2013 !
lundi 31 décembre 2012
dimanche 30 décembre 2012
On en parle...
- Eric Allard parle sur son blog Les belles phrases de "À LA LETTRE", mon petit dernier chez Mi(ni)crobe, illustré en couverture par Maxime Dujardin. C'est là avec un extrait en prime
- Un extrait sur le blog de L'autre Hidalgo là
- Le poète Jean-Baptiste Pédini en livre aussi un autre extrait sur son blog : c'est par là
- un autre extrait sur l’œil dans les actus autour de Microbe là
- dans le Verso n°153, dans la rubrique En salade par Christian Degoutte, il est écrit ; "Une façon de petit récit poétique, de jouer avec les mots, de réfléchir avec humour aux choses écrites avec un doigt dans sa salive, en découpant des journaux , en laissant venir les mots "genre / mrmdl / ou bien / uieeoey". Bien"
"À la lettre" est épuisé chez Microbe, et a été republié en 2017 comme partie du recueil Tu écris des poèmes aux éditions du Cygne
samedi 29 décembre 2012
jeudi 27 décembre 2012
Microbe 75 & Mi(ni)crobe 38
Le Microbe nouveau cru est arrivé, il est entièrement féminin, et ça dépote (sommaire plus bas).
Extrait collage pour la route (que les filles m'excusent de cet arrangement tout à fait subjectif)
Elle veut écrire une phrase circulaire commencée devant le perron du phare Un poème d'amour, mon cul ! Kipling disait "tu seras un homme mon fils" Et je ne l'ai pas épousé celui-là L'histoire ressemble désormais à la chambre, sur les murs la peinture s'écaille par endroits Je ris tellement, avec lui, que j'ai mal derrière ma bouche, en haut de la nuque, à la fin des mâchoires, là où elles s'attachent à trente-deux heures soixante-six pour observer la pluie de rêves filants derrière les rideaux de la fatigue le givre blanc Je ne bouge pas du lit, c'était dimanche hier, Totalement nus / Absolument unis Oreilles, gorge, peau, vulve, une vulve comme un étau Comme je suis : formes parfaites, teint de porcelaine et abord lisse. Tu plies, tu plies le mot l'histoire le fardeau d'elle-même se répète Cette nuit je me suis changée en peau tout est à refaire
(avec par ordre de citation : Perrine Le Querrec, Cathy Garcia, Anna de Sandre, Céline Renoux, Emmanuelle Pagano, Marlène Tissot, Jasmine Viguier, Khun San, Isabelle Guilloteau, Catherine Peintre, Cécile Portier, Jany Pineau, Sabine Huynh, Virginie Holaind , Samantha Barendson)Il est accompagné d'un Mi(ni)crobe by myself, le numéro 38 * : "A la lettre"
Extrait ci-dessous :
"Des fois
assise confortablement
sur la cuvette des toilettes
je réfléchis
profondément
je pense à des trucs
hyper profonds comme
pourquoi une table s'appelle une table
pourquoi un pied ne se dit pas nez
pourquoi maman tient dans trois lettres
pourquoi un beau père est un père laid
pourquoi mrlmdl n'est pas mon nom
Evidemment
si je m'appelais mrlmdl
on ne m'appellerait pas souvent
pour ce que ça changerait... "
Pour les deux si vous êtes intéressés contactez Eric Dejaeger
(plus d'infos en bas sous le sommaire. Pour le Mi(ni)crobe,on peut aussi me contacter -faut voir :)
Ce numéro a été préparé par Jany Pineau.
Au sommaire :
Samantha Barendson
Anna de Sandre
Cathy Garcia
Isabelle Guilloteau
Virginie Holaind
Sabine Huynh
Perrine Le Querrec
Murièle Modély
Emmanuelle Pagano
Catherine Peintre
Jany Pineau
Cécile Portier
Céline Renoux
Khun San
Marlène Tissot
Jasmine Viguier
Illustrations : Sabine Danzé
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 38e mi(ni)crobe signé Murièle Modély : À LA LETTRE*.
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien !
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger.
* note du 20-01-13 : le Minicrobe est épuisé
lundi 24 décembre 2012
mercredi 12 décembre 2012
La soupe
parfois souvent les mots compriment oppressent mon cerveau
je me demande comment diminuer la pression quand pulsent grondent
le bruit le faux le fard l'obscène la crasse le sale l'état foetal
les rats les rires les circonflexes les circonspects les mains battoirs
la trouille le sguègue le pèze le flouze l'écran le masque les miroirs
des pattes de mouches velues poilues pullulent sur
ma bouche mon nez mon sexe mes trous
ça pèse ça pousse ça trouble ça trousse
ma chair ma lymphe & mes humeurs sudoripares
parfois souvent je feins je crains renifle grince
des yeux des dents
tout se contracte
tout se dilate
ma noix éclate
dans un bruit sec
le cerveau coule
dans mes mains coupe
c'est une soupe où flottent molles
des pâtes lettres sans queue ni tête
La tentation des combles de Dominique Boudou
"Alors, évidemment, je me suis posé des questions. Elles s'enfonçaient dans mon cerveau comme une vis sans fin et mon corps tout entier se retenait de crier sa douleur. Qu'est-ce que les autres avaient que je n'avais pas, moi ?"
extrait 1
"... L'horizon dansait au loin et j'aimais ça. J'ai marché jusqu'aux rochers les plus proches, croisé quelques rondouillards à la peau rouge, des joueurs de volley et des joueurs de badminton tout aussi ridicules que les adeptes du frisbee, une chienne qui tirait sa langue toute bleue en rotant et je me suis assis sur la plus haute pierre. J'étais maintenant complètement réveillé. Mon cerveau avait retrouvé toute sa plasticité et j'ai repensé à la bétaillère. Les cochons partaient sans doute à l'abattoir. Ils n'avaient aucune conscience de leur fin prochaine. Et nous, me suis-je demandé ? Où se trouve l'abattoir vers lequel nous nous dirigeons ? Combien d'entre nous ont vraiment conscience de leur fin prochaine, une conscience aiguë qui transfigure leurs perceptions, leurs émotions, leurs actes ?"
extrait 2
et 3, 4, 5.... jusqu'au 14ème extrait à ce jour
C'est beau, et généreux, Dominique Boudou nous offre des bouts de son roman sur son blog... j'ai déjà cité cet auteur là...et il a un blog, un site... et des livres (romans, poésie) à lire absolument
Quand ta mère te tue | Dominique Boudou par borddeleau
mardi 11 décembre 2012
Actus
Le 49ème numéro de Traction-Brabant vient de paraître.
Au sommaire :
Cédric Bernard
Marc Bonetto
Julien Bucci
Michèle Caussat
Uzayir Lokman Cayci
Jean-Marc Couve
Christophe Esnault
Cathy Garcia
Delphine Gest
Thomas Grison
Jacques Laborde
Alain Lacouchie
Xavier Le Floch
Editions associatives du Port d'Attache, chez Jacques Lucchesi
Fabrice Marzuolo
Olivier Millot
Murièle Modély
Morgan Riet
Salvatore Sanfilippo
Guillaume Siaudeau
Michel Talon
Jean-Marc Thévenin
Marc Tison
Florian Tomasini
Pierre Vella
Pour plus d'informations ou pour commander, ça se passe chez l'ami Patrice Maltaverne, par ICI !
Salvatore Sanfilippo
Guillaume Siaudeau
Michel Talon
Jean-Marc Thévenin
Marc Tison
Florian Tomasini
Pierre Vella
Pour plus d'informations ou pour commander, ça se passe chez l'ami Patrice Maltaverne, par ICI !
AU SOMMAIRE
Délit de poésie :
Fanny Sheper ; Walter Ruhlmann ; Pascal Batard ; Jean-Michel Hatton ; Hosho Mc Creesh (Usa)
Le vent d’Anatolie - Zyrànna Zatèli (Grèce)
Dernières nouvelles du Sud - Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski
Ici comme ailleurs de Lee Seung-U (Corée du Sud)
Et quelques délits d’(in)citations tombés sur les coins de pages en flocons d’encre.
Vous buterez sur le bulletin de complicité au fond en sortant, attention, il se peut qu’il cherche à vous séduire. Si ce n’est pas déjà fait, sortez abonnés, c’est bon pour la tête, surtout en hiver.
lundi 10 décembre 2012
dimanche 9 décembre 2012
L'employé de Guillermo Saccomanno
"Il comprend que le destin lui a réservé un message. Celui que contient cette bouteille. Un ver.
Il vide la bouteille et avale le ver. [...]
Il voulait seulement être un autre. Mais il n'est pas un autre, il est celui de toujours, engourdi sur le siège d'un métro vide et obscur. Il sort d'un endormissement imposé par la fatigue, il a la bouche pâteuse et la nausée à cause du ver qu'il a avalé. A son réveil dans l'obscurité, en pleine crise de tachycardie, il comprend : il s'est endormi dans le dernier métro et se retrouve seul en fin de parcours, au-delà du terminus, dans un labyrinthe de tunnels et de voies où les trains resteront immobilisés jusqu'au petit matin. Il est pris au piège. Il n'a pas le choix : il passera la nuit ici, dans le train immobilisé au fond de ce labyrinthe."
extrait p.135 de L'employé de Guillermo Saccomanno, éditions Asphalte, 2012
disponible aussi en numérique, chronique de Christophe Grossi ici
jeudi 6 décembre 2012
Si peu tout de Vincent Motard Avargues
Vincent Motard Avargues, creuse d'un recueil à l'autre sa voie singulière, il sonde les/ses silences, le sentiment de vide, une certaine abstraction... J'avais bien aimé Un écho de nuit, notamment la dernière partie pour la présence féminine, et le surgissement d'images forcément plus sensuelles... (Je ne suis pas toujours sensible à une écriture trop abstraite :).
Avec ce nouveau recueil, Si peu tout, on plonge dans l'intériorité du poète, dans cette "main gantée de silences". Et j'ai aimé l'équilibre très réussi (à mon goût) entre les mots et le blanc dans la page. Chaque poème semble ricocher dans l'espace de la double page, et nous laisse dans ses échos de la place, pour que se dessinent les images, nos images... pour une respiration.
Je trouvais par exemple très beau certaines parenthèses : instant suspendu, et fil continu d'un texte à l'autre...
" Je dormirai
demain
quand la lune
m'assommera
ce goût
en bouche
mon sang frais
vivre
vivre
(vivre)"
extraits de Si peu tout, de Vincent Motard Avargues, Eclats d'encre, 2012
lundi 3 décembre 2012
...par ricochet
"Tu le remplis
avec des cendres
des gravats
et du temps
/
Tu y mettras
tout ce que tu trouves
au bord de toi
/
ton enfance
et la glu salée de tes rêves
tu le rempliras ce ventre"
extraits du recueil Le trou de Thomas Vinau, éditions du Cygne, 2008, p.15-17
jeudi 29 novembre 2012
Tout va bien de Jean Bourgeois
Ce que j'aime dans l'écriture de Jean Bourgeois, c'est ce regard lucide (sans désespérance ?) posé sur le renoncement, l'absence, de l'autre, à soi.
Son recueil commence par une scène de vie intime, par un départ :
"Quelqu'un part
Emportant tout aveclui
Laissant le jardin désert
La maison vide
Le silence à sa traîne
Quelqu'un part, c'est fini"
le début est donc la fin. Et le recueil tout entier répète cette fin, potentielle, réelle, "une menace générale".
"Le menton sur la plage arrière
Je regardais la route se perdre au loin
Aspirée par un pays noir
Sous l'embrasement du ciel
La nuit gagnait
Et la fatigue
Allongé sur le siège
Dans mon demi-sommeil
Je me faisais des films
Je fuyais une menace
Sans trop savoir laquelle
Une menace générale
Des décennies après
C'est moi qui tiens le volant
Et où que j'aille je la sens encore
Je fuis toujours"
Les scènes, les pensées qui se succèdent parlent de ça, la fin, incluse dès le départ. Alors pourquoi ? à quoi bon ?
"Toute fin est légère
Un coup d'aile suffira
Demain sera plume"
Il y a quand même, toujours le mot.
Langues est le dernier poème.
"un habit pur et sans couture
Qu'une grande bête aux gestes noirs
Taille à notre mesure
Souriant déjà de notre effroi
Au premier souffle elle nous l'enfile
Un cri, d'abord, et tout est dit
Puis la blessure ensuite
qui dure
engorgera nos bouches
Ici et là, partout, toujours
le premier mot est un refus
Et les autres ont beau faire
Où nos langues sont pendues"
dimanche 25 novembre 2012
Ana Cristina Cesar
"Je suis très concentrée sur ma panique.
Du tréfonds prenant des mesures préventives. Ma fille, lis ça quand tu auras perdu tout espoir comme aujourd'hui. Tu es mon seul trésor. Tu mords et cries et ne me laisses pas en paix, mais tu es mon seul trésor. Alors écoute-bien; prends ce sirop, viens dans mes bras, et repose-toi; dors, je veillerai sur toi et je n'ai pas peur; dors, dors.
Je suis grande, je reste éveillée très tard.
Je veux te dire la chambre immobile et tout ce qu'il y a dedans et pas de ville dehors ni réseaux de parenté. Ici j'ai des machines pour me distraire, une télé de chevet, des bandes magnétiques, des cartes postales, des cahiers de différentes tailles, un coupe-ongles, deux
pyrex et j'en passe. Rien dehors et ma tête parle toute seule, comme ça,
dans un mouvement pendulaire: apparaître, disparaître. Retiens bien cette chambre étale avec machines, tête et pendule qui battent. Retiens-la bien. Ça comptera plus tard."
Ana Cristina Cesar, Gants de peau & autres poèmes, traduction de Michel Riaudel et Pauline Alphen, Chandeigne, 2005.
lu là
sur Ana Cristina César là, ou là (entre autre...)
samedi 24 novembre 2012
jeudi 22 novembre 2012
Antoine Emaz à Toulouse
Rencontre avec Antoine Emaz à la médiathèque José Cabanis
à Toulouse le 23 novembre à 18h, grand auditorium
à Toulouse le 23 novembre à 18h, grand auditorium
"on touille un reste de mots
le juste nécessaire
on a fait le plus dur
bleu risible
on rouille, on tousse
on finit par vieillir
c'est plus simple
on l'aura vu venir
l'usure"
RAS, Antoine Emaz, dessins Djamel Meskache, éditions Tarabuste, 2001
___________________________________________________________
Addenda du 12/12/12 : La vidéo de la rencontre ci-dessous___________________________________________________________
Rencontre avec Antoine Emaz par BibToulouse
mercredi 21 novembre 2012
Cairns
Cairns, recueil initié, mis en forme, mis au jour :) par Jean-Louis Millet
Textes de Cathy Garcia, Anna Jouy, Isabelle Le Gouic, Carole Saint Louis, Werner Lambersy, Jean-Louis Millet, Le Rien quotidien, Bruno Toméra, Vincent, & myself sur des épures de Jean-Louis Millet
à feuilleter là
Germaine Chaumel : exposition au Bazacle à Toulouse
Fête des pêcheurs de Toulouse
Femme dans le débarquement
Germaine CHAUMEL (1895-1982), une photographe dans son temps
20 novembre 2012 au 24 février 2013 - Galerie de l'OEil
"Femme et photographe de et dans son temps, Germaine Chaumel
s’inscrit pleinement à Toulouse dans le courant photographique «
humaniste » qui se développe alors notamment à Paris. A l’occasion du
30e anniversaire de sa mort, la Ville de Toulouse a décidé de rendre
hommage à cette photographe qui fut l’un des grands témoins de son
histoire..."à l'Espace EDF Bazacle - Toulouse
"
samedi 17 novembre 2012
La fragilité d'Estelle Beauvais
LA FRAGILITE - PROLOGUE (version française) from Estelle Beauvais on Vimeo.
La fragilité, série d'Estelle Beauvais : le site
samedi 10 novembre 2012
![]() |
My aunt's ghost - Vesna Bursich |
Il s’agit de refaire ce qui n’est pas fini
de jeter sur la toile le tu le elle
reconstruire réinventer
le je de miroirs
Il s’agit de revivre ce qui n’a pas vécu
le tu le elle et moi
rebâtir la colonne
et dévier de nouveau
Sentir l’écart
se creuser
là
tout en haut
les trouées d’air
dans mon cerveau
Je prends des souvenirs
n’importe lesquels
l’ordre n'a pas d’importance
leur véracité non plus
un jour le fil a cessé de se tendre
mon corps est un tissu
rempli de trous
une plaine où s’ébattent
de joyeux fous
Je prends un souvenir
n’importe lequel
j’y enfourne une humeur
un paysage
les gens autour de moi
sont des paysages
être n’est que paraître
singer
représenter
Les gens autour de moi
des scènes des portraits
en pieds
il s’agit de refaire tout ce que j’ai vécu
l’écrire
le réécrire
barbouiller le tableau
de jeter sur la toile le tu le elle
reconstruire réinventer
le je de miroirs
Il s’agit de revivre ce qui n’a pas vécu
le tu le elle et moi
rebâtir la colonne
et dévier de nouveau
Sentir l’écart
se creuser
là
tout en haut
les trouées d’air
dans mon cerveau
Je prends des souvenirs
n’importe lesquels
l’ordre n'a pas d’importance
leur véracité non plus
un jour le fil a cessé de se tendre
mon corps est un tissu
rempli de trous
une plaine où s’ébattent
de joyeux fous
Je prends un souvenir
n’importe lequel
j’y enfourne une humeur
un paysage
les gens autour de moi
sont des paysages
être n’est que paraître
singer
représenter
Les gens autour de moi
des scènes des portraits
en pieds
il s’agit de refaire tout ce que j’ai vécu
l’écrire
le réécrire
barbouiller le tableau
publication initiale sur
le journal poétique jeté sur l'aube d'Anna Jouy
(vases communicants de novembre)
jeudi 8 novembre 2012
vendredi 2 novembre 2012
Tarot-Eros par Anna Jouy
Vais-je m’élancer ainsi, me prendre un pied dans le ciel ? Inversion de fortune, ma maison peut-être tremble ? Les oiseaux sortent de terre vers des refuges de nuages. Ai-je perdu mes petites ailes dorées et est-ce une pluie de métaux lourds qui cinglera de mes pavés ?
Attraction permutée, pôles démagnétisés, ma vie se détache comme la plèvre des grandes tuberculoses. Je quitte ses bases et brasse des deux mains. M’accrocher à des cendres fugaces. Tenir ou ne tenir à rien…
il va neiger.
C’est qu’arrive le temps des cabrioles et de ces allègements de la tête. C’est bien. J’atteins à grands trous, l’effet de passoire. Une pluie à rebours. Nuages et avortement de coton. Mais si le ciel me donne signes, pourquoi fait-il en mon ventre des fœtus morts et ces injections de foutre candide ? Mes entrailles seront-elles le dernier espace mûr avant la folie ?
il va neiger n’est-ce pas ?
Soleil silo. Il me crache sur l’île des sueurs. (pour lui poète trouble) fraternité des souches et de l’étoupe, le fleuve à l’entonnoir. Un fil rouge vient de saigner ma gorge et mes points de côtés. L’astre entre glaives et piqûres écrit sur ma peau des basanes profondes, y grave une ride à la ligne. Les flots qui m’enceignent sont si clairs, je crois qu’ils arrivent des soupirs du monde. À la rouelle, ils distribuent nos efforts. Temps de lumière et temps de feu. C’est vivre qui importe et le jour est ce territoire ouvert.
neigera-t-il, dis moi… ?
Tenir à la main le bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens porter la cartouchière du bonheur et des lueurs. La munition essentielle! Dans mon baluchon, que des pierres, pour l’équilibre des pas et ne pas monter trop vite. Briser mon genou pour ce repas de membres désossés. J’ai des choses à vivre qui n’auront rien de léger.
Enfin ! Tous mes flocons montent au ciel.
Détachée, puisque Anna je « suie »
Et j’écris
Tirage tarot
Maison-Dieu /envers 16
Soleil / endroit 19
Le mat/ endroit (sans nombre)
Total 35 3+5 = 8 la justice qui écrit une plume à ses pieds et tient la folie dans l’équilibre biaisé des tensions
“Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations.”
Mon texte chez Anna. Vous pourrez lire ici même d'autres textes d'Anna Jouy là et là
La liste des vases communicants est comme d'habitude disponible sur le blog dédié, le groupe facebook ou le scoop-it.
Attraction permutée, pôles démagnétisés, ma vie se détache comme la plèvre des grandes tuberculoses. Je quitte ses bases et brasse des deux mains. M’accrocher à des cendres fugaces. Tenir ou ne tenir à rien…
il va neiger.
C’est qu’arrive le temps des cabrioles et de ces allègements de la tête. C’est bien. J’atteins à grands trous, l’effet de passoire. Une pluie à rebours. Nuages et avortement de coton. Mais si le ciel me donne signes, pourquoi fait-il en mon ventre des fœtus morts et ces injections de foutre candide ? Mes entrailles seront-elles le dernier espace mûr avant la folie ?
il va neiger n’est-ce pas ?
Soleil silo. Il me crache sur l’île des sueurs. (pour lui poète trouble) fraternité des souches et de l’étoupe, le fleuve à l’entonnoir. Un fil rouge vient de saigner ma gorge et mes points de côtés. L’astre entre glaives et piqûres écrit sur ma peau des basanes profondes, y grave une ride à la ligne. Les flots qui m’enceignent sont si clairs, je crois qu’ils arrivent des soupirs du monde. À la rouelle, ils distribuent nos efforts. Temps de lumière et temps de feu. C’est vivre qui importe et le jour est ce territoire ouvert.
neigera-t-il, dis moi… ?
Tenir à la main le bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens porter la cartouchière du bonheur et des lueurs. La munition essentielle! Dans mon baluchon, que des pierres, pour l’équilibre des pas et ne pas monter trop vite. Briser mon genou pour ce repas de membres désossés. J’ai des choses à vivre qui n’auront rien de léger.
Enfin ! Tous mes flocons montent au ciel.
Détachée, puisque Anna je « suie »
Et j’écris
Tirage tarot
Maison-Dieu /envers 16
Soleil / endroit 19
Le mat/ endroit (sans nombre)
Total 35 3+5 = 8 la justice qui écrit une plume à ses pieds et tient la folie dans l’équilibre biaisé des tensions



pour Maryse Hache
Premier vendredi du mois, c'est vase communicant, second passage de flux entre Anna Jouy et moi-même : “Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations.”
Mon texte chez Anna. Vous pourrez lire ici même d'autres textes d'Anna Jouy là et là
La liste des vases communicants est comme d'habitude disponible sur le blog dédié, le groupe facebook ou le scoop-it.
mercredi 31 octobre 2012
Elle enfile le costume d'une mère
ce n'est pas si étroit ça tire juste un peu
dans le cou sur les fesses
Elle enfile la mue opale et muette
regarde tomber tous les petits bouts de peaux
des spectres à venir
La mue vitreuse sur sa chair
elle regarde l'enfant qui danse décousue
la pâle enveloppe qui bée à la fenêtre
Elle enfile
et comprend qu'au fond
elle porte le costume
depuis la nuit des temps
C'est ce que dit sa bouche
la bouche
la grimace improbable
contrefait le sourire
Aux commissures les plis
de peaux l'accumulation de peaux
toutes ces peaux de mères
Oh le cher épiderme et ses profonds mystères
qu'elle regarde incrédule façonner l'autre même
mardi 23 octobre 2012
lundi 22 octobre 2012
Martina on the floor - Vesna Bursich
bien sûr que t'aimerais recommencer
reprendre depuis depuis le début
le point l'amorce sous ton oeil le clic
la syllabe première avalant le silence
bien sûr que t'aimerais avaler
de nouveau à petit petits pas
vernix caseosa la page blanche
juter les mots légers du bout des manches
ne plus entendre
le déferlement
ne plus
cette avalanche
ne plus
nourrir les monstres
ne plus
bien sûr que t'aimerais
que j'aimerais
bien sûr
ne plus user
abuser
du tu du elle et moi
du toi tais toi t'es elle et quoi
au milieu des phonèmes le brouhaha
des mille et une et une et une et une voix
voies vois voilà les signes les lignes les moi
l'émoi et puis ta et puis sa et puis ma peur
et puis là meurt la mer l'amer toutes les mers
le tsunami des mots dans lequel tu elle je te
se me noie les noeuds incompréhensibles
indéfectibles les nœuds de ton de son de mon
identité
lundi 15 octobre 2012
![]() |
Tu arrêtes ta course
contre mon corps
la sueur goutte à goutte
contre mes doigts
et j'aperçois
dans l'agitation
de ton cœur bleu
toutes les histoires à venir
toutes ces angoisses à bannir
l'urgence de mon évacuation
dans le friselis de ton sang
/
Ma chérie
je t'ai acheté cette minuscule boîte à couture
qui te faisait tant envie
tu vois
regarde
regarde au creux de ma paume
les bobines de fils dorés
le petit mètre et les épingles d'argent
à planter
au coeur de l'ouvrage
il ne manque rien ma chérie
tiens
prends la minuscule paire de ciseaux
mes doigts sont bien trop gros
et coupe
coupe
trace une ligne bien droite
dans le tissu
lundi 8 octobre 2012
Les tas de mots n°10
Tas de mots* de l’automne
Au sommaire de ce tas de feuilles bien vivantes :
Jean-Christophe Belleveaux
Kévin Broda
Cédric Bernard
Guillaume Decourt
Samuel Dudouit
Chantal Godé-Victor
Aurore Guillemette
Ludovic Joce
Perrin Langda
Gérard Lemaire
Alain Leylavergne
Christophe Liron
Murièle Modély
Vincent Motard-Avargues
Jean-Baptiste Pedini
Thierry Radière
Morgan Riet
Eric Savina
Philippe Simon
François Teyssandier
Marlène Tissot
Un extrait :
Des lignes
Des esquifs, des esquisses, des bouées. Une, deux lignes lancées du quai. Parfois la prise d’une raie, d’un rai, un sens saisi, revenu dans l’encre et la brume. Pour des tonnes de plombs lancés, couchés, échoués. Cloués sur les planches, rongés par le sel, des restes d’instants et des écueils, des écailles reflétées. Derrière le gris des mines, les vagues grises, incliner la tête et refléter des lumières éteintes ou ténues. Tenir la canne et sortir une seiche. Sécher sur le quai, le pied trop ancré pour retrouver, se retrouver. Et patienter, revenir, replonger, ressentir sous la ligne la vibration, remonter, reposer. Reposer la ligne, l’abandonner et laisser flotter puis dériver. Renoncer. Reprendre. Sur les mailles élimées, lier de nouvelles lignes, tisser deux courants et tenir le tirant. Reprendre le mot pour ce qu’il est. Vider, écailler, tanner le reste d’instants, d’écueils. Actionner des verbes pour poser une inertie et la rappeler à la souvenance, car le sable marche et ne trace pas. Des croix sur le temps. Sur du temps. Senser la marche et saisir le sable.
Cédric Bernard.
* 27, rue de la Fosse-Frandemiche – 14330 Le Molay-Littry – Abonnement : 15 euros pour 4 n°- Pour tous renseignements supplémentaires et proposition de textes : alain.leylavergne@gmail.com ou morganriet@live.fr
reprise intégrale du post de ce jour par Morgan Riet :))
dimanche 7 octobre 2012
vendredi 5 octobre 2012
Arbres
Anna & Bernhard Blume: Sequenz aus
der Serie "Im Wald" (Metaphysik ist
Männersache), 1989-91, Analog
fotografiert, © VG Bild-Kunst, Bonn 2008
Cyprès
La ville des arbres et la ville des hommes sont l’une dans l’autre, peu d’hommes le savent.
Les arbres grandissent au milieu des espaces névralgiques de la ville, leurs racines déploient sous nos pieds, un réseau souterrain de veinules qui irriguent les cœurs.
Les hommes, les femmes, marchent, pulsent ; leurs pas tissent de complexes radicelles, entre l’orme des places et les bois tout autour.
Ils vivent toutefois sans égard l’un pour l’autre, l’agitation des hommes et l’immobilité des arbres s’emmêlant sans un heurt. La respiration lente des jardins tempère la circulation des citadins : le silence pousse dans le vacarme urbain. Les platanes, Les chênes, les saules, les enfants, les vieillards, les herbes folles, chacun a sa place, à la fois unique et semblable.
Parfois cependant, il devient impossible de différencier une essence d’un corps. Les arbres sont des hommes, et les hommes sont des arbres. Raides, plantés dans le jardin, le vent dans les cheveux, les feuilles, ils songent que la ville des arbres et la ville des hommes sont faites l’une de l’autre.
Peuplier
De temps en temps, elle va rompre l’écoulement monotone de son existence dans un jardin public. Elle se plaît à regarder l’agencement régulier des essences familières. Les grilles autour de ce déploiement vert l’isolent du désordre et ceignent son angoisse. Tout est si maîtrisé : l’allée de bitume, de chaque côté l’herbe rase, et les arbres postés en ligne droite.
Elle s’assoit sur un banc, juste en face du bassin, où des enfants viennent faire des vagues. Elle aime leur agitation fraîche, qui chasse le silence. Non qu’elle ne parle à personne, les gens dans l’immeuble, dans la rue, et dans l’établissement où elle se rend, aussi souvent que l’exige l’administration, l’interpellent généralement très fort.
Mais dans le jardin, les voix ne claquent pas. Le chuchotis des feuilles coule sur sa tête, ses épaules ; l’élastique tendu entre ses omoplates doucement se détend. Le chant des arbres lui rappelle, sans qu’elle s’en rende vraiment compte, les berceuses de l’enfance.
Parfois un homme s’assoit tout près d’elle, le banc est à l’ombre d’un cerisier. Elle observe alors les ombres dessiner des nuages, sur sa joue et sa bouche. Un homme s’arrête, s’assoit, puis s’en va, quand il sent son regard.
Hêtre
Cyprès
Peuplier
Hêtre
C’est écrit sur la plaque fixée sur les troncs d’arbre.
Mais on a beau essayer, insister, on peine à faire coïncider l’arbitraire assemblage de lettres, aux découpes précises des feuilles, aux variations subtiles des teintes d’écorces d’arbres. On ne reconnaît rien : il y a le mot et la chose. L’arbre est une chose. Et chaque mot tend ses hampes, ses courbes, ses boucles parallèles, pour dire une autre histoire. Dans le jardin, on avance en tremblant, comme dans un conte… chaque nom d’arbre devenant la forêt tout entière : opaque et débordant d’un pénétrant mystère.
texte en partie publié sur FPDV & illustré d'un photo de Bruno Legeai hier
jeudi 4 octobre 2012
Jardins - FPDV octobre
Troisième participation commune pour Bruno Legeai (http://autredi.blogspot.fr/) et moi-même à la revue virtuelle FPDV
C'est par là !
C'est par là !
lundi 1 octobre 2012
Suspension - © Robert and Shana Parkeharrison
Ta peur
mon coeur
est une bulle qui monte
et je passe mon temps
à sauter haut
toujours plus haut
à tenter vainement
le corps
toujours plus lourd
les boulets de l'effort
aux chevilles
l'éclatement furieux
/
Il faut que les mots crèvent
et que le coeur mousse son goût de savon
/
Ta peur est une bulle
la mienne est de béton
la fureur est lègère ou lourde
c'est selon
/
D'ailleurs
ta peur n'est pas la peur
ce truc qui palpite, ligote
immobilise au lit
à la table ou au sol
ta peur n'est pas ma peur
la bulle monte, flotte
provoque éclats de rires
et joies idiotes
samedi 29 septembre 2012
Un jour
Un jour
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue
Je serai toute sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur les épaules
Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
avec une cuillère
le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire
qui
.........que
..................si
.....................non
*
Non ?
Pour pouvoir dire, je lis. J’achète des livres et je lis. J’emprunte des livres et je lis.
J’essaie par tous les bouts de combler mon retard, des siècles et des siècles perdus dans les broussailles.
J’avale page à page des kilos de papier. Je déchire en morceaux, le plat supérieur, le plat inférieur, les contreplats, les tranchefiles, les gardes marbrées, les feuilles froissées. J’émiette, je mâche, je déglutis. La bouillie peine à fondre dans le jus de salive. J’essuie mécaniquement d’un revers de la main, le filet de culture qui tombe entre mes seins. Je dois tout avaler, ne pas perdre une goutte, même pas l’encre bleue qui s’infiltre en naevus sur ma langue poisseuse.
Ca descend.
Mon ventre enfle.
Je crois que je digère.
Mais c’est juste l’overdose. Mon corps hypertrophié de trop de cellulose.
Je m’en fous.
Mes yeux, ma bouche, mon nez : je veux tout barbouiller.
Etaler sur ma face, ma gueule de limace, les mots lus, entendus, mal compris, en désordre, recrachés, de travers.
Je cravache, je besogne, je suis en ahanant ceux qui savent.
Je ramasse, l’air de rien, ce qu’ils laissent, derrière eux. J’assemble vite vite deux trois jolies formules.
Il n’y a pas de miracle. Mes mots suintent encore une odeur de ranci.
J’insiste, je recommence, j’enfonce mes deux doigts tout au fond de ma gorge. Toujours pas le miracle.
Non.
Je ne peux que vomir mon étique pensée.
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue
Je serai toute sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur les épaules
Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
avec une cuillère
le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire
qui
.........que
..................si
.....................non
*
Non ?
Pour pouvoir dire, je lis. J’achète des livres et je lis. J’emprunte des livres et je lis.
J’essaie par tous les bouts de combler mon retard, des siècles et des siècles perdus dans les broussailles.
J’avale page à page des kilos de papier. Je déchire en morceaux, le plat supérieur, le plat inférieur, les contreplats, les tranchefiles, les gardes marbrées, les feuilles froissées. J’émiette, je mâche, je déglutis. La bouillie peine à fondre dans le jus de salive. J’essuie mécaniquement d’un revers de la main, le filet de culture qui tombe entre mes seins. Je dois tout avaler, ne pas perdre une goutte, même pas l’encre bleue qui s’infiltre en naevus sur ma langue poisseuse.
Ca descend.
Mon ventre enfle.
Je crois que je digère.
Mais c’est juste l’overdose. Mon corps hypertrophié de trop de cellulose.
Je m’en fous.
Mes yeux, ma bouche, mon nez : je veux tout barbouiller.
Etaler sur ma face, ma gueule de limace, les mots lus, entendus, mal compris, en désordre, recrachés, de travers.
Je cravache, je besogne, je suis en ahanant ceux qui savent.
Je ramasse, l’air de rien, ce qu’ils laissent, derrière eux. J’assemble vite vite deux trois jolies formules.
Il n’y a pas de miracle. Mes mots suintent encore une odeur de ranci.
J’insiste, je recommence, j’enfonce mes deux doigts tout au fond de ma gorge. Toujours pas le miracle.
Non.
Je ne peux que vomir mon étique pensée.
Initialement publié sur le blog de Morgan Riet dans le cadre des vases communicants
vendredi 21 septembre 2012
73 - 12 - 4 ...etcetera
Alors, cette série de chiffres ne correspond ni à une formule mathématique, ni aux trois premiers (bons) numéros du loto... mais au nouveau numéro de la revue Microbe (73), qui fête sa 12è année d'existence, et pour moi c'est la 4è participation à la revue minuscule et impertinente.
Pour s'abonner / commander c'est par là
Avec ce 73e numéro à l’impression, le Microbe fête ses douze années d’existence. Ce numéro a été préparé par Hélène Dassavray.
Au sommaire :
Antoine
Stéphane Berney
David Deleau
Hélène Dassavray
Lydia Greene
Alix H
Brigitte Léchine
Marianne Leroy
Mu Lm
Denis Michel
Flore Naudin
Polaker
Latifa Sauvignet
Tacite
Thomas Vinau
Illustrations : Polaker
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 36e mi(ni)crobe signé Hélène Dassavray : LES FEMMES FATALES SONT-ELLES MORTELLES ?
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger
_______________________________________________________________________
Et le Comme en poésie , de Jean Pierre Lesieur, n° 51 est sorti... avec un copieux sommaire (première publication pour moi, avec trois de mes poèmes). En savoir plus là
Pour s'abonner / commander c'est par là
Au sommaire :
Antoine
Stéphane Berney
David Deleau
Hélène Dassavray
Lydia Greene
Alix H
Brigitte Léchine
Marianne Leroy
Mu Lm
Denis Michel
Flore Naudin
Polaker
Latifa Sauvignet
Tacite
Thomas Vinau
Illustrations : Polaker
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 36e mi(ni)crobe signé Hélène Dassavray : LES FEMMES FATALES SONT-ELLES MORTELLES ?
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger
_______________________________________________________________________
Et le Comme en poésie , de Jean Pierre Lesieur, n° 51 est sorti... avec un copieux sommaire (première publication pour moi, avec trois de mes poèmes). En savoir plus là
jeudi 6 septembre 2012
Eté (II) de Bernard Chambaz
"(séquence 627)
car tu cueillais des mûres
vers la fin du mois d'août
tu en mangeais une sur deux. l'autre tu la mettais dans un pot
de confiture vide. tes lèvres étaient noires.
y penser
devant ces ronciers me serre le coeur. l'écrire
par moins dix-sept degrés centigrades sous des flocons de neige me resserre le
coeur.
mais te revoir
cueillir des mûres vers la fin du mois d'août
reste sans prix. sinon
pourquoi continuer à rouler"
Eté (II) poème : chants VI à X, Bernard Chambaz, Flammarion, 2010, p.75
chroniqué sur Poezibao
car tu cueillais des mûres
vers la fin du mois d'août
tu en mangeais une sur deux. l'autre tu la mettais dans un pot
de confiture vide. tes lèvres étaient noires.
y penser
devant ces ronciers me serre le coeur. l'écrire
par moins dix-sept degrés centigrades sous des flocons de neige me resserre le
coeur.
mais te revoir
cueillir des mûres vers la fin du mois d'août
reste sans prix. sinon
pourquoi continuer à rouler"
Eté (II) poème : chants VI à X, Bernard Chambaz, Flammarion, 2010, p.75
chroniqué sur Poezibao
lundi 3 septembre 2012
Francesco Pittau, poète
Allez voir du côté de Ma plume sur la commode (quel beau nom de blog, n'est-ce pas ? avant même d'entrer, on sent bien que la maison sera dense...), découvrir les textes de Mr Francesco Pittau, parce qu'en plus d'être un auteur de littérature jeunesse de talent, c'est un grand poète.
Des extraits des petits bijoux que vous pourrez lire là bas :
L'heure du bain
"Elle baignait son enfant dans
La vasque en grès rose
Lui murmurait des refrains
Improvisés vastes comme son
Cœur elle baignait le sang
De son sang les yeux de ses yeux
Dans une eau parfumée
Où la chair tendre s’amollissait
Comme la pulpe des doigts..."
Rêver la brûlure
"Dans la nuit le
Feu cavalait sur
L’horizon comme
Une bête effarouchée
Ravageant sur son
Passage
Les citronniers
Et les orangers assoupis
Les vignes vrillées
Et les figuiers aux
Feuilles plus larges
Que deux paumes..."
et plein d'autres textes (poèmes, nouvelles) pour les crépitements sous la langue et les yeux ;)
Des extraits des petits bijoux que vous pourrez lire là bas :
L'heure du bain
"Elle baignait son enfant dans
La vasque en grès rose
Lui murmurait des refrains
Improvisés vastes comme son
Cœur elle baignait le sang
De son sang les yeux de ses yeux
Dans une eau parfumée
Où la chair tendre s’amollissait
Comme la pulpe des doigts..."
Rêver la brûlure
"Dans la nuit le
Feu cavalait sur
L’horizon comme
Une bête effarouchée
Ravageant sur son
Passage
Les citronniers
Et les orangers assoupis
Les vignes vrillées
Et les figuiers aux
Feuilles plus larges
Que deux paumes..."
et plein d'autres textes (poèmes, nouvelles) pour les crépitements sous la langue et les yeux ;)
lundi 20 août 2012
Les cailloux
l'été, il y a les cailloux chauffés à blanc
contre ta joue tes cuisses sous mes talons
des pierres polis dans le lit sur les chaises
sous les carreaux du sol de la maison
comme il fait chaud et que tout fond
je sens à chaque pas rouler sous nos semelles
les cailloux ronds comme autant d'os blancs
une multitude de genoux qui tapissent
chaque centimètre carré de notre lieu d'habitation
-tu ne dis plus chez nous- l'ossuaire, avec vue sur la rue
supporte les claquements secs de nos hésitations
l'été, l'automne -en fait à chaque nouvelle saison
des cailloux tombent de ta bouche de la mienne
les mots hors de corps sèchent
toi d'un côté de la pièce moi de l'autre
à faire de nos minuscules pas de côté
une dessication brute de baisers
il y a les cailloux
et nos canines chauffées à blanc
mardi 14 août 2012
Soudain l'explosion :
la chaleur se répand
du cuir chevelu
jusqu'au bout des orteils
Il n'y a pas de flammes
le soleil n'est qu'un rond
trop jaune sur le bleu
trop bleu du ciel
Et les rayons qui tombent
entre tes cuisses, ses bras
grésillent à peine l'herbe
écrasée sous ton poids
La fin du monde
a l'odeur de cheveux
crépitant sous des
doigts noirs de suie
La bombe qui éclate
ne vous disperse pas
Toi et lui sur le bord
de l'étang allongés
muets, brûlants loin
très loin de peau
Cette jouissance qui crève
ne vous rassemble pas
Dans l'après-midi morne
qui n'en finit jamais
sous le ciel sans accroc
deux corps carbonisés
samedi 11 août 2012
Tu trouves enfin
Les fins d'après midi torrides
annoncent toujours
des soirées électriques
et ça ne manque pas
il rit
un rire énorme
qui fait saigner
la nuit
sous la guirlande
il rit
tu vois entre ses dents
une olive charnue
sous les grelots
juste avant le trou noir
la chair mâchée
et tu penses à mesure
que le rire gonfle
son cou de boeuf
que le voilà ton coeur
le vide dans ta poitrine
la terre tout en dessous
la terreur au-dessus
toutes ses mains qui passent
repassent dans ton corps
le monde qui tourne encore
puis tu ne penses plus
tu plantes ton couteau
ta langue
dans sa bouche
et basta
annoncent toujours
des soirées électriques
et ça ne manque pas
il rit
un rire énorme
qui fait saigner
la nuit
sous la guirlande
il rit
tu vois entre ses dents
une olive charnue
sous les grelots
juste avant le trou noir
la chair mâchée
et tu penses à mesure
que le rire gonfle
son cou de boeuf
que le voilà ton coeur
le vide dans ta poitrine
la terre tout en dessous
la terreur au-dessus
toutes ses mains qui passent
repassent dans ton corps
le monde qui tourne encore
puis tu ne penses plus
tu plantes ton couteau
ta langue
dans sa bouche
et basta
jeudi 9 août 2012
Tu veux ma main ?
Sur la terrasse
du bar Les Tilleuls
dans la lumière poisseuse
du début d'un mois d'août
tu vois tomber les ombres
quand tu bouscules la table
le cri strident et continu
des étourneaux dans l'arbre
l'homme assis
de l'autre côté
avale sans un mot
de grandes lampées d'alcool
l'air est chaud, le soleil haut
et les feuilles des arbres
dessinent sur sa joue
des cartes
des routes inconnues
dans les touffes de poils
ces îlots que la mer balaie
certains soirs
tu regardes l'homme
et sa glotte à chaque déglutition
son humeur descendante
ce récif où s'échouent
invariablement
tes voyages
ton incessant
ton frémissant
naufrage
du bar Les Tilleuls
dans la lumière poisseuse
du début d'un mois d'août
tu vois tomber les ombres
quand tu bouscules la table
le cri strident et continu
des étourneaux dans l'arbre
l'homme assis
de l'autre côté
avale sans un mot
de grandes lampées d'alcool
l'air est chaud, le soleil haut
et les feuilles des arbres
dessinent sur sa joue
des cartes
des routes inconnues
dans les touffes de poils
ces îlots que la mer balaie
certains soirs
tu regardes l'homme
et sa glotte à chaque déglutition
son humeur descendante
ce récif où s'échouent
invariablement
tes voyages
ton incessant
ton frémissant
naufrage
... Fouiller la merde
Le garçon assis à la terrasse du café, de l'autre côté de la rue, te regarde.
Il porte un pantalon moulant bleu électrique et boit quelque chose de très fort. Tu te dis que c'est fort, à cause de l'air féroce. Car bien que tu n'aies pas tout récupéré de tes organes, tu te vois parfaitement à travers son regard, soufflant, renâclant, de larges auréoles de sueur sous les bras.
Tu es à quatre pattes sur le trottoir, les doigts tendus entre les croisillons de la grille en fonte. Tu grattes et tentes désespérément d'attraper un morceau de chair noire, qui surnage sur l'amoncellement de débris tout au fond. Tu respires bruyamment, en agitant ton derrière d'avant en arrière. Peut-être, penses-tu, que ce mouvement t'aidera à allonger tes doigts courts.
Ou peut-être pas.
C'est que tu as collé provisoirement ta pommette à ta fesse gauche. Cela te rend particulièrement maladroite, et ridicule, par terre à quatre pattes comme un animal. Et pendant que les gouttes de sueur tombent une à une de ta narine, tu songes qu'on ne mesure pas assez l'utilité de la fesse droite avant de l'avoir perdu.
Le garçon terrible, au pantalon en lycra, lance un large sourire dans ton dos. Cela fait comme une petite décharge sur la raie de tes fesses. Tu regrettes d'avoir mis ce legging blanc. Tu regrettes, mais quand même tu continues à balayer l'amas d'immondices du bout de l'ongle, en bougeant ton derrière.
Bien sûr, tu ignores de quoi il s'agit... Comment savoir avant d'être complètement rassemblée, ce que désire cet autre corps ? Dans ta tête, des pensées décousues fusent et s'éteignent. Une main, tes cheveux, une table. Tu grognes, tu renifles, tu insistes, tout glisse. Tu ne penses pas, tu vois.
Ses lèvres retroussées sur trente deux dents pointues. Le courant électrique qui jaillit du dessous de la table. Le reste de ton corps fendu en deux, et tes doigts qui s'obstinent à remuer sans fin toute cette merde.
- Eh la grosse ! Tu veux ma main ?
Tu es à quatre pattes sur le trottoir, les doigts tendus entre les croisillons de la grille en fonte. Tu grattes et tentes désespérément d'attraper un morceau de chair noire, qui surnage sur l'amoncellement de débris tout au fond. Tu respires bruyamment, en agitant ton derrière d'avant en arrière. Peut-être, penses-tu, que ce mouvement t'aidera à allonger tes doigts courts.
Ou peut-être pas.
C'est que tu as collé provisoirement ta pommette à ta fesse gauche. Cela te rend particulièrement maladroite, et ridicule, par terre à quatre pattes comme un animal. Et pendant que les gouttes de sueur tombent une à une de ta narine, tu songes qu'on ne mesure pas assez l'utilité de la fesse droite avant de l'avoir perdu.
Le garçon terrible, au pantalon en lycra, lance un large sourire dans ton dos. Cela fait comme une petite décharge sur la raie de tes fesses. Tu regrettes d'avoir mis ce legging blanc. Tu regrettes, mais quand même tu continues à balayer l'amas d'immondices du bout de l'ongle, en bougeant ton derrière.
Bien sûr, tu ignores de quoi il s'agit... Comment savoir avant d'être complètement rassemblée, ce que désire cet autre corps ? Dans ta tête, des pensées décousues fusent et s'éteignent. Une main, tes cheveux, une table. Tu grognes, tu renifles, tu insistes, tout glisse. Tu ne penses pas, tu vois.
Ses lèvres retroussées sur trente deux dents pointues. Le courant électrique qui jaillit du dessous de la table. Le reste de ton corps fendu en deux, et tes doigts qui s'obstinent à remuer sans fin toute cette merde.
- Eh la grosse ! Tu veux ma main ?
mercredi 8 août 2012
Une fois coupée en deux... que faire ?
tu passes la matinée à ramasser les morceaux
tu retrouves un bras caché sous l'herbe sèche
ton ventre souillé couvert de mouches dans une flaque
tes yeux, ta langue, ton nez ont ricoché dans les ornières
tu hésites puis tu cours entre les sifflements des voitures
tu ramasses, ça klaxonne, tu as peur et tu cherches
tu vois en plissant les yeux dans un mirage
sous les papiers mâchés par l'averse de la veille
tout luisants de mousse tes ongles roses
cinq de tes dix doigts dans la rigole
tu cherches un cœur
mais tu ne trouves pas
ton cœur
où a-t-il pu rouler ?
tu retrouves un bras caché sous l'herbe sèche
ton ventre souillé couvert de mouches dans une flaque
tes yeux, ta langue, ton nez ont ricoché dans les ornières
tu hésites puis tu cours entre les sifflements des voitures
tu ramasses, ça klaxonne, tu as peur et tu cherches
tu vois en plissant les yeux dans un mirage
sous les papiers mâchés par l'averse de la veille
tout luisants de mousse tes ongles roses
cinq de tes dix doigts dans la rigole
tu cherches un cœur
mais tu ne trouves pas
ton cœur
où a-t-il pu rouler ?
dimanche 5 août 2012
il faut lire Dennis Kelly
"Et là Dieu salive, il est sur le bord de son putain de fauteuil, il bave de plaisir,
Il voit leur amour, leur mariage, leurs bagarres, leurs disputes, leur premier né, la conception et la gestation d'une petite fille et nous-y voilà, et Dieu est là aussi, le jour fameux, ce jour-là, le jour où ma mère se plaint de douleurs, de douleurs terribles, et mon père, qui sait déjà que la vie l'a renié, mon père assis saoul et hébété devant la télé à regarder la vie qu'il voudrait en baignant dans celle qu'il déteste, mon père ne fait pas attention à elle, lui crie dessus, va te faire foutre, tu n'es pas encore à terme, il y a des mois encore, c'est juste des gaz espèce de grosse conne, et le moment est venu, le moment est venu et Dieu salive pendant que mon père refuse, ne veut pas, ne veut pas aller chercher de l'aide, ne veut pas croire qu'il y a quelque chose -
Et soudain
Son appendice éclate.
Et elle meurt
C'était ça le moment attendu.
C'était ça.
Et Dieu retombe dans son fauteuil.
Il s'en roule une petite
Et il sourit, satisfait du travail bien fait.
Il ne regarde même pas quand on m'arrache au cadavre de ma mère sur une table d'opération.
Il ne prête aucune attention aux hurlements de mon père.
Il ne remarque pas mon frère à quatre pattes, tout seul
Et nous, on sait.
On sait qu'à partir de cet instant Dieu ne regarde plus."
Débris, Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine & Pauline Sales, éditions Théâtrales, 2008
On peut écouter sur France Culture sa pièce Oussama ce héros ici (accrochez vous !)
ou sa pièce Love & Money là, un extrait de cette pièce ici-même
Il voit leur amour, leur mariage, leurs bagarres, leurs disputes, leur premier né, la conception et la gestation d'une petite fille et nous-y voilà, et Dieu est là aussi, le jour fameux, ce jour-là, le jour où ma mère se plaint de douleurs, de douleurs terribles, et mon père, qui sait déjà que la vie l'a renié, mon père assis saoul et hébété devant la télé à regarder la vie qu'il voudrait en baignant dans celle qu'il déteste, mon père ne fait pas attention à elle, lui crie dessus, va te faire foutre, tu n'es pas encore à terme, il y a des mois encore, c'est juste des gaz espèce de grosse conne, et le moment est venu, le moment est venu et Dieu salive pendant que mon père refuse, ne veut pas, ne veut pas aller chercher de l'aide, ne veut pas croire qu'il y a quelque chose -
Et soudain
Son appendice éclate.
Et elle meurt
C'était ça le moment attendu.
C'était ça.
Et Dieu retombe dans son fauteuil.
Il s'en roule une petite
Et il sourit, satisfait du travail bien fait.
Il ne regarde même pas quand on m'arrache au cadavre de ma mère sur une table d'opération.
Il ne prête aucune attention aux hurlements de mon père.
Il ne remarque pas mon frère à quatre pattes, tout seul
Et nous, on sait.
On sait qu'à partir de cet instant Dieu ne regarde plus."
Débris, Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine & Pauline Sales, éditions Théâtrales, 2008
On peut écouter sur France Culture sa pièce Oussama ce héros ici (accrochez vous !)
ou sa pièce Love & Money là, un extrait de cette pièce ici-même
jeudi 2 août 2012
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