jeudi 15 juin 2017

« Au commencement, le corps est ouvert comme un oui »
  
Les états du corps de Bernard Noël – Ed. Fata Morgana, 1999

dimanche 11 juin 2017

Nuit de la pleine lune à la Cave Poésie 9 juin (Toulouse)

Nuit de pleine lune le 9 juin à la Cave poésie, bien que le "e" de mon prénom se soit fait la malle, c'est bien moi qui ai lu cette nuit là un extrait d'un recueil inédit "tu écris des poèmes". Il y avait aussi les poèmes de Hervé, il y avait la voix de Eledali, il y avait la Mandorle et ses chants polyphoniques de la Renaissance... c'était chaleureux, bigarré, plein de mots et de bienveillance des uns et des autres, sur scène et dans la salle.




"tu écris des poèmes
tu précises
tu n'écris que des poèmes
après avoir perdu des années à tirer le récit par les cheveux
tu décides
un jour
d'écrire
du coq à l'âne
d'évider sur le billot sans queue ni tête
sans bouche ni main
ton ventre
d'y secouer les mots dans tous les sens
à bride abattue
jusqu'à respirer sur la table
l'odeur de langue coupée"
extrait de Tu écris des poèmes - recueil inédit

lundi 5 juin 2017

il suffit de dire #2

pour dire
les mots manquent
le trou dans la poitrine a la forme d'une bouche
où des alvéoles palpitent comme de petites dents
elles te mâchent, te rabâchent
mais tout au fond - du vent
où sont les souvenirs ? nulle part
- néant 
un jour, tu décides de passer le doigt sur cette déchirure 
nette et propre, la photo découpée 
redonne à l'enfance une vision tronquée

il suffit de dire #1

c'est très facile
il suffit un jour de dire
de décider que
tu n'existes pas
que la douleur au creux du torse n'existe pas
que toujours l'utérus fut vide, que le lien
premier de l'ombilic n'existe pas
qu'il n'y a jamais eu de toi et moi
oui, que ce nous n'existe pas
à le répéter du matin jusqu'au soir
il ne restera dans le vers que ce pas
à faire
pour basculer dans le vide
rayer l'histoire d'un coup
de noir
dans lequel il m'arrive de douter, moi aussi
que je sois vraiment là

dimanche 4 juin 2017

je dois continuer à écrire
poser mes cailloux sur chaque parcelle de ma peau
sur ma bouche, mes yeux, ma rotule, mon cheveu
des cailloux ronds, des cailloux blonds
des gris, des  aigus, des graves
chacun déroulant sa syllabe
faisant de mon corps une phrase
et tant pis si je ne veux rien dire
tant pis...
n'y a-t-il pas de la beauté à faire des ricochets
sur la surface irisée de la page ?

samedi 3 juin 2017

Après la pluie

Voilà mon crâne est propre
Mes os blancs et lustrés

L'odeur de terre rampe
La lumière fait des bonds

Ma pièce est concave
Le paysage rond

Après la pluie toujours
Le calme emboîtement

J'entre
De plain-pied
Dans le beau temps

Pourtant je sens
À  l'intérieur les stries

          coupe coupe
    déchire  arrache

Les lignes qui persistent
Sur ma voûte orbitale

            coupe coupe
    sur les flancs   sur les côtes

Le sabre et son estoc
Dans l'os

AaOa n°11


Au sommaire
 -Le gang des Poulpeuses
-Mickaël Zermati
-Claude Jeanmart
-Jordi Cerdà
-Hector Yoel Drago Ricardo
-Laurent Meirieu
-Myrtille Visscher
-Catherine Poueyto
-Machin Machin
-Poné
-Murièle Modély
-Roméo Julien
-Jeane
-Benjamin Collin
-Luc Soriano
-Valère Kaletka
-Slim Frozen
-Lilou Acab
-John Beurk

je porte ta langue en collier avec la langue des foules
la langue des hommes aux costumes noirs
la langue confite dans les odeurs de cierges
la langue bouffie de certitudes
la langue mire qui floute les nouvelles
la langue de ma mère la langue de mon père
de l'enfant dont je n'ai pas accouché
le premier cri le dernier hurlement
la langue traînée de sang dans la culotte
coup de massue dans les bars PMU
la langue grasse la langue de promesses la langue de la farce
toutes ces langues qui cognent à mon cou
que je ne comprends pas


extrait de Je te vois, éditions du Cygne, 2014