Dans son éditorial du 26-05-2020, il dit ceci :
« Je m'attarde sur deux publications:
1 - Feu de tout bois avec des illustrations de Sophie Vissière (10 € à commander à Nouveaux Délits, Létou, 46330 Saint-Cirq-Lapopie),
une suite de poèmes écrits dans une langue simple et percutante, abordant sans emphase, comme par inadvertance, des constats sociaux, philosophiques, sans concession à la dure réalité de notre monde qu’elle révèle à sa fille :
« à l’instant même où la claque / nous pousse au premier cri / sache qu’à cet instant précis, des doigts invisibles / enfoncent dans notre gorge une gomme », mais ne se lamente pas et ramène à l’essentiel : l’amour
« sache ma douce enfant que je veux tant remplir, que tout s’estompe / l’amour est une éponge qui fait place nette pour d’autres ».
Et même si « l’arche n’empêche pas l’engloutissement » elle ne s’abandonne pas au défaitisme : « vivre au fond n’est pas bien compliqué / il suffit de s’en tenir au mot du jour / composer, décomposer, recomposer / une croix après l’autre / l’empilement des faits ».
Un souffle bien maîtrisé, une langue sûre qui dessine les contours obscurs et flous de notre monde convenu avec l’habileté de la mère douce qui sait conduire ses enfants sur les bons chemins.
Un ensemble de poèmes qui se rangent dans ce que Michel Cosem recherchait dès les années 70, une poésie à « l’imagination créatrice fondée sur le réel ».
[...]
2 - Radicelles avec des photographies de Vincent Motard-Avargues, préface de Dominique Boudou, éditions Tarmac, 38 pages, 18 €.
C’est un beau livre par sa conception, son papier épais, ses reproductions photographiques d’une haute précision qui flamboient et qui creusent les ombres, tel un soleil qui traverse une journée.
Dominique Boudou dès ses premiers mots dans sa préface, prépare le lecteur à ces poèmes qui, s’ils relèvent plus du sensible que de l’intellectuel, sont de redoutables métaphores du monde hostile qu’il faut apprivoiser.
Ses poèmes sont le combat de Murièle Modély.
L’enfance qui la ramène au créole, à son île de La Réunion, à l’histoire douloureuse du peuple de cette terre grosse de magnificence.
Nul ne peut effacer ses racines, fussent-elles des radicelles qui, bien que fines et fragiles s’infiltrent plus sournoisement dans la mémoire.»