du Cygne, 2014

mercredi 11 mars 2015

On en parle #7

Jacques Morin parle de Je te vois dans le dernier Décharge (n°165) - rubrique Diaphragme-Notes de lecture :

"La peur comme un serpent m'attache au lit/ la fenêtre est ouverte / j'entends le soleil
 Voilà comment commence le troisième recueil de Murièle Modély qui montre un mûrissement dans son écriture. On la lit avec intensité d'un bout à l'autre où l'on subit un certain envoûtement dans cette parole presque imprécatoire par moment. Sa poésie montre et désigne avec insistance, et cette ostentation caractérise sa quête personnelle entre charnel et spirituel. Le recueil est constamment dédié à la seconde personne du titre, l'amant, dans des rapports d'attraction et de répulsion : je te refuse le mot / la parole / la phrase l'onomatopée / je te cède concède / le grognement... Amour bestial, brutal, sauvage, violent [...] Le regard, la mastication, et aussi brusquement son pendant social, avec le suicide au travail. On est parfois au bord de la magie et de la sorcellerie, et cette poésie demeure fascinante. La mort petite ou grande dans le ventre du jour."

Découvrir la revue, s'abonner c'est par

mardi 10 mars 2015

Pablo Delfos, Stills ©

chaque jour un os, puis un autre
se plante dans un œil, puis dans l'autre
la mort rode avec sa vieille odeur tenace
chaque jour je feuillette, j'écoute, une nouvelle, puis une autre
le disque de plomb semble rayé au fond de l'estomac
chaque jour, sous le cliquetis des débris de squelettes jetés sur mon corps
je perçois tout là-haut, dans le ciel, le silence fugace et prégnant
des nuages moutonnants au présent


lundi 9 mars 2015

Heaven Tenent (c) Eric Marais

On sort toujours vivant du poème

On sort toujours vivant du poème

Un mort dans le poème
N'a rien d'étrange. Au contraire.
Beaux corps crânes bras et jambes
Éparpillés
Dans des mots de peur
Dans un formol de nostalgie
Intacts
Cadavres exquis
Des sentiments. Et suicidés
Idéaux bien sûr (vous connaissez
le sens présent d'idéaux)
Quelle que soit la page qu'on soulève.

Morts chanceux que ceux-là,
Dont nous oublions
Combien leur existence fut inexistante.

Tandis qu'ailleurs
(Vous savez aussi ce qu'ailleurs veut dire)
Le sang est versé
Le sang refroidit
Le sang coagule
(La réalité, voyez-vous
ne sait pas faire de beaux vers)
Et les métastases triomphent
Avec des sauts
En profondeur.

Le scanner n'est pas un stylo
(Les métaphores faciles
font mal en ces instants)
Et l'on ne va pas tenter l'anesthésie
Sur des douleurs
Imaginées
Ou écrites.

Il ne faut pas se faire d'illusions.

On sort toujours vivant du poème. 



Andònis FOSTIÈRIS
trad. Michel Volkovitch (www.volkovitch.com)
(et merci à Christine) 

samedi 7 mars 2015

Mézin fête les écrivains - 7 juin 2015

12 auteurs dans les jardins paysagers de Mézin, installés par deux sur des bancs, lisant leurs textes et ceux de leur binôme... Je serai avec Jean-Baptiste Pedini, nous échangerons nos mots.
Vous pourrez aussi  entendre Gilles-Marie Baur, Julien Campredon, Serge Cazenave-Sarkis, Anna De Sandre, Emilie Kah, Jean-Louis Lebreton, Jean-Jacques Marimbert, Dany Moreuil, Derek Munn et Marlène Tissot
Le programme , des infos au jour le jour sur le festival sur la page facebook, animée par Marianne Desroziers, l'organisatrice