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(c) Anaël Chadli - Paysage d'écriture d'après Vrouz de Valérie Rouzeau. |
samedi 28 février 2015
il paraît que notre présence sur terre aurait à voir
avec l'expulsion dans l'espace de matières organiques par des sphères de titane
les scientifiques sont perplexes : comment est-il possible que du vivant batte sous le métal ?
comment est-il possible de croire encore en nos agitations ?
dehors le monde
dehors la ville
dehors famille
et dehors toi aussi
hein, que nos peaux de fer sont les meilleures cuirasses pour nos chairs increvables
que coulent le sang, les larmes
nous sommes inoxydables sous tous les ricochets
avec l'expulsion dans l'espace de matières organiques par des sphères de titane
les scientifiques sont perplexes : comment est-il possible que du vivant batte sous le métal ?
comment est-il possible de croire encore en nos agitations ?
dehors le monde
dehors la ville
dehors famille
et dehors toi aussi
hein, que nos peaux de fer sont les meilleures cuirasses pour nos chairs increvables
que coulent le sang, les larmes
nous sommes inoxydables sous tous les ricochets
mercredi 25 février 2015
mardi 24 février 2015
je devrais pour une fois, plutôt que de malmener la pulpe de mes index
(je ne tape qu'avec deux doigts, tu le sais bien)
je devrais pour une fois espérer ton retour
m'enrouler dans la nuit, ouvrir aux quatre vents ma bouche et mes paupières
je devrais prendre l'air, inspirer par les yeux ce qui de nous s'échappe
ton ombre fabuleuse collée à mes talons, mon mystère poisseux, nos tout petits poissons
est-ce normal dis moi, de boire la tasse sans apaiser sa soif
est-ce normal de jouir ainsi des lettres et des espaces
je m'interroge, tape, diffère, dis verse, diverge
les mots font des bulles au fond de l'océan
je pulse, j'azerty, j'yuiop, pense à toi dans les microscopiques accrocs de mes inspirations
je devrais pour une fois tenir la phrase, énucléer les métaphores
(mais tu sais combien j'aime poser mon corps tout au fond de l'amphore
- et que ne ferai-je pas pour une incise à rimes)
je devrais pour une fois
prendre le mot
pour ce qu'il est
t'attendre
te regarder
ouvrir la porte
dire
je suis rentré
(je ne tape qu'avec deux doigts, tu le sais bien)
je devrais pour une fois espérer ton retour
m'enrouler dans la nuit, ouvrir aux quatre vents ma bouche et mes paupières
je devrais prendre l'air, inspirer par les yeux ce qui de nous s'échappe
ton ombre fabuleuse collée à mes talons, mon mystère poisseux, nos tout petits poissons
est-ce normal dis moi, de boire la tasse sans apaiser sa soif
est-ce normal de jouir ainsi des lettres et des espaces
je m'interroge, tape, diffère, dis verse, diverge
les mots font des bulles au fond de l'océan
je pulse, j'azerty, j'yuiop, pense à toi dans les microscopiques accrocs de mes inspirations
je devrais pour une fois tenir la phrase, énucléer les métaphores
(mais tu sais combien j'aime poser mon corps tout au fond de l'amphore
- et que ne ferai-je pas pour une incise à rimes)
je devrais pour une fois
prendre le mot
pour ce qu'il est
t'attendre
te regarder
ouvrir la porte
dire
je suis rentré
lundi 23 février 2015
samedi 14 février 2015
Vincent & compagnie - mgv2>publishing
Après Stéphane Bernard et Cathy Garcia, c'est Vincent qui m'a invité dans le projet "x & compagnie" initié & édité par Walter Ruhlmann. En avril c'est donc Vincent & compagnie (le 4è de la série)
Au sommaire : Alexandra Geyser, Frank Rebelle-Cohen, GMC, Guillaume Siaudeau, Heptanes Fraxion, Perrin Langda, Mike Kasprzak , Murièle Modély, Nutsie Nutsie, Patrice Maltaverne, Perrine Le Querrec, Bernard Lherbier, Séverine Castelant, Agnès, Marlène Tissot
et ça se passe là (d'un clic sur l'image) / Merci donc à Vincent & Walter
Au sommaire : Alexandra Geyser, Frank Rebelle-Cohen, GMC, Guillaume Siaudeau, Heptanes Fraxion, Perrin Langda, Mike Kasprzak , Murièle Modély, Nutsie Nutsie, Patrice Maltaverne, Perrine Le Querrec, Bernard Lherbier, Séverine Castelant, Agnès, Marlène Tissot
et ça se passe là (d'un clic sur l'image) / Merci donc à Vincent & Walter
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mercredi 11 février 2015
dimanche 8 février 2015
brai(ll)ement
tu vois ce qui se passe quand on parle
trop
c'est ce qu'il dit
assis de l'autre côté de la table
enfournant dans sa bouche
un quignon
énorme
qui roule
galet rocher falaise
qui tape
lèvre langue palais
qu'il mâche
la bouche est
pleine
le trou s'ouvre
la ferme
il dit
tu vois quand on parle trop
tu ne sais pas de quoi
ta bouche ton chas
d'aiguille
les perles qui les enfile ?
/
il dit tu vois
ce qui se passe
dans le miroir derrière la table
ta bouche énorme
est grande ouverte
il mâche remâche ressasse
et toi tu gardes regardes
le mot lié à la gencive
cherches à couper le flot qui file
fil filet salive
ton regard paire de ciseaux hésite
/
tu vois ce qui se passe
quand on parle trop
les mots se perdent
te perdent
tu ne comprends plus la joue
sur laquelle ta phrase rebondit
tu ne comprends plus la bouche
qui écarte des jambes donne vie
tu vois en bas dedans dessous
tout le fatras
tu vois l'accumulation des lettres
cul par dessus tête
tu vois ce qui se passe quand tu ne
comprends plus
cette giclée violente dont tu ignores
le sens
est-ce que ça rentre
est-ce que ça sort
/
tu vois ce qui se passe quand on parle
trop
trop vite
trop fort
trop longtemps
trop d'effort
trop con
confit contrit larmes sang babil
ça coule
trop
simple
trop
complexe
tu vois ce qui se passe
tu ouvres la fermes
la bouche
formule écoute n'écoute rien
parle parle glose
jusqu'à planter la langue tout au fond
de la gorge
jusqu'à piler la phrase au bout de
l'intestin
jusqu'à ce mot de trop jusqu'à ce
premier mot
râpé usé craché vomi pulvérisé
sur l'endomètre
/
tu vois ce qui se passe quand on est
infoutu
de faire coïncider la bouche avec la
langue
cette muqueuse qui mène - ô long
couloir
de l'œil aveugle à l'orchidée
calice où déposer des vers
impermanence
ce qui se passe - ô long délice
quand personne
personne ne comprend
tu vois
combien la parole est
combien la parole est
muette
ne veut rien dire
strate après strate
des phrases des paragraphes
des faits encore défaits
tous les deux face à face
matin et soir à singer
le mot dans le gros in-
festin - ô joie des asticots
/
tu vois ça passe
faut que tout passe
suffit de mordre la lunule
pleine de crasse
pleine de crasse
répète incante presque sincère
cette prière
cette prière
pendant que lui secoue du bout de la
cuillère
la soupe
encore encore l'autel la mire
le soir baisser la tête et dire
je vous salue Divin Billet
je vous salue Céleste Phrase
je vous salue Sainte Formule
je vous salue Ô Puissant Joug
je vous sal - ô vois ce qui passe
à même l'écran sur le clavier
je vous salue mes servitudes
je vous salue tes certitudes
/
tu vois
tout s'amenuise
ton nez petit
ta bouche petite
ta pensée même microscopique
et ton poème
ahane
brait
renâcle
te fout ses deux pattes arrière
au milieu du plexus
et tu n'as pas mal
et tu n'as pas mal
car la douleur aussi est
petite
petite son expression
un petit ah deux petits oh
l'intégralité de la phrase
s'effiloche comme la peau
à gauche à droite ton œil file ta
bouche surfile
et le mot sème manque d'étoffe
/
tu vois combien à force
de régularité d'usure de verbes
ouvrir fermer
le mot finit dans l'insalivation
la lente et continue dé-
composition
lèvres dents mâchoires
claquent tapent agitent excitent
de l'autre côté de la table
le visage bleu
vert
lente putréfaction des mots
à la fenêtre tu vois tout passe
les vieux restes de phrases éclatent
/
tu vois ce qui se passe le soir
dans le foyer
cette condamnation perpétuelle à
ouvrir
fermer
la bouche ne pas parler faire croire
tu vois la langue est
après avoir été
à la lisière des lèvres gercées
du trou immense où tout finit par
s'aspirer
la langue est
factuelle
tu vois ce qui se passe le nez collé à
ton assiette
malgré tes yeux roulant dans tous les
sens
paupières ouvertes fermées
se saisissant du moindre indice
dissimulé
dans les lignes obliques du papier
peint
dans les lignes électriques qu'on voit
au loin
dans la ligne les phrases
courtes
simples
à la portée
simples
à la portée
musique entêtante d'un présent
dépenaillé
la langue est
actuelle et sans passé
/
tu vois ce qui se passe
à dérouler sans fin les faits du jour
à guetter sur la table le moindre
postillon
à déplorer ensemble nos rétrécissements
tu vois nos vieilles peaux usées
râpées patinées par le mot
qu'est ce qui nous meut vraiment à
part la peur ?
voilà en fait le mot dont on connaît
par cœur
la pure essence
tu vois ce qui se passe quand la peau
flanche
quand les seins tombent quand le ventre
s'affaisse
et qu'il ne reste plus de stable
que ce trou noir où mon poème âne vacille
dans des hi han désaccordés
que ce trou noir où mon poème âne vacille
dans des hi han désaccordés
au début ce fut un vase co (avec Marianne Desroziers), lu ci dessous par Angèle Casanova, puis un débordement
vendredi 6 février 2015
Roumaine par Marianne Desroziers - Vases communicants
Pour Stéfana, en
souvenir de nos lettres échangées
Bucarest.
1990.
De sa bouche s'échappe
chant des sirènes capitalistes.
Hier encore c'était chant
de propagande communiste.
Cela ne change rien.
La liberté n'est pas pour
tout de suite.
Il y aura encore faim,
fatigue,
désillusion,
désenchantement.
Il y aura encore yeux cernés
et gorge sèche.
Il y aura encore nuit sans
sommeil,
manque d'argent, manque
d'espoir.
Et puis un jour le départ.
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(c) Francesca Woodman |
Le principe des vases communicants ?
Deux partenaires qui écrivent l’un chez l’autre le premier vendredi du mois.
Deux partenaires qui écrivent l’un chez l’autre le premier vendredi du mois.
Échange avec Marianne Desroziers autour d'une photo de Francesca Woodman
Le lien vers mon propre texte est ici, sur le blog de Marianne ;
Le lien vers mon propre texte est ici, sur le blog de Marianne ;
La liste de tous les vases communicants de février 2015 est ici, grâce à Angèle Casanova.
mercredi 4 février 2015
Cathy Garcia & compagnie
Couverture souple, 34 Pages, 5 euros
A commander par ici :
mardi 3 février 2015
"...Les odeurs de pétard, les cris dans la rue
La musique vibrante des graines de cascavelle
Décembre, sa chaleur qui moire les peaux noires
La pluie chaude qui baigne nos rires effrontés
Mon frère qui me course d'un sourire troué
Nos corps en sueur qui s'écroulent dans l'herbe
La vie, fruit aigrelet, qui nous semble bien vert..."
La musique vibrante des graines de cascavelle
Décembre, sa chaleur qui moire les peaux noires
La pluie chaude qui baigne nos rires effrontés
Mon frère qui me course d'un sourire troué
Nos corps en sueur qui s'écroulent dans l'herbe
La vie, fruit aigrelet, qui nous semble bien vert..."
extrait de Penser maillée, éditions du cygne, 2012
Go to the river
"When you feel ashamed go to the river
When you're feeling sad go to the river
When you're feeling blue inside, immersed and tied
When you're feeling stuck in pain, forever
Go go go go – go tonight, you
Sigh and sigh inside you long for
More, more of the life you had be
Fore fore fore, let the seasons
Arrive and dive let the winter snow and
Glow glow when the wind will blow just
Flow flow, eventually you will know.."
lundi 2 février 2015

J'ai lu La mer devrait suffire, recueil de Murièle Camac, dans la première semaine de janvier.
humanité
certaines personnes parfois
plaisantent le samedi
et se pendent le dimanche
apparemment mon âme
on peut vouloir rire
et mourir en même temps
et moi je n'arrive pas
à comprendre
(extrait p.69)
J'ai retrouvé l'univers sensible que j'avais découvert dans Vitres ouvertes... Ici le fil se tisse entre mer et voyage, passé et présent, convoque figures mythologiques et poètes... et toujours le regard aigu de Murièle et son écriture précise et simple sur le monde qui nous entoure. J'aurais aimé écrire aussi justement.
22h22
le train est à l'arrêt rien ne bouge rien ne bruit
ni dehors ni dans le wagon débordant d'une humanité hypnotisée
une vitre noire révèle un mot en blanc
"srietioP"
par la porte ouverte on voit les quais les bâtiments de la gare
un bout de drapeau français
la nuit de septembre ni froide ni chaude
un jeune homme prêt à monter
une jeune fille éloignée de deux pas
tous deux fument
silencieux et fatigués comme la nuit
concentrés comme en mission
comme en prière
ils ne se regardent pas ne se parlent pas
je fais semblant de ne pas les regarder
le petit contrôleur zélé qui va et vient
est le seul actif et réveillé ici
le seul à savoir ce qu'il doit faire et comment
et pourquoi
(extrait p.67)
La mer devrait suffire, Murièle Camac, Editions Henry, (La Main aux poètes), 2014
***
On court en direction de la maison. La porte semble gelée et on doit patienter avant de pouvoir la franchir. C'est une pièce interminable qui se joue sur le seuil. Le pêne enrage. Les gonds trépignent. Même le paillasson s'enfonce dans la poudreuse. Pourtant personne ne bouge. La main sur la poignée, on attend que ça passe. Que le soleil du matin vienne crocheter la serrure.
Pistes noires, Jean-Baptiste Pédini, (La Main aux poètes), 2014
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