jeudi 26 juillet 2018

jeudi 19 juillet 2018

personne ne m'avait prévenu que cela arriverait d'un coup
que le sol s'ouvrirait en deux que les montagnes surgiraient de terre
que les failles seraient profondes et la lave brûlante tout au fond de la mer
que des plantes étranges des oiseaux inconnus offriraient à mes lèvres une île
neuve battue par les courants léchée par tous les vents personne ne m'avait dit
qu'un jour j’ouvrirais la bouche je plongerais la langue dans le premier baiser qui divise le
monde

mon corps scindé en deux dans le bruit magnétique du choc de ses dents contre mes dents


*


personne ne m’avait dit que je serais la bûche projetée dans le volcan que le feu me prendrait
que la terre bruisserait de mes crépitements qu'il n'y aurait pas de cendres que des flammes sur
la mer j’ignorais que ma chair embrasée fondrait dans le ciel bleu qu’il ne resterait rien

qu’un ventre constellé fendu à coups de hache


*


personne n'avait dit que j’engloutirais dans le même pas siècles passés et océan qu'il ne s'agirait pas de se laisser porter d'une cote à l'autre mais d'être la houle le vent personne ne m'avait dit que j’aurais à l’intérieur le flux le reflux l'écume de la vague le charbon des grands fonds personne ne dit jamais que l'enjambée ramène au commencement

l'écartement des cuisses sous la coulée qui recouvre le sable



extrait de Sur la table, éditions Qazaq, lire le recueil complet