on n'en finit pas de jouer du scalpel
de tenter de crever l'abcès
qui enfle la gencive
on n'en finit pas de triturer charcuter
de tenter par la lame dans la chair malmenée
de comprendre enfin
peut-être
que le vers ne git pas
dans la langue
sous le palais
au bord de l'amygdale
qu'au dessous de la lèvre on finit par trouver
un mot infiniment petit un mot noyé
dans le flux de salive
que le moindre baiser s'attelle à avaler
on finit par saisir
qu'on écrit comme on mange
qu'on écrit comme on baise
gloutonnement
sans ponctuation
avec avidité
- ô cette peur du manque
mardi 29 novembre 2016
t'écrire
trouver une image
une incisive
une qui pose sa blessure effilée
sur la joue ou le cœur
t'écrire
en route pour le dernier vers
jusqu’à ce que l'hexasyllabe se noie hors du poème
ce poème
celui que je t'écris
n'a rien à voir avec le cœur
le fruit sec collé là où feint mon sourire
n'a rien à faire sur ma joue non plus
ma belle joue de bœuf
épaisse comme l'orgueil
du pouvoir
te l'écrire
comme on dirait je t'aime
mentir un peu y croire quand même
trouver une image
une incisive
une qui pose sa blessure effilée
sur la joue ou le cœur
t'écrire
en route pour le dernier vers
jusqu’à ce que l'hexasyllabe se noie hors du poème
ce poème
celui que je t'écris
n'a rien à voir avec le cœur
le fruit sec collé là où feint mon sourire
n'a rien à faire sur ma joue non plus
ma belle joue de bœuf
épaisse comme l'orgueil
du pouvoir
te l'écrire
comme on dirait je t'aime
mentir un peu y croire quand même
dimanche 27 novembre 2016
pendant qu'autour de moi
des gens avancent
des politiques tracent
des poètes percent
des familles pleurent
je fais
je refais
du surplace
j'écris
un peu de poésie
chosettes en ligne
en vertical
j'y mets des hommes
j'y mets des femmes
des maux de couples
j'écris
gratte au milieu
des caroncules
et sur l'écran
du sang
des larmes
la morve un peu
j'écris
sur la pupille
insiste
je ne vois rien
l’œil bande
mou
j'écris
des gens avancent
des politiques tracent
des poètes percent
des familles pleurent
je fais
je refais
du surplace
j'écris
un peu de poésie
chosettes en ligne
en vertical
j'y mets des hommes
j'y mets des femmes
des maux de couples
j'écris
gratte au milieu
des caroncules
et sur l'écran
du sang
des larmes
la morve un peu
j'écris
sur la pupille
insiste
je ne vois rien
l’œil bande
mou
j'écris
dimanche 13 novembre 2016
écoute
fourre-toi ça dans l'oreille
la gauche, la droite, tu peux
me déshabiller, me rhabiller
montrer mes seins, mon cul
ma rate
poser un voile
pudique sur ma chair hachurée
vas-y, tu peux
décider, disposer, de mon corps, de ma tête
de ma bouche, de mes lettres
dis-le, écris-le, mon cerveau est à toi
tu le penses et le crois
tu sais mieux, tu sais plus
dans ton costume trois pièces
dans ton carnet de chèques
dans ton très grand bureau
et ta langue est habile
pour te mouiller le doigt
pour compter, recompter
les pages du livre, le fric
écoute-moi
fourre-toi ça dans les yeux
ma peau
ma lymphe
ma matière molle
tu sais, cette chair élastique
tu pourras la couper en tout petits morceaux
me pendre au bout d'une branche
exposer en sucette
publicitaire
ma raie et mes tétons
vas-y mon gars
vas-y, fais toi plaisir
passe le moindre de mes centimètres
à la moulinette
tu n'as rien d'autre à faire, tu auras beau y faire
je reste encore
encore
moi
syllabe unique
impossible
moi
arête tranchante
en travers de ta gorge
fourre-toi ça dans l'oreille
la gauche, la droite, tu peux
me déshabiller, me rhabiller
montrer mes seins, mon cul
ma rate
poser un voile
pudique sur ma chair hachurée
vas-y, tu peux
décider, disposer, de mon corps, de ma tête
de ma bouche, de mes lettres
dis-le, écris-le, mon cerveau est à toi
tu le penses et le crois
tu sais mieux, tu sais plus
dans ton costume trois pièces
dans ton carnet de chèques
dans ton très grand bureau
et ta langue est habile
pour te mouiller le doigt
pour compter, recompter
les pages du livre, le fric
écoute-moi
fourre-toi ça dans les yeux
ma peau
ma lymphe
ma matière molle
tu sais, cette chair élastique
tu pourras la couper en tout petits morceaux
me pendre au bout d'une branche
exposer en sucette
publicitaire
ma raie et mes tétons
vas-y mon gars
vas-y, fais toi plaisir
passe le moindre de mes centimètres
à la moulinette
tu n'as rien d'autre à faire, tu auras beau y faire
je reste encore
encore
moi
syllabe unique
impossible
moi
arête tranchante
en travers de ta gorge
mercredi 9 novembre 2016
«Peut-être que la poésie est capable d’activer dans la langue ce que la vie aurait manqué dans le monde»
Stéphane Bouquet, Le grand entretien, Diacritik, 8/11/16
[Aujourd'hui 9 novembre 2016, cette phrase résonne particulièrement]
Inscription à :
Articles (Atom)