la mélancolie qui presse le cœur le lendemain de fête
n'est pas un mot
un reste déchiré de papier cadeau au pied du sapin
tu vois des étoiles brillantes, dans les plis et replis
j'y vois de la tristesse aussi
le lendemain au pied du sapin
le tapis d'aiguilles et ta joie, l'année finit enfin
à la fenêtre, tu regardes ce qui vient
dans l'odeur d'écorce et de bougies
tu vas
je tiens
mardi 25 décembre 2018
samedi 22 décembre 2018
La Terrasse n°4
Sortie du n°4 de la revue la Terrasse
piloté par Fabien Drouet
Au sommaire
Estelle Fenzy
Laurent Bouisset
Emmanuelle Sarrouy
Murièle Modély
Kenny Ozier-Lafontaine (Paul Poule)
Camille Moravia
Olivia HB
Daniel Frayssinet
Rachel Adalbald
Mokhtar El Amraoui
Raphaël Sarlin-Joly
Valia Nicoltzeff
Jean-baptiste Happe
Laurent Santi
Miguel-Angel Real
Disponible contre 8e (+4e de frais de port).
Contact par là

piloté par Fabien Drouet
Au sommaire
Estelle Fenzy
Laurent Bouisset
Emmanuelle Sarrouy
Murièle Modély
Kenny Ozier-Lafontaine (Paul Poule)
Camille Moravia
Olivia HB
Daniel Frayssinet
Rachel Adalbald
Mokhtar El Amraoui
Raphaël Sarlin-Joly
Valia Nicoltzeff
Jean-baptiste Happe
Laurent Santi
Miguel-Angel Real
Disponible contre 8e (+4e de frais de port).
Contact par là


mercredi 12 décembre 2018
Ils diront quoi de moi si un jour on me retrouve morte, de Regina Jose Galindo
(à mes quatre sœurs Helena, Rosa, Lucía, Alejandra)
"Ils ouvriront mes tiroirs
ils sortiront mes culottes au soleil
fouilleront ma vie minutieusement
et diront que
peut-être
je le mérite.
Chaque journal étalera mes tares
mes vices
mes fautes
et les gens diront que
peut-être
je le mérite.
Elle se déshabillait trop facilement
diront certains
elle fumait de la marijuana
diront les autres.
Va savoir à quoi elle était mêlée
dira untel
va savoir ce qu’elle devait
dira un autre.
Elle a couché avec celui qui est maintenant mon mari
dira Jeanine
une pute celle-là
dira Josette.
Une détraquée pensera Gisèle.
Une communiste affirmant l'existence du génocide
écrira machin-chose
une honte pour le pays
notera trucmuche.
Une rien du tout
dénoncera le flic
elle avait les ongles mal peints en rouge
et la marque d'un piercing au nombril.
Une mafieuse
concluera le procureur
elle avait des vautours tatoués sur la jambe
et une toile d'araignée dégoûtante sur le dos.
Quelqu'un localisera mes antécédents pénaux
au commissariat de Santa Catalina Pinula
et ce sera ma perte.
Ils diront alors que j'étais une paria
une délinquante
une mauvaise graine
une droguée.
Les dames chez elles diront que c'était préférable
pour le Guatemala
l'envieux se réjouira en secret de la nouvelle
quelques personnes qui m'ont aimée garderont le silence.
A mon enterrement
mes quatre sœurs
laveront leurs larmes
et laveront mon nom.
Elles diront que tout ça est faux
que Regina n'a jamais été liée au PRI
que c'était ni une pute
ni une feignante
ni une malfrate
ni une bandite
ni une terroriste
ni une délinquante
ni une paria
ni une tueuse
ni une voleuse
ni une maîtresse-chanteuse
ni une droguée
ni une vendue
ni une communiste
ni une criminelle
ni une mafieuse.
Elle diront que Regina était leur sœur
et qu'elle était bonne.
Et toi alors ?
Ils diront quoi de toi
si un jour on te retrouve mort ?
BONUS TRACK
Au nom du père
du fils
et de la sœur violée
je ne te pardonne pas."
De Regina José Galindo
Traduction de l'espagnol de Laurent Bouisset
Traduction de l'espagnol de Laurent Bouisset
Lire l'original suivi de sa traduction sur le site Fuego del fuego
dimanche 9 décembre 2018
Ecouter de la poésie
Écouter de la poésie, mais où ?
Oui, comment et où se faire caresser l'oreille par la voix du poète ?
PETITE SÉLECTION DE LIENS :
ACTUALISES...
Recours au poème : https://bit.ly/2B1K3C0
La poésie débouche : https://bit.ly/2rrGHDN
Les poètes sur Radio Occitanie : https://bit.ly/1Sk5dNr
Poésie vive de Cathy Garcia : https://bit.ly/2RKEq2g
C'est quoi la poésie, c'est CA ducon dit Frédérick Houdaer : https://bit.ly/2zQLkMj
Jacques Bonaffé lit la poésie (sur France Culture) : https://bit.ly/2B4d7bT
tapin² animé par Julien d'Abrigeon : https://bit.ly/2QlDe90
D'autres rivages (sur decibel.fm) : https://bit.ly/2ROqKDm
PLUS ACTIFS (APPAREMMENT) MAIS ON Y ENTEND TOUJOURS...
Cérumen : https://bit.ly/2PvjjPH (dernière publication 2017)
Une étoile dans la gorge : https://bit.ly/2rsIHMf (dernière publication 2017)
Slowreading de Christophe Sanchez : https://bit.ly/2B3Ty3w (dernière publication mars 2018)
y a d'autres site évidemment qui diffusent les voix des poètes, si vous en connaissez, dites moi, ça m’intéresse
samedi 13 octobre 2018
j'écris je n'écris pas
j'écris je n'écris pas j'écris un peu beaucoup j'écris à la folie j'écris des mots j'écris des phrases j'écris des lettres j'épelle je pèle sur la langue dans l'oreille écris j'écris je mâche remâche ressasse en boucle j'écris je n'écris pas j'écris un peu j'aligne des signes des mots du noir j'écris dans l'obscurité je n'écris pas j'écris sans queue ni tête j'écris ce qui n'a aucun sens ce qui n'a pas de prix écrire j'écris je n'écris pas je dis avec la bouche je trace des lettres des mots des phrases j'écris noircis la page j'écris un peu je n'écris pas écrire que j'écris n'est pas écrire mais occupe l'espace la page le vide autour j'écris la langue les dents la tête j'écris je crie je ne suis pas un peu beaucoup à la folie j'écris je fais semblant agite le doigt la main dessine des gestes comme des mots des gestes comme des sentiments je n'écris pas je vis un peu à la folie j'écris je n'écris pas répète en boucle les mêmes mots j'entends comme un leitmotiv que j'écris une transe que je n'écris pas écris que ce n'est pas la poésie la logorrhée la diarrhée de mots les mots ça coule ça poisse ça tâche les mots ça laisse des traces j'écris je n'écris pas je palimpseste m'efface j'efface j'ouvre la bouche les yeux la main j'écoute je crie les nouvelles les récits la phrase le mot la mort j'écris sur l'écran dans la rue sur les corps à moitié je n'écris pas le corps à moitié vivant écris regarde avec la glotte avec les pores avec la peur j'écris la peau j'y mets des mots j'écris l'aride les rides les sillons les cellules je n'écris pas les signes multiplient mutent j'écris les lettres malignes anormales je chimiothérapie je radiothérapie j'écris la maladie le vers qui rampe qui rance je n'écris pas pourris fais semblant je mens réponds pose posture poésie j'écris j'écris à lui à elle à celui qui n'entend pas je n'écris pas le manque de chair le manque d'actions l'absence le vide écrit le trop plein j'écris je n'écris pas je soûle je tombe le texte n'a pas de fin les mots n'ont pas de but j'écris pour rien.
samedi 1 septembre 2018
L’œil
sa dilatation
quand on entre
quand la porte du bar
se referme en grinçant
qu'au dehors sombre au fond du puits
le trou rond de la pupille
et des chevaux galopent sur l'écran
des chaises raclent les carreaux
des rires glairent, des voix rocaillent
des percolateurs sifflent
des hommes sifflent
on se retourne
et l’œil
voit
ces autres choses
sent
ces autres odeurs
est le corps entier
ensemble et à moitié
le sexe qui palpite
s'ouvre, se ferme
entre les cils, l’espace qui fibrille
sa dilatation
quand on entre
quand la porte du bar
se referme en grinçant
qu'au dehors sombre au fond du puits
le trou rond de la pupille
et des chevaux galopent sur l'écran
des chaises raclent les carreaux
des rires glairent, des voix rocaillent
des percolateurs sifflent
des hommes sifflent
on se retourne
et l’œil
voit
ces autres choses
sent
ces autres odeurs
est le corps entier
ensemble et à moitié
le sexe qui palpite
s'ouvre, se ferme
entre les cils, l’espace qui fibrille
extrait du recueil Sur la table, ed. Qazaq, 2016 - téléchargeable là
jeudi 30 août 2018
Un peu après minuit, on se retrouve moites
corps démantibulés, ceintures défaites
les jambes écartées contre les pieds de chaise
la lune nous bascule, nos yeux s'écarquillent
et nos rires grondent comme des fauves dans nos cheveux
on se retrouve unis et moites
chair contre chair dans le jeu descendant de la pendule
à chaque degré
des mots
perdent la queue, la tête
des mots
reptiles violents filent
au fond, c’est à cause de leur langue bifide que nos regards sont noirs
que nos poings dans le bar s’acharnent sans raison
les mots
on ne les voit jaillir
de l’intérieur des corps
que si l'on frappe
alors on frappe
les lèvres pissent rouge
leurs morsures au dehors
corps démantibulés, ceintures défaites
les jambes écartées contre les pieds de chaise
la lune nous bascule, nos yeux s'écarquillent
et nos rires grondent comme des fauves dans nos cheveux
on se retrouve unis et moites
chair contre chair dans le jeu descendant de la pendule
à chaque degré
des mots
perdent la queue, la tête
des mots
reptiles violents filent
au fond, c’est à cause de leur langue bifide que nos regards sont noirs
que nos poings dans le bar s’acharnent sans raison
les mots
on ne les voit jaillir
de l’intérieur des corps
que si l'on frappe
alors on frappe
les lèvres pissent rouge
leurs morsures au dehors
extrait du recueil Sur la table, ed. Qazaq, 2016 - téléchargeable là
samedi 11 août 2018
maman tient mon bras droit
papa le gauche
crois-tu que l'un et l'autre sécurisent mon pas
crois tu vraiment que leurs silhouettes
à droite, à gauche
sont pour moi des béquilles ?
des mémoires bienveillantes où je pose mon poids ?
l'un tire
l'autre déchire
il reste entre tes bras
de moi
une folie tranquille
des mots, des miettes
sur le bord de l'assiette
des tremblements de peau
il reste
sur la nappe à carreaux
cette matière élastique
qui passe du rire aux larmes
en une fraction de seconde
cette bogue de chair qui répète
la voix stridente, éraillée
des incessants hoquets
est-ce que tu m'aimes, dis
est-ce que tu m'aimes ?
papa le gauche
crois-tu que l'un et l'autre sécurisent mon pas
crois tu vraiment que leurs silhouettes
à droite, à gauche
sont pour moi des béquilles ?
des mémoires bienveillantes où je pose mon poids ?
l'un tire
l'autre déchire
il reste entre tes bras
de moi
une folie tranquille
des mots, des miettes
sur le bord de l'assiette
des tremblements de peau
il reste
sur la nappe à carreaux
cette matière élastique
qui passe du rire aux larmes
en une fraction de seconde
cette bogue de chair qui répète
la voix stridente, éraillée
des incessants hoquets
est-ce que tu m'aimes, dis
est-ce que tu m'aimes ?
extrait du n°99 de feue la revue Microbe - Il va vous faire la peau, préparé par Mireille Disdero, 2017
jeudi 26 juillet 2018
jeudi 19 juillet 2018
personne ne m'avait prévenu que cela arriverait d'un coup
que le sol s'ouvrirait en deux que les montagnes surgiraient de terre
que les failles seraient profondes et la lave brûlante tout au fond de la mer
que des plantes étranges des oiseaux inconnus offriraient à mes lèvres une île
neuve battue par les courants léchée par tous les vents personne ne m'avait dit
qu'un jour j’ouvrirais la bouche je plongerais la langue dans le premier baiser qui divise le
monde
mon corps scindé en deux dans le bruit magnétique du choc de ses dents contre mes dents
*
personne ne m’avait dit que je serais la bûche projetée dans le volcan que le feu me prendrait
que la terre bruisserait de mes crépitements qu'il n'y aurait pas de cendres que des flammes sur
la mer j’ignorais que ma chair embrasée fondrait dans le ciel bleu qu’il ne resterait rien
qu’un ventre constellé fendu à coups de hache
*
personne n'avait dit que j’engloutirais dans le même pas siècles passés et océan qu'il ne s'agirait pas de se laisser porter d'une cote à l'autre mais d'être la houle le vent personne ne m'avait dit que j’aurais à l’intérieur le flux le reflux l'écume de la vague le charbon des grands fonds personne ne dit jamais que l'enjambée ramène au commencement
l'écartement des cuisses sous la coulée qui recouvre le sable
que le sol s'ouvrirait en deux que les montagnes surgiraient de terre
que les failles seraient profondes et la lave brûlante tout au fond de la mer
que des plantes étranges des oiseaux inconnus offriraient à mes lèvres une île
neuve battue par les courants léchée par tous les vents personne ne m'avait dit
qu'un jour j’ouvrirais la bouche je plongerais la langue dans le premier baiser qui divise le
monde
mon corps scindé en deux dans le bruit magnétique du choc de ses dents contre mes dents
*
personne ne m’avait dit que je serais la bûche projetée dans le volcan que le feu me prendrait
que la terre bruisserait de mes crépitements qu'il n'y aurait pas de cendres que des flammes sur
la mer j’ignorais que ma chair embrasée fondrait dans le ciel bleu qu’il ne resterait rien
qu’un ventre constellé fendu à coups de hache
*
personne n'avait dit que j’engloutirais dans le même pas siècles passés et océan qu'il ne s'agirait pas de se laisser porter d'une cote à l'autre mais d'être la houle le vent personne ne m'avait dit que j’aurais à l’intérieur le flux le reflux l'écume de la vague le charbon des grands fonds personne ne dit jamais que l'enjambée ramène au commencement
l'écartement des cuisses sous la coulée qui recouvre le sable
extrait de Sur la table, éditions Qazaq, lire le recueil complet là
dimanche 10 juin 2018
mardi 22 mai 2018
Le caillou dans la mer
Tu passes tes journées
à frotter ton corps
chaud contre
les seins
les fesses
les lèvres
les yeux
de braise
de fauves malbaraises
de sanguines cafrines
Elle t'attend
dans la case
ton enfant endormi
calé contre sa hanche
Elle t’attend, toi tu cours
il faut bien que tu baises
tant pis pour le chagrin
il faut que tu apaises
ta langue
par le poisseux
de graines
de sapotille
/
Il n’y a rien d’autre à faire
que jeter ta semence
partout sur le caillou
à frotter ton corps
chaud contre
les seins
les fesses
les lèvres
les yeux
de braise
de fauves malbaraises
de sanguines cafrines
Elle t'attend
dans la case
ton enfant endormi
calé contre sa hanche
Elle t’attend, toi tu cours
il faut bien que tu baises
tant pis pour le chagrin
il faut que tu apaises
ta langue
par le poisseux
de graines
de sapotille
/
Il n’y a rien d’autre à faire
que jeter ta semence
partout sur le caillou
(republication)
samedi 24 mars 2018
samedi 10 mars 2018
Tu écris des poèmes - on en parle
Note de lecture sur Tu écris des poèmes par l'auteure Marianne Desroziers
"Murièle Modély s'interroge sur l'activité d'écrire et sur la spécificité de l'écriture poétique en passant par le tu : choix pertinent, tant il est vrai qu'il faut parfois savoir se dédoubler pour mieux s'adresser à l'Autre (et à soi-même). Cette exploration de l'activité d'écrire des poèmes et cette quête de l'identité du poète se font une certaine dose d'auto-dérision et comme toujours – c'est sûrement ce que j'apprécie le plus chez elle – beaucoup de sensualité. Car dans les textes de Murièle Modély, le corps est omniprésent, il déborde de toute part : il jaillit, il exulte, il jouit... et, au milieu de tout ça, avant, pendant, après, il écrit.[...]"
"Murièle Modély s'interroge sur l'activité d'écrire et sur la spécificité de l'écriture poétique en passant par le tu : choix pertinent, tant il est vrai qu'il faut parfois savoir se dédoubler pour mieux s'adresser à l'Autre (et à soi-même). Cette exploration de l'activité d'écrire des poèmes et cette quête de l'identité du poète se font une certaine dose d'auto-dérision et comme toujours – c'est sûrement ce que j'apprécie le plus chez elle – beaucoup de sensualité. Car dans les textes de Murièle Modély, le corps est omniprésent, il déborde de toute part : il jaillit, il exulte, il jouit... et, au milieu de tout ça, avant, pendant, après, il écrit.[...]"
Lire l'article complet là
dimanche 4 mars 2018
Petite mort
souvent
quand nous faisons l'amour
je pense
au repas du dimanche
le poids sur l'estomac
cette ambiance empesée
tous les deux le dimanche
si cruellement gais
chacun bien à sa place
et de l'autre côté
le verre
l'assiette devant la chaise vide
quand nous faisons l'amour
je pense souvent
au bréchet sous la dent
le jus qui coule
cette triste violence
de la chair mâchée
pendant que nous faisons
j'entends
j'attends
la reddition de l'os
mes jambes écartées
la douleur qui se tend
dans tes muscles bandées
nos corps qui trompent
tu fais l'amour je baise
sous la table je jette
la torsion le plaisir
les bouts de verre brisé
quand nous faisons l'amour
je pense
au repas du dimanche
le poids sur l'estomac
cette ambiance empesée
tous les deux le dimanche
si cruellement gais
chacun bien à sa place
et de l'autre côté
le verre
l'assiette devant la chaise vide
quand nous faisons l'amour
je pense souvent
au bréchet sous la dent
le jus qui coule
cette triste violence
de la chair mâchée
pendant que nous faisons
j'entends
j'attends
la reddition de l'os
mes jambes écartées
la douleur qui se tend
dans tes muscles bandées
nos corps qui trompent
tu fais l'amour je baise
sous la table je jette
la torsion le plaisir
les bouts de verre brisé
dans le trou où tout tombe
souvent
extrait de feu la revue Charogne, n°4, 2014
mercredi 28 février 2018
Printemps des poètes 2018 #4 : Marlène Tissot
MARLENE TISSOT
"En attendant de servir
Il y a des gens
Qui n’existent pas complètement
C’est pas leur faute
C’est juste qu’on leur a appris trop tôt
A ne pas exister en entier
Même leurs sourires
S’étirent en miniature
Même leurs mots
Evitent d’être trop gros
Même quand ils pissent
Ils évitent de faire du bruit, d’éclabousser
Et c’est pour ça qu’ils ne se jettent pas à l’eau
Parce qu’on leur a appris que c’est mal
D’éclabousser
De faire des vagues
Alors ils restent là
Comme le passager d’un bus
Qui ne saurait pas à quel arrêt descendre
Comme une poupée oubliée au grenier
Il lui manque un œil, à la poupée
Mais on ne l’a pas jetée
Parce qu’on s’est dit qu’elle pourrait servir
Il y a des gens, c’est pareil
Ils ne se jettent pas d’un pont
Parce qu’ils se disent qu’un jour
Ils pourront servir
Ils attendent leur tour
Bien sagement
En cachant avec une frange
L’œil qui leur manque
C’est pour ça qu’ils ne voient pas très bien
Où tout ça va les mener
Et ça ne les mène nulle part
D’exister comme ça
Comme une plante en pot
Qui attend d’être arrosée
Qui attend de crever
Sans faire de bruit
Il y a des gens, ils ne sont pas perdus
Ils ont juste oublié
Où ils s’étaient rangés
Ils existent au ralenti
Respirent en sourdine
Bien pliés au fond d’un tiroir
En attendant de servir
Servir à quoi ?
Ils n’en savent rien
Et ils ne prennent pas le risque
De se poser la question"

"En attendant de servir
Il y a des gens
Qui n’existent pas complètement
C’est pas leur faute
C’est juste qu’on leur a appris trop tôt
A ne pas exister en entier
Même leurs sourires
S’étirent en miniature
Même leurs mots
Evitent d’être trop gros
Même quand ils pissent
Ils évitent de faire du bruit, d’éclabousser
Et c’est pour ça qu’ils ne se jettent pas à l’eau
Parce qu’on leur a appris que c’est mal
D’éclabousser
De faire des vagues
Alors ils restent là
Comme le passager d’un bus
Qui ne saurait pas à quel arrêt descendre
Comme une poupée oubliée au grenier
Il lui manque un œil, à la poupée
Mais on ne l’a pas jetée
Parce qu’on s’est dit qu’elle pourrait servir
Il y a des gens, c’est pareil
Ils ne se jettent pas d’un pont
Parce qu’ils se disent qu’un jour
Ils pourront servir
Ils attendent leur tour
Bien sagement
En cachant avec une frange
L’œil qui leur manque
C’est pour ça qu’ils ne voient pas très bien
Où tout ça va les mener
Et ça ne les mène nulle part
D’exister comme ça
Comme une plante en pot
Qui attend d’être arrosée
Qui attend de crever
Sans faire de bruit
Il y a des gens, ils ne sont pas perdus
Ils ont juste oublié
Où ils s’étaient rangés
Ils existent au ralenti
Respirent en sourdine
Bien pliés au fond d’un tiroir
En attendant de servir
Servir à quoi ?
Ils n’en savent rien
Et ils ne prennent pas le risque
De se poser la question"
extrait de son site http://monnuage.free.fr/
MON ANTHOLOGIE PERSO
mardi 27 février 2018
Printemps des poètes 2018 #3 : Isabelle Damotte
ISABELLE DAMOTTE
"Caddys
Le père travaillait
sur le parking
alignait
poussait les caddys
à l’abandon
c’était avant
le coup des jetons
La mère
avant
gouvernante dans un grand hôtel
avant les enfants le mariage
avant d’avoir ce qu’elle avait voulu
avait croisé Gary Grant
« J’ai perdu la photo. »
La mère
mi-temps à Chambourcy
rapportait le jeudi à midi
les yaourts
périmés
Pour la première fois
neige et fruits mélangés
la tête nous tournait
à force de souffler
dans les moulins à vent
La mère
avec l’argent des caddys
et des rayons
le père devenu chef des rayons
la mère
avait acheté un costume
que ça se voit
et un après-midi
pour nous
des chaussures hush puppies
on partait à l’école
avec des chiens aux pieds
maman très fière de son affaire
Le père
le jour des deux mille francs
a découpé le gigot
pour fêter ça
la grosse Nadia
à l’école
s’enflait comme un boeuf
avec sa phrase majuscule point à la ligne
Mon père gagne 5000 francs par mois.
L’autre gamine
avec le geste
mon manteau
il a couté la peau des fesses
Le père à la fin
faisait les marchés
juste pour la voix haute
le rire pas caché sous la cape
ça valait bien la peine
de charger la voiture
La mère
quitte à manquer de tout
avait manqué de temps
elle avait prévenu
Vous verrez
il sera trop tard
quand vous irez poser des fleurs
sur ma tombe
On n’y va pas souvent
sur la tombe
on regarde les films
de Gary Grant
On pense au père
on vérifie qu’on a bien
dans la poche
son jeton de caddy"

"Caddys
Le père travaillait
sur le parking
alignait
poussait les caddys
à l’abandon
c’était avant
le coup des jetons
La mère
avant
gouvernante dans un grand hôtel
avant les enfants le mariage
avant d’avoir ce qu’elle avait voulu
avait croisé Gary Grant
« J’ai perdu la photo. »
La mère
mi-temps à Chambourcy
rapportait le jeudi à midi
les yaourts
périmés
Pour la première fois
neige et fruits mélangés
la tête nous tournait
à force de souffler
dans les moulins à vent
La mère
avec l’argent des caddys
et des rayons
le père devenu chef des rayons
la mère
avait acheté un costume
que ça se voit
et un après-midi
pour nous
des chaussures hush puppies
on partait à l’école
avec des chiens aux pieds
maman très fière de son affaire
Le père
le jour des deux mille francs
a découpé le gigot
pour fêter ça
la grosse Nadia
à l’école
s’enflait comme un boeuf
avec sa phrase majuscule point à la ligne
Mon père gagne 5000 francs par mois.
L’autre gamine
avec le geste
mon manteau
il a couté la peau des fesses
Le père à la fin
faisait les marchés
juste pour la voix haute
le rire pas caché sous la cape
ça valait bien la peine
de charger la voiture
La mère
quitte à manquer de tout
avait manqué de temps
elle avait prévenu
Vous verrez
il sera trop tard
quand vous irez poser des fleurs
sur ma tombe
On n’y va pas souvent
sur la tombe
on regarde les films
de Gary Grant
On pense au père
on vérifie qu’on a bien
dans la poche
son jeton de caddy"
Paru dans le numéro 53 de la revue Bacchanales /TRAVAIL
MON ANTHOLOGIE PERSO
lundi 26 février 2018
Printemps des poètes 2018 #2 : Perrine Le Querrec
"à table
À l’entrée des maisons, l’air criblé de moucherons. Les intérieurs, jamais terminés, depuis des générations ils manquent. Suffit d’un toit et de quatre murs. Le reste peut attendre. Sur le pavage de grosses dalles chichement éclairée par de petites meurtrières, la table massive garnie de crasse, vieux meubles, calendrier des postes, un grand coffre, une armoire.
L’élément
central, c’est la cafetière
Le sermon
Le silence
Le linge
Les larmes
La cheminée
La pendule
Le carrelage
La toile
cirée
Le seau
Le vin
Le bahut
Le piège
L’assiette
de soupe, l’éternelle assiette et ne te plains pas tu n’as pas connu quand de
soupe il n’y en avait point
Les
serviettes tâchées par le repas de la veille
Mâchonner
sans dents
Racler le
fond du bol, ne rien perdre
Déballer la
lame et le lard
Découper le
pain, avalanche de miettes
Les tartines
grandes comme la main, le bol grand comme le visage
Les fenêtres
ne prennent pas de place
Garnies de
toiles d’araignées
Tamisent la
lumière
La bouche
pleine de fromage verse le vin
Ils mangent
poitrine contre la table
La mère
debout comme les chevaux
Assiettes
pleines
Mains
gantelées de fumier
Pas le temps
de se regarder l’un l’autre
Chaises
remuées porte fermée
Cliquetis
des cuillères multiplié
Une hâte
unanime courbe les dos
La bête à
huit bouches s’endort mains dans les poches sur la table éclaboussée de café."
dimanche 25 février 2018
Printemps des poètes 2018 #1 : Pénélope Corps
PENELOPE CORPS
"Super 8
on dirait que la chambre d' hôtel sentirait un peu la pisse
mais que l'aurore serait quand même sublime
on dirait qu'on échapperait à l'industrie
qu'on baiserait les zones de contrôle
on dirait qu' y aurait du sable dans les chips
et qu'on se torcherait la gueule et la bouteille avec l'orage
on dirait que je collerais mon utérus contre la terre
et que tu trouverais ça marrant
on dirait qu'on serait très bons en paysages fabuleux
et que je n'aurais plus ma tronche de cage ambulante
on dirait qu'on se maltraiterait pas trop
qu'on écrirait des poèmes sans le savoir
qu'on vivrait un moment privilégié avec les oiseaux
dans le silence génial des steppes
qui n'en sont pas
je sais
on dirait que les choses seraient aussi simples que ça
que j'aurais une place dans ma famille
et que tu ne penserais pas trop à mourir dans ces moments-là
on dirait ça"

"Super 8
on dirait que la chambre d' hôtel sentirait un peu la pisse
mais que l'aurore serait quand même sublime
on dirait qu'on échapperait à l'industrie
qu'on baiserait les zones de contrôle
on dirait qu' y aurait du sable dans les chips
et qu'on se torcherait la gueule et la bouteille avec l'orage
on dirait que je collerais mon utérus contre la terre
et que tu trouverais ça marrant
on dirait qu'on serait très bons en paysages fabuleux
et que je n'aurais plus ma tronche de cage ambulante
on dirait qu'on se maltraiterait pas trop
qu'on écrirait des poèmes sans le savoir
qu'on vivrait un moment privilégié avec les oiseaux
dans le silence génial des steppes
qui n'en sont pas
je sais
on dirait que les choses seraient aussi simples que ça
que j'aurais une place dans ma famille
et que tu ne penserais pas trop à mourir dans ces moments-là
on dirait ça"
... je rajoute aussi les poètes de MON ANTHOLOGIE PERSO
Printemps des poètes 2018 : Anthologie DUOS
Le Printemps des poètes a choisi pour son
édition 2018 (du 3 au 19 mars) le thème de l’ardeur. A cette occasion la Maison
de la poésie Rhône-Alpes publie l’anthologie DUOS préparée par Lydia Padellec (choix des textes, biographies,
préface).
Cette anthologie coordonnée par Lydia Padellec (merci à elle) est l'aboutissement de 4 ans d'efforts et d'énergie constants :)
Cet ouvrage est le 59e numéro de la revue de création Bacchanales. Il réunit 118 poètes, 59 femmes et 59 hommes en regard, ensemble. Leurs langues inventives, rebelles ou en symbiose avec le paysage, dans l’espace d’une page, se confrontent à la nature, au vivant, à l’environnement, au travail, à la civilisation numérique, à la violence, aux ravages de la guerre et des dominations.
Accompagné par les œuvres d'Anne-Laure Héritier-Blanc.
Avec : Sophie LOIZEAU / Jean-Philippe RAÎCHE, Marie-Clotilde ROOSE / Fredric GARY COMEAU, Cathy GARCIA/François-Xavier FARINE, Séverine DAUCOURT-FRIDRIKSON / Gwen GARNIER DUGUY, Marlène TISSOT / Pierre SOLETTI, Albane GELLÉ / Olivier COUSIN, Murièle MODÉLY / Arnaud BOURVEN, Sandrine CNUDDE / Rhissa RHOSSEY, Murièle CAMAC / Moëz MAJED, Hélène LECLERC / Vincent HOARAU, Myriam ECK / Gilles CHEVAL, Magali THUILLIER / Jean-Marc FLAHAUT, Laure MORALI / Denis POURAWA, Sabine HUYNH / Philippe PAÏNI, Marie-Noëlle AGNIAU / Sylvain THÉVOZ, Jasmine VIGUIER / Morgan RIET, Mérédith LE DEZ / Kouam TAWA, Armelle LECLERCQ / Stéphane BATAILLON, Laurine ROUSSELET /David BESSCHOPS, Sonia COTTEN / Julien SOULIER, Frédérique COSNIER / Pascal LECLERCQ, Anne MULPAS / David CHRISTOFFEL, Cécile A. HOLDBAN / Martin LAQUET, Valérie CANAT DE CHIZY / Emmanuel FLORY, Stéphane MARTELLY / James NOËL, Milady RENOIR / Mathieu BROSSEAU, Natacha DE BRAUWER / Vincent MOTARD-AVARGUES, Samantha BARENDSON / Jean-Marc UNDRIENER, Nathalie YOT / Cédric LERIBLE, Lydia PADELLEC / Simon MARTIN, Maïa BRAMI / Alexis BERNAUT, Cécile GUIVARCH / Étienne PAULIN, Nolwenn EUZEN / Thomas VINAU, Amandine MAREMBERT / Romain FUSTIER, Lucie TAIEB / Jean-Philippe BERGERON, Cécile GLASMAN / Mathieu HILFIGER, Kim DORÉ / Thomas DURANTEAU, Eugénie PAULTRE / Armand DUPUY, Emmanuelle FAVIER / YEKTA, Anne KAWALA / Philippe CLOES, Siham ISSAMI / Cédric LE PENVEN, Samira NEGROUCHE / Vincent CALVET, Mélanie LEBLANC / Guillaume SIAUDEAU, Linda Maria BAROS / Stéphane KORVIN, Adeline BALDACCHINO / Antoine MOUTON, Anne-Emmanuelle FOURNIER / Matthias VINCENOT, Pauline CATHERINOT / Paul WAMO, Catherine HARTON / Yann MIRALLES, Aurélia LASSAQUE / Éric PIETTE, Marie DE QUATREBARBES / Maël GUESDON, Irène GAYRAUD / Jean-Baptiste PEDINI, Geneviève BOUDREAU / Nicolas GRÉGOIRE, Ouanessa YOUNSI / François GUERRETTE, Anne-Cécile CAUSSE / Guillaume DECOURT, Florence VALÉRO / Maxime COTON, Laura VAZQUEZ / Yannick TORLINI, Lysiane RAKOTOSON / Émilien CHESNOT, Virginie FRANCOEUR / Pierre CAUSSE, Natasha KANAPÉ FONTAINE / Martin WABLE
Cette anthologie coordonnée par Lydia Padellec (merci à elle) est l'aboutissement de 4 ans d'efforts et d'énergie constants :)
Cet ouvrage est le 59e numéro de la revue de création Bacchanales. Il réunit 118 poètes, 59 femmes et 59 hommes en regard, ensemble. Leurs langues inventives, rebelles ou en symbiose avec le paysage, dans l’espace d’une page, se confrontent à la nature, au vivant, à l’environnement, au travail, à la civilisation numérique, à la violence, aux ravages de la guerre et des dominations.
Accompagné par les œuvres d'Anne-Laure Héritier-Blanc.
Avec : Sophie LOIZEAU / Jean-Philippe RAÎCHE, Marie-Clotilde ROOSE / Fredric GARY COMEAU, Cathy GARCIA/François-Xavier FARINE, Séverine DAUCOURT-FRIDRIKSON / Gwen GARNIER DUGUY, Marlène TISSOT / Pierre SOLETTI, Albane GELLÉ / Olivier COUSIN, Murièle MODÉLY / Arnaud BOURVEN, Sandrine CNUDDE / Rhissa RHOSSEY, Murièle CAMAC / Moëz MAJED, Hélène LECLERC / Vincent HOARAU, Myriam ECK / Gilles CHEVAL, Magali THUILLIER / Jean-Marc FLAHAUT, Laure MORALI / Denis POURAWA, Sabine HUYNH / Philippe PAÏNI, Marie-Noëlle AGNIAU / Sylvain THÉVOZ, Jasmine VIGUIER / Morgan RIET, Mérédith LE DEZ / Kouam TAWA, Armelle LECLERCQ / Stéphane BATAILLON, Laurine ROUSSELET /David BESSCHOPS, Sonia COTTEN / Julien SOULIER, Frédérique COSNIER / Pascal LECLERCQ, Anne MULPAS / David CHRISTOFFEL, Cécile A. HOLDBAN / Martin LAQUET, Valérie CANAT DE CHIZY / Emmanuel FLORY, Stéphane MARTELLY / James NOËL, Milady RENOIR / Mathieu BROSSEAU, Natacha DE BRAUWER / Vincent MOTARD-AVARGUES, Samantha BARENDSON / Jean-Marc UNDRIENER, Nathalie YOT / Cédric LERIBLE, Lydia PADELLEC / Simon MARTIN, Maïa BRAMI / Alexis BERNAUT, Cécile GUIVARCH / Étienne PAULIN, Nolwenn EUZEN / Thomas VINAU, Amandine MAREMBERT / Romain FUSTIER, Lucie TAIEB / Jean-Philippe BERGERON, Cécile GLASMAN / Mathieu HILFIGER, Kim DORÉ / Thomas DURANTEAU, Eugénie PAULTRE / Armand DUPUY, Emmanuelle FAVIER / YEKTA, Anne KAWALA / Philippe CLOES, Siham ISSAMI / Cédric LE PENVEN, Samira NEGROUCHE / Vincent CALVET, Mélanie LEBLANC / Guillaume SIAUDEAU, Linda Maria BAROS / Stéphane KORVIN, Adeline BALDACCHINO / Antoine MOUTON, Anne-Emmanuelle FOURNIER / Matthias VINCENOT, Pauline CATHERINOT / Paul WAMO, Catherine HARTON / Yann MIRALLES, Aurélia LASSAQUE / Éric PIETTE, Marie DE QUATREBARBES / Maël GUESDON, Irène GAYRAUD / Jean-Baptiste PEDINI, Geneviève BOUDREAU / Nicolas GRÉGOIRE, Ouanessa YOUNSI / François GUERRETTE, Anne-Cécile CAUSSE / Guillaume DECOURT, Florence VALÉRO / Maxime COTON, Laura VAZQUEZ / Yannick TORLINI, Lysiane RAKOTOSON / Émilien CHESNOT, Virginie FRANCOEUR / Pierre CAUSSE, Natasha KANAPÉ FONTAINE / Martin WABLE
dimanche 18 février 2018
tous les jours quelqu'un trouve
des os sur le bord de la route
tous les jours quelqu'un pleure
quelqu'un
dans le reflet trouble des flaques
dans lesquelles on patauge, on s'échine en vain
à tout rassembler
on s'échine en vain à se recomposer
dans les eaux qui montent
juste avant
juste avant qu'on ferme les yeux, dans le lit ou le caniveau
juste avant qu'on ferme, la bouche, les mains
on sombre
dans un rêve dans lequel nos squelettes
sont des soleils blancs dans le ventre des oiseaux
des os sur le bord de la route
tous les jours quelqu'un pleure
quelqu'un
dans le reflet trouble des flaques
dans lesquelles on patauge, on s'échine en vain
à tout rassembler
on s'échine en vain à se recomposer
dans les eaux qui montent
juste avant
juste avant qu'on ferme les yeux, dans le lit ou le caniveau
juste avant qu'on ferme, la bouche, les mains
on sombre
dans un rêve dans lequel nos squelettes
sont des soleils blancs dans le ventre des oiseaux
dimanche 28 janvier 2018
...c'est sentir la lame troubler à la surface
tous les plis d'eau à l'encre de la peau.
tous les plis d'eau à l'encre de la peau.
ricochet inspiré du Vrac (être poète) de Hervé Gouault
samedi 27 janvier 2018
Vrac (être poète) - Hervé Gouault
Être poète, c’est tourner sept fois le couteau
dans la bouche avant d’écrire.
dans la bouche avant d’écrire.
Lire la série Vrac (être poète) sur le blog d'Hervé Gouault
samedi 20 janvier 2018
Est-ce que tout cela a un sens ? dit-elle (3)
il y a
dans une ville
sur un bureau
quelque part
entre le parapheur et la photo de famille
une boîte transparente
avec des os en vrac
des yeux, des sexes
des membres de femmes
ou d'hommes
des sourires figés
des rictus mêlés
à tous les arrêtés et vieilles notes de service
que le destructeur à papier n'a pas pu avaler
si on secoue la boîte
on entend des pleurs
quelque part
dans un bureau
ces marques que des objets
impriment à une pièce
(les cicatrices gravées par l'encre
de la peau)
dans une ville
sur un bureau
quelque part
entre le parapheur et la photo de famille
une boîte transparente
avec des os en vrac
des yeux, des sexes
des membres de femmes
ou d'hommes
des sourires figés
des rictus mêlés
à tous les arrêtés et vieilles notes de service
que le destructeur à papier n'a pas pu avaler
si on secoue la boîte
on entend des pleurs
quelque part
dans un bureau
ces marques que des objets
impriment à une pièce
(les cicatrices gravées par l'encre
de la peau)
lundi 15 janvier 2018
Est-ce que tout cela a un sens ? dit-elle (2)
il y a quelque part
dans une ville de province
près du bureau juste sous la fenêtre
de vieilles rognures d'ongles
sur le sol des touffes de poussières grises
un cheveu long bouclé
des cuticules
mâchées
remâchées
dans les rainures du plateau
de la pruine violette sur le combiné du téléphone
des bouts de peaux mortes - ou ce qu'il en reste
entre les touches du clavier
une traînée sombre
indéfinissable
sur l'assise du fauteuil
avec un peu de bourre dressée
hors de la déchirure comme un épi rebelle
quelque part
près du bureau
d'une femme
toute desquamation
(les restes d'activité vacillante
atopique)
dans une ville de province
près du bureau juste sous la fenêtre
de vieilles rognures d'ongles
sur le sol des touffes de poussières grises
un cheveu long bouclé
des cuticules
mâchées
remâchées
dans les rainures du plateau
de la pruine violette sur le combiné du téléphone
des bouts de peaux mortes - ou ce qu'il en reste
entre les touches du clavier
une traînée sombre
indéfinissable
sur l'assise du fauteuil
avec un peu de bourre dressée
hors de la déchirure comme un épi rebelle
quelque part
près du bureau
d'une femme
toute desquamation
(les restes d'activité vacillante
atopique)
mercredi 10 janvier 2018
Est-ce que tout cela a un sens ? dit-elle (1)
il y a
dans un bureau
quelque part
dans une ville
une femme assise qui attend immobile
le téléchargement d'un fichier
important sur son ordinateur
une femme les yeux vides
attend que s'arrête
la danse du sablier
que les volutes par défaut dévorent l'écran
de veille et le temps
n'en finit pas de pixeliser
dans les miettes carrées du balancier s'égrenant
dans le reflet de l'écran sur le visage de cette femme
assise
quelque part
une femme - ce pourrait être un homme
attend que quelque chose d'essentiel se passe
que quelque chose d'oppressant se casse
(l'effondrement des briques de l'instance
digitale)
dans un bureau
quelque part
dans une ville
une femme assise qui attend immobile
le téléchargement d'un fichier
important sur son ordinateur
une femme les yeux vides
attend que s'arrête
la danse du sablier
que les volutes par défaut dévorent l'écran
de veille et le temps
n'en finit pas de pixeliser
dans les miettes carrées du balancier s'égrenant
dans le reflet de l'écran sur le visage de cette femme
assise
quelque part
une femme - ce pourrait être un homme
attend que quelque chose d'essentiel se passe
que quelque chose d'oppressant se casse
(l'effondrement des briques de l'instance
digitale)
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