quand nous faisons l’amour
je pense
au repas du dimanche
le poids sur l’estomac
cette ambiance empesée
tous les deux le dimanche
si cruellement gais
chacun bien à sa place
et de l’autre côté
le verre
l’assiette
devant la chaise vide
quand nous faisons l’amour
je pense souvent
au bréchet sous la dent
le jus qui coule
cette triste violence
de la chair mâchée
pendant que nous faisons
j’entends
j’attends
la reddition de l’os
mes jambes écartées
la douleur qui se tend
dans tes muscles bandés
nos corps
qui trompent
tu fais l’amour je baise
sous la table je jette
la torsion le plaisir
les bouts de verre brisé
dans le trou
où tout tombe
souvent
*
Parfois
je ne jouis pas
je pense aux fleurs fanées
sur la pierre grise
Parfois je jouis
ça ne change rien :
je pense quand même
parution initiale dans la revue Charogne