lundi 31 décembre 2012

dimanche 30 décembre 2012

On en parle...

- Eric Allard parle sur son blog Les belles phrases de "À LA LETTRE", mon petit dernier chez Mi(ni)crobe, illustré en couverture par Maxime Dujardin. C'est avec un extrait en prime

- Un extrait sur le blog de L'autre Hidalgo

- Le poète Jean-Baptiste Pédini en livre aussi un autre extrait sur son blog : c'est par là 

- un autre extrait sur l’œil dans les actus autour de Microbe là 

- dans le Verso n°153, dans la rubrique En salade par Christian Degoutte, il est écrit ; "Une façon de petit récit poétique, de jouer avec les mots, de réfléchir avec humour aux choses écrites avec un doigt dans sa salive, en découpant des journaux , en laissant venir les mots "genre / mrmdl / ou bien / uieeoey". Bien"
 
"À la lettre" est épuisé chez Microbe, et a été republié en 2017 comme partie du recueil Tu écris des poèmes aux éditions du Cygne

jeudi 27 décembre 2012

Microbe 75 & Mi(ni)crobe 38

Le Microbe nouveau cru est arrivé, il est entièrement féminin, et ça dépote (sommaire plus bas).
Extrait collage pour la route (que les filles m'excusent de cet arrangement tout à fait subjectif)


Elle veut écrire une phrase circulaire commencée devant le perron du phare   Un poème d'amour, mon cul !   Kipling disait "tu seras un homme mon fils" Et je ne l'ai pas épousé celui-là   L'histoire ressemble désormais à la chambre, sur les murs la peinture s'écaille par endroits   Je ris tellement, avec lui, que j'ai mal derrière ma bouche, en haut de la nuque, à la fin des mâchoires, là où elles s'attachent   à trente-deux heures soixante-six  pour observer la pluie de rêves filants   derrière les rideaux de la fatigue le givre blanc   Je ne bouge pas du lit, c'était dimanche hier,   Totalement nus / Absolument unis   Oreilles, gorge, peau, vulve, une vulve comme un étau   Comme je suis : formes parfaites, teint de porcelaine et abord lisse.   Tu plies, tu plies le mot   l'histoire le fardeau d'elle-même se répète   Cette nuit je me suis changée en peau tout est à refaire    
 
(avec par ordre de citation : Perrine Le Querrec, Cathy Garcia, Anna de Sandre, Céline Renoux, Emmanuelle Pagano, Marlène Tissot, Jasmine Viguier, Khun San, Isabelle Guilloteau, Catherine Peintre, Cécile Portier, Jany Pineau, Sabine Huynh, Virginie Holaind , Samantha Barendson)


Il est accompagné d'un Mi(ni)crobe by myself, le numéro 38 *  : "A la lettre" 
Extrait ci-dessous :

"Des fois
assise confortablement
sur la cuvette des toilettes

je réfléchis
profondément

je pense à des trucs
hyper profonds comme

pourquoi une table s'appelle une table
pourquoi un pied ne se dit pas nez
pourquoi maman tient dans trois lettres
pourquoi un beau père est un père laid

pourquoi mrlmdl n'est pas mon nom

Evidemment
si je m'appelais mrlmdl
on ne m'appellerait pas souvent

pour ce que ça changerait... "



Pour les deux si vous êtes intéressés contactez Eric Dejaeger 
 (plus d'infos en bas sous le sommaire. Pour le Mi(ni)crobe,on peut aussi me contacter -faut voir :)



Microbe 75.jpgLe 75e numéro du Microbe est prêt !
Ce numéro a été préparé par Jany Pineau.
Au sommaire :
S
amantha Barendson
A
nna de Sandre
C
athy Garcia
I
sabelle Guilloteau
V
irginie Holaind
S
abine Huynh
P
errine Le Querrec
M
urièle Modély
E
mmanuelle Pagano
C
atherine Peintre
J
any PineauModély - À la lettre.jpg
C
écile Portier
C
éline Renoux
Khun San
M
arlène Tissot
J
asmine Viguier
Illustrations : Sabine Danzé
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 38e mi(ni)crobe signé Murièle Modély : À LA LETTRE*.
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien !
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger.



* note du 20-01-13 : le Minicrobe est épuisé

lundi 24 décembre 2012

photo extraite du blog d'Anne Savelli, Fenêtres open space


mercredi 12 décembre 2012

La soupe


parfois souvent les mots compriment oppressent mon cerveau
je me demande comment diminuer la pression quand pulsent grondent
le bruit le faux le fard l'obscène la crasse le sale l'état foetal
les rats les rires les circonflexes les circonspects les mains battoirs
la trouille le sguègue le pèze le flouze l'écran le masque les miroirs

des pattes de mouches velues poilues pullulent sur
ma bouche mon nez mon sexe mes trous
ça pèse ça pousse ça trouble ça trousse
ma chair ma lymphe & mes humeurs sudoripares
parfois souvent je feins je crains renifle grince
des yeux des dents
tout se contracte
tout se dilate

ma noix éclate
dans un bruit sec
le cerveau coule
dans mes mains coupe
c'est une soupe où flottent molles
des pâtes lettres sans queue ni tête

La tentation des combles de Dominique Boudou


"Alors, évidemment, je me suis posé des questions. Elles s'enfonçaient dans mon cerveau comme une vis sans fin et mon corps tout entier se retenait de crier sa douleur. Qu'est-ce que les autres avaient que je n'avais pas, moi ?"
extrait 1

"... L'horizon dansait au loin et j'aimais ça. J'ai marché jusqu'aux rochers les plus proches, croisé quelques rondouillards à la peau rouge, des joueurs de volley et des joueurs de badminton tout aussi ridicules que les adeptes du frisbee, une chienne qui tirait sa langue toute bleue en rotant et je me suis assis sur la plus haute pierre. J'étais maintenant complètement réveillé. Mon cerveau avait retrouvé toute sa plasticité et j'ai repensé à la bétaillère. Les cochons partaient sans doute à l'abattoir. Ils n'avaient aucune conscience de leur fin prochaine. Et nous, me suis-je demandé ? Où se trouve l'abattoir vers lequel nous nous dirigeons ? Combien d'entre nous ont vraiment conscience de leur fin prochaine, une conscience aiguë qui transfigure leurs perceptions, leurs émotions, leurs actes ?"
extrait

et 3, 4, 5.... jusqu'au 14ème extrait à ce jour

C'est beau, et généreux, Dominique Boudou nous offre des bouts de son roman sur son blog... j'ai déjà cité cet auteur ...et il a un blog, un site... et des livres (romans, poésie) à lire absolument




Quand ta mère te tue | Dominique Boudou par borddeleau

mardi 11 décembre 2012

Actus





Le 49ème numéro de Traction-Brabant vient de paraître.

Au sommaire :
Cédric Bernard
Marc Bonetto
Julien Bucci
Michèle Caussat
Uzayir Lokman Cayci
Jean-Marc Couve
Christophe Esnault
Cathy Garcia
Delphine Gest
Thomas Grison
Jacques Laborde
Alain Lacouchie
Xavier Le Floch
Editions associatives du Port d'Attache, chez Jacques Lucchesi
Fabrice Marzuolo
Olivier Millot
Murièle Modély
Morgan Riet
Salvatore Sanfilippo
Guillaume Siaudeau
Michel Talon
Jean-Marc Thévenin
Marc Tison
Florian Tomasini
Pierre Vella

Pour plus d'informations ou pour commander, ça se passe chez l'ami Patrice Maltaverne, par ICI







AU SOMMAIRE

Délit de poésie :
Fanny Sheper ; Walter Ruhlmann ; Pascal Batard ; Jean-Michel Hatton ;  Hosho Mc Creesh (Usa)

Résonance :
Le vent d’Anatolie - Zyrànna Zatèli (Grèce)
Dernières nouvelles du Sud - Luis Sepúlveda et Daniel Mordzinski
Ici comme ailleurs de Lee Seung-U (Corée du Sud)

Et quelques délits d’(in)citations tombés sur les coins de pages en flocons d’encre.

Vous buterez sur le bulletin de complicité au fond en sortant, attention, il se peut qu’il cherche à vous séduire. Si ce n’est pas déjà fait, sortez abonnés, c’est bon pour la tête, surtout en hiver.

lundi 10 décembre 2012

dimanche 9 décembre 2012

L'employé de Guillermo Saccomanno


"Il comprend que le destin lui a réservé un message. Celui que contient cette bouteille. Un ver.
Il vide la bouteille et avale le ver. [...]
Il voulait seulement être un autre. Mais il n'est pas un autre, il est celui de toujours, engourdi sur le siège d'un métro vide et obscur. Il sort d'un endormissement imposé par la fatigue, il a la bouche pâteuse et la nausée à cause du ver qu'il a avalé. A son réveil dans l'obscurité, en pleine crise de tachycardie, il comprend : il s'est endormi dans le dernier métro et se retrouve seul en fin de parcours, au-delà du terminus, dans un labyrinthe de tunnels et de voies où les trains resteront immobilisés jusqu'au petit matin. Il est pris au piège. Il n'a pas le choix : il passera la nuit ici, dans le train immobilisé au fond de ce labyrinthe."

extrait p.135 de L'employé de Guillermo Saccomanno, éditions Asphalte, 2012
disponible aussi en numérique, chronique de Christophe Grossi ici

samedi 8 décembre 2012


jeudi 6 décembre 2012

Si peu tout de Vincent Motard Avargues



Vincent Motard Avargues, creuse d'un recueil à l'autre sa voie singulière, il sonde les/ses  silences, le sentiment de vide, une certaine abstraction...  J'avais bien aimé Un écho de nuit, notamment la dernière partie pour la présence féminine, et le surgissement d'images forcément plus sensuelles... (Je ne suis pas toujours sensible à une écriture trop abstraite :).

Avec ce nouveau recueil, Si peu tout, on plonge dans l'intériorité du poète, dans cette "main gantée de silences". Et j'ai aimé l'équilibre très réussi (à mon goût) entre les mots et le blanc dans la page. Chaque poème semble ricocher dans l'espace de la double page, et nous laisse dans ses échos de la place, pour que se dessinent les images, nos images... pour une respiration.
Je trouvais par exemple très beau certaines parenthèses : instant suspendu, et fil continu d'un texte à l'autre...
 

"   Je dormirai
demain
quand la lune
m'assommera

ce goût
en bouche
mon sang frais

vivre

                                   vivre

                                                                               (vivre)"

extraits de Si peu tout, de Vincent Motard Avargues, Eclats d'encre, 2012


lundi 3 décembre 2012

...par ricochet



"Tu le remplis
avec des cendres
des gravats
et du temps


Tu y mettras
tout ce que tu trouves 
au bord de toi

/

Tu y jetteras
ton enfance
et la glu salée de tes rêves
tu le rempliras ce ventre"


extraits du recueil Le trou de Thomas Vinau, éditions du Cygne, 2008, p.15-17

jeudi 29 novembre 2012

Tout va bien de Jean Bourgeois



Ce que j'aime dans l'écriture de Jean Bourgeois, c'est ce regard lucide (sans désespérance ?) posé sur le renoncement, l'absence, de l'autre, à soi.
Son recueil commence par une scène de vie intime, par un départ :

 "Quelqu'un part
Emportant tout aveclui
Laissant le jardin désert
La maison vide
Le silence à sa traîne
Quelqu'un part, c'est fini"

le début est donc la fin. Et le recueil tout entier répète cette fin, potentielle, réelle, "une menace générale".

"Le menton sur la plage arrière
Je regardais la route se perdre au loin
Aspirée par un pays noir
Sous l'embrasement du ciel
La nuit gagnait
Et la fatigue 
Allongé sur le siège
Dans mon demi-sommeil
Je me faisais des films
Je fuyais une menace
Sans trop savoir laquelle
Une menace générale
Des décennies après 
C'est moi qui tiens le volant
Et où que j'aille je la sens encore
Je fuis toujours"

Les scènes, les pensées qui se succèdent parlent de ça, la fin, incluse dès le départ. Alors pourquoi ? à quoi bon ?

"Toute fin est légère
Un coup d'aile suffira
Demain sera plume"

Il y a quand même, toujours le mot.
Langues est le dernier poème.

"un habit pur et sans couture
Qu'une grande bête aux gestes noirs
Taille à notre mesure
Souriant déjà de notre effroi
Au premier souffle elle nous l'enfile
Un cri, d'abord, et tout est dit
Puis la blessure ensuite 
qui dure
engorgera nos bouches

Ici et là, partout, toujours
le premier mot est un refus
Et les autres ont beau faire

Où nos langues sont pendues"

dimanche 25 novembre 2012

Ana Cristina Cesar






"Je suis très concentrée sur ma panique.

Du tréfonds prenant des mesures préventives. Ma fille, lis ça quand tu auras perdu tout espoir comme aujourd'hui. Tu es mon seul trésor. Tu  mords et cries et ne me laisses pas en paix, mais tu es mon seul trésor. Alors écoute-bien; prends ce sirop, viens dans mes bras, et repose-toi; dors, je veillerai sur toi et je n'ai pas peur; dors, dors.

Je suis grande, je reste éveillée très tard.

Je veux te dire la chambre immobile et tout ce qu'il y a dedans et pas de ville dehors ni réseaux de parenté. Ici j'ai des machines pour me distraire, une télé de chevet, des bandes magnétiques, des cartes postales, des cahiers de différentes tailles, un coupe-ongles, deux pyrex et j'en passe. Rien dehors et ma tête parle toute seule, comme ça, dans un mouvement pendulaire: apparaître, disparaître. Retiens bien cette chambre étale avec machines, tête et pendule qui battent. Retiens-la bien. Ça comptera plus tard."


Ana Cristina Cesar, Gants de peau & autres poèmes,  traduction de Michel Riaudel et Pauline Alphen, Chandeigne, 2005.


lu
sur Ana Cristina César , ou (entre autre...) 

samedi 24 novembre 2012

source - oeuvre de juan gatti

jeudi 22 novembre 2012

Antoine Emaz à Toulouse

Rencontre avec Antoine Emaz à la médiathèque José Cabanis
à Toulouse le 23 novembre à 18h, grand auditorium


"on touille un reste de mots
le juste nécessaire

on a fait le plus dur

bleu risible

on rouille, on tousse
on finit par vieillir 
c'est plus simple

on l'aura vu venir
l'usure"

RAS, Antoine Emaz, dessins Djamel Meskache, éditions Tarabuste, 2001


___________________________________________________________

Addenda du 12/12/12 : La vidéo de la rencontre ci-dessous


Rencontre avec Antoine Emaz par BibToulouse

mercredi 21 novembre 2012

Cairns

 cairns.jpg

Cairns, recueil initié, mis en forme, mis au jour :) par Jean-Louis Millet
Textes de Cathy Garcia, Anna Jouy, Isabelle Le Gouic, Carole Saint Louis, Werner Lambersy, Jean-Louis Millet, Le Rien quotidien, Bruno Toméra, Vincent, & myself sur des épures de Jean-Louis Millet

à feuilleter

Germaine Chaumel : exposition au Bazacle à Toulouse

Fête des pêcheurs de Toulouse

Femme dans le débarquement

 Germaine CHAUMEL (1895-1982), une photographe dans son temps
20 novembre 2012 au 24 février 2013 - Galerie de l'OEil

"Femme et photographe de et dans son temps, Germaine Chaumel s’inscrit pleinement à Toulouse dans le courant photographique « humaniste » qui se développe alors notamment à Paris. A l’occasion du 30e anniversaire de sa mort, la Ville de Toulouse a décidé de rendre hommage à cette photographe qui fut l’un des grands témoins de son histoire..."à l'Espace EDF Bazacle - Toulouse

"

samedi 17 novembre 2012

samedi 10 novembre 2012

My aunt's ghost  - Vesna Bursich





Il s’agit de refaire ce qui n’est pas fini
de jeter sur la toile le tu le elle
reconstruire réinventer
le je de miroirs

Il s’agit de revivre ce qui n’a pas vécu
le tu le elle et moi
rebâtir la colonne
et dévier de nouveau

Sentir l’écart
se creuser

tout en haut
les trouées d’air
dans mon cerveau

Je prends des souvenirs
n’importe lesquels
l’ordre n'a pas d’importance
leur véracité non plus

un jour le fil a cessé de se tendre
mon corps est un tissu
rempli de trous
une plaine où s’ébattent
de joyeux fous

Je prends un souvenir
n’importe lequel
j’y enfourne une humeur
un paysage

les gens autour de moi
sont des paysages
être n’est que paraître
singer
représenter

Les gens autour de moi
des scènes des portraits
en pieds
il s’agit de refaire tout ce que j’ai vécu
l’écrire
le réécrire
barbouiller le tableau 


  
publication initiale sur 
(vases communicants de novembre)

jeudi 8 novembre 2012

Comment vais-je faire pour...


Dominique A, Vers les lueurs

vendredi 2 novembre 2012

Tarot-Eros par Anna Jouy

Vais-je m’élancer ainsi, me prendre un pied dans le ciel ? Inversion de fortune, ma maison peut-être tremble ? Les oiseaux sortent de terre vers des refuges de nuages. Ai-je perdu mes petites ailes dorées et est-ce une pluie de métaux lourds qui cinglera de mes pavés ?

Attraction permutée, pôles démagnétisés, ma vie se détache comme la plèvre des grandes tuberculoses. Je quitte ses bases et brasse des deux mains. M’accrocher à des cendres fugaces. Tenir ou ne tenir à rien…

il va neiger. 

C’est qu’arrive le temps des cabrioles et de ces allègements de la tête. C’est bien. J’atteins à grands trous, l’effet de passoire. Une pluie à rebours. Nuages et avortement de coton. Mais si le ciel me donne signes, pourquoi fait-il en mon ventre des fœtus morts et ces injections de foutre candide ? Mes entrailles seront-elles le dernier espace mûr avant la folie ?

il va neiger n’est-ce pas ?

Soleil silo. Il me crache sur l’île des sueurs. (pour lui poète trouble) fraternité des souches et de l’étoupe, le fleuve à l’entonnoir. Un fil rouge vient de saigner ma gorge et mes points de côtés. L’astre entre glaives et piqûres écrit sur ma peau des basanes profondes, y grave une ride à la ligne. Les flots qui m’enceignent sont si clairs, je crois qu’ils arrivent des soupirs du monde. À la rouelle, ils distribuent nos efforts. Temps de lumière et temps de feu. C’est vivre qui importe et le jour est ce territoire ouvert.

neigera-t-il, dis moi… ? 

Tenir à la main le bâton rouge et les yeux plantés dans l’étoile. Que mes grelots résonnent, qu’ils fassent le bruit qu’il faut. Je ne veux m’aveugler que la tête haute et que chaque pas fraye avec les bêtes et les chiens. À ma taille des yeux et des perles. Je me sens porter la cartouchière du bonheur et des lueurs. La munition essentielle! Dans mon baluchon, que des pierres, pour l’équilibre des pas et ne pas monter trop vite. Briser mon genou pour ce repas de membres désossés. J’ai des choses à vivre qui n’auront rien de léger.

Enfin ! Tous mes flocons montent au ciel. 

Détachée, puisque Anna je « suie »

Et j’écris



Tirage tarot 
Maison-Dieu /envers 16 
Soleil / endroit 19 
Le mat/ endroit (sans nombre)
Total 35 3+5 = 8 la justice qui écrit une plume à ses pieds et tient la folie dans l’équilibre biaisé des tensions 




pour Maryse Hache
Premier vendredi du mois, c'est vase communicant, second passage de flux entre Anna Jouy et moi-même : 
“Le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations.” 
Mon texte chez Anna. Vous pourrez lire ici même d'autres textes d'Anna Jouy et
La liste des vases communicants est comme d'habitude disponible sur le blog dédié, le groupe facebook ou le scoop-it.

mercredi 31 octobre 2012


Elle enfile le costume d'une mère
ce n'est pas si étroit ça tire juste un peu
dans le cou sur les fesses

Elle enfile la mue opale et muette
regarde tomber tous les petits bouts de peaux
des spectres à venir

La mue vitreuse sur sa chair
elle regarde l'enfant qui danse décousue
la pâle enveloppe qui bée à la fenêtre


Elle enfile
et comprend qu'au fond
elle porte le costume
depuis la nuit des temps

C'est ce que dit sa bouche
la bouche 
la grimace improbable
contrefait le sourire

Aux commissures les plis
de peaux l'accumulation de peaux
toutes ces peaux de mères

Oh le cher épiderme et ses profonds mystères
qu'elle regarde incrédule façonner l'autre même

mardi 23 octobre 2012




trouvé

lundi 22 octobre 2012

Martina on the floor - Vesna Bursich

bien sûr que t'aimerais recommencer
reprendre depuis        depuis le début
le point  l'amorce    sous ton oeil le clic
la syllabe première avalant le silence

bien sûr que t'aimerais avaler
de nouveau à petit        petits pas
vernix caseosa     la page blanche
juter les mots légers du bout des manches

ne plus entendre
le déferlement
ne plus
cette avalanche
ne plus
nourrir les monstres
ne plus

bien sûr que t'aimerais
que j'aimerais 
bien sûr
ne plus user
abuser
du tu du elle et moi
du toi tais toi t'es elle et quoi
au milieu des phonèmes le brouhaha
des mille et une et une et une et une voix
voies vois voilà les signes les lignes les moi
l'émoi et puis ta et puis sa et puis ma peur
et puis là meurt la mer l'amer toutes les mers
le tsunami des mots dans lequel tu elle je te
se me noie les noeuds incompréhensibles
indéfectibles les nœuds de ton de son de mon
identité

lundi 15 octobre 2012



 Tu arrêtes ta course
contre mon corps
la sueur goutte à goutte
contre mes doigts
et j'aperçois
dans l'agitation
de ton cœur bleu
toutes les histoires à venir
toutes ces angoisses à bannir
l'urgence de mon évacuation
dans le friselis de ton sang



/



Ma chérie
je t'ai acheté cette minuscule boîte à couture
qui te faisait tant envie
tu vois
regarde
regarde au creux de ma paume
les bobines de fils dorés
le petit mètre et les épingles d'argent
à planter
au coeur de l'ouvrage
il ne manque rien ma chérie
tiens
prends la minuscule paire de ciseaux
mes doigts sont bien trop gros
et coupe
coupe
trace une ligne bien droite
dans le tissu


lundi 8 octobre 2012

Les tas de mots n°10





Tas de mots* de l’automne

Au sommaire de ce tas de feuilles bien vivantes :

Jean-Christophe Belleveaux
Kévin Broda
Cédric Bernard
Guillaume Decourt
Samuel Dudouit
Chantal Godé-Victor
Aurore Guillemette
Ludovic Joce
Perrin Langda
Gérard Lemaire
Alain Leylavergne
Christophe Liron
Murièle Modély
Vincent Motard-Avargues
Jean-Baptiste Pedini
Thierry Radière
Morgan Riet
Eric Savina
Philippe Simon
François Teyssandier
Marlène Tissot

Un extrait :

Des lignes
Des esquifs, des esquisses, des bouées. Une, deux lignes lancées du quai. Parfois la prise d’une raie, d’un rai, un sens saisi, revenu dans l’encre et la brume. Pour des tonnes de plombs lancés, couchés, échoués. Cloués sur les planches, rongés par le sel, des restes d’instants et des écueils, des écailles reflétées. Derrière le gris des mines, les vagues grises, incliner la tête et refléter des lumières éteintes ou ténues. Tenir la canne et sortir une seiche. Sécher sur le quai, le pied trop ancré pour retrouver, se retrouver. Et patienter, revenir, replonger, ressentir sous la ligne la vibration, remonter, reposer. Reposer la ligne, l’abandonner et laisser flotter puis dériver. Renoncer. Reprendre. Sur les mailles élimées, lier de nouvelles lignes, tisser deux courants et tenir le tirant. Reprendre le mot pour ce qu’il est. Vider, écailler, tanner le reste d’instants, d’écueils. Actionner des verbes pour poser une inertie et la rappeler à la souvenance, car le sable marche et ne trace pas. Des croix sur le temps. Sur du temps. Senser la marche et saisir le sable.
Cédric Bernard.


* 27, rue de la Fosse-Frandemiche – 14330 Le Molay-Littry – Abonnement : 15 euros pour 4 n°- Pour tous renseignements supplémentaires et proposition de textes : alain.leylavergne@gmail.com ou morganriet@live.fr


reprise intégrale du post de ce jour par Morgan Riet :))

dimanche 7 octobre 2012

vendredi 5 octobre 2012

Arbres

 Anna & Bernhard Blume: Sequenz aus der Serie "Im Wald" (Metaphysik ist 
Männersache), 1989-91, Analog fotografiert, © VG Bild-Kunst, Bonn 2008



Cyprès

La ville des arbres et la ville des hommes sont l’une dans l’autre, peu d’hommes le savent.
Les arbres grandissent au milieu des espaces névralgiques de la ville, leurs racines déploient sous nos pieds, un réseau souterrain de veinules qui irriguent les cœurs.
Les hommes, les femmes, marchent, pulsent ; leurs pas tissent de complexes radicelles, entre l’orme des places et les bois tout autour.

Ils vivent toutefois sans égard l’un pour l’autre, l’agitation des hommes et l’immobilité des arbres s’emmêlant sans un heurt. La respiration lente des jardins tempère la circulation des citadins : le silence pousse dans le vacarme urbain. Les platanes, Les chênes, les saules, les enfants, les vieillards, les herbes folles, chacun a sa place, à la fois unique et semblable.

Parfois cependant, il devient impossible de différencier une essence d’un corps. Les arbres sont des hommes, et les hommes sont des arbres. Raides, plantés dans le jardin, le vent dans les cheveux, les feuilles, ils songent que la ville des arbres et la ville des hommes sont faites l’une de l’autre.


Peuplier

De temps en temps, elle va rompre l’écoulement monotone de son existence dans un jardin public. Elle se plaît à regarder l’agencement régulier des essences familières. Les grilles autour de ce déploiement vert l’isolent du désordre et ceignent son angoisse. Tout est si maîtrisé : l’allée de bitume, de chaque côté l’herbe rase, et les arbres postés en ligne droite. 

Elle s’assoit sur un banc, juste en face du bassin, où des enfants viennent faire des vagues. Elle aime leur agitation fraîche, qui chasse le silence. Non qu’elle ne parle à personne, les gens dans l’immeuble, dans la rue, et dans l’établissement où elle se rend, aussi souvent que l’exige l’administration, l’interpellent généralement très fort.

Mais dans le jardin, les voix ne claquent pas.  Le chuchotis des feuilles coule sur sa tête, ses épaules ; l’élastique tendu entre ses omoplates doucement se détend. Le chant des arbres lui rappelle, sans qu’elle s’en rende vraiment compte, les berceuses de l’enfance.  

Parfois un homme s’assoit tout près d’elle, le banc est à l’ombre d’un cerisier. Elle observe alors les ombres dessiner des nuages, sur sa joue et sa bouche. Un homme s’arrête, s’assoit, puis s’en va, quand il sent son regard.


Hêtre

Cyprès
Peuplier
Hêtre
C’est écrit sur la plaque fixée sur les troncs d’arbre.
Mais on a beau essayer, insister, on peine à faire coïncider l’arbitraire assemblage de lettres, aux découpes précises des feuilles, aux variations subtiles des teintes d’écorces d’arbres. On ne reconnaît rien : il y a le mot et la chose. L’arbre est une chose. Et chaque mot tend ses hampes, ses courbes, ses boucles parallèles, pour dire une autre histoire. Dans le jardin, on avance en tremblant, comme dans un conte…  chaque nom d’arbre devenant la forêt tout entière : opaque et débordant d’un pénétrant mystère.



 texte en partie publié sur FPDV  & illustré d'un photo de Bruno Legeai hier

jeudi 4 octobre 2012

Jardins - FPDV octobre

Troisième participation commune pour Bruno Legeai (http://autredi.blogspot.fr/) et moi-même à la revue virtuelle FPDV
C'est par !

lundi 1 octobre 2012






Ta peur
mon coeur
est une bulle qui monte

et je passe mon temps
à sauter haut
toujours plus haut

à tenter vainement
le corps
toujours plus lourd

les boulets de l'effort
aux chevilles
l'éclatement furieux


/


Il faut que les mots crèvent
et que le coeur mousse son goût de savon


/


Ta peur est une bulle
la mienne est de béton
la fureur est lègère ou lourde
c'est selon


/


D'ailleurs
ta peur n'est pas la peur
ce truc qui palpite, ligote
immobilise au lit
à la table ou au sol

ta peur n'est pas ma peur
la bulle monte, flotte
provoque éclats de rires
et joies idiotes

samedi 29 septembre 2012

Mailles à l'envers de Marlène Tissot

Un jour

Un jour
Je cesserai d’écrire
n’aurai plus rien à dire
nada
nothing
nichts
quelques mots
des peaux mortes
peluchant sur la langue

Je serai toute sèche
le crâne momifié
bouilli
réduit
moisi
la tête vide
les yeux clos
branlant sur les épaules

Je ne pourrai plus feinter
des mâchoires du cerveau
racler les os
pour en tirer le suc
avec une cuillère

le vieux bout
de cervelle
qui aurait
(peut-être)
un dernier
(qui sait)
mot
à
dire

qui
.........que
..................si
.....................non

*

Non ?

Pour pouvoir dire, je lis. J’achète des livres et je lis. J’emprunte des livres et je lis.
J’essaie par tous les bouts de combler mon retard, des siècles et des siècles perdus dans les broussailles.

J’avale page à page des kilos de papier. Je déchire en morceaux, le plat supérieur, le plat inférieur, les contreplats, les tranchefiles, les gardes marbrées, les feuilles froissées. J’émiette, je mâche, je déglutis. La bouillie peine à fondre dans le jus de salive. J’essuie mécaniquement d’un revers de la main, le filet de culture qui tombe entre mes seins. Je dois tout avaler, ne pas perdre une goutte, même pas l’encre bleue qui s’infiltre en naevus sur ma langue poisseuse.

Ca descend.
Mon ventre enfle.
Je crois que je digère.
Mais c’est juste l’overdose. Mon corps hypertrophié de trop de cellulose.

Je m’en fous.
Mes yeux, ma bouche, mon nez : je veux tout barbouiller.
Etaler sur ma face, ma gueule de limace, les mots lus, entendus, mal compris, en désordre, recrachés, de travers.

Je cravache, je besogne, je suis en ahanant ceux qui savent.
Je ramasse, l’air de rien, ce qu’ils laissent, derrière eux. J’assemble vite vite deux trois jolies formules.
Il n’y a pas de miracle. Mes mots suintent encore une odeur de ranci.

J’insiste, je recommence, j’enfonce mes deux doigts tout au fond de ma gorge. Toujours pas le miracle.

Non.

Je ne peux que vomir mon étique pensée.

Initialement publié sur le blog de Morgan Riet dans le cadre des vases communicants

vendredi 21 septembre 2012

73 - 12 - 4 ...etcetera

Alors, cette série de chiffres ne correspond ni à une formule mathématique, ni aux trois premiers (bons) numéros du loto... mais au nouveau numéro de la revue Microbe (73), qui fête sa 12è année d'existence, et pour moi c'est la 4è participation à la revue minuscule et impertinente.
Pour s'abonner / commander c'est par

Microbe 73.jpgAvec ce 73e numéro à l’impression, le Microbe fête ses douze années d’existence. Ce numéro a été préparé par Hélène Dassavray.
Au sommaire :
A
ntoine
S
téphane Berney
D
avid Deleau
H
élène Dassavray
L
ydia Greene
A
lix H
B
rigitte Léchine
M
arianne Leroy
M
u Lm
D
enis Michel
F
lore Naudin
PolakerDassavray - Les femmes fatales.jpg
L
atifa Sauvignet
Tacite
T
homas Vinau

Illustrations : Polaker
Les abonnés le recevront dans quelques jours.
Les abonnés « + » recevront également le 36e mi(ni)crobe signé Hélène Dassavray : LES FEMMES FATALES SONT-ELLES MORTELLES ?
Comme d’habitude, les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger  



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Et le Comme en poésie , de Jean Pierre Lesieur, n° 51 est sorti... avec un copieux sommaire (première publication pour moi, avec trois de mes poèmes). En savoir plus  

jeudi 6 septembre 2012

Eté (II) de Bernard Chambaz

"(séquence 627)
car tu cueillais des mûres
vers la fin du mois d'août
tu en mangeais une sur deux. l'autre tu la mettais dans un pot
de confiture vide. tes lèvres étaient noires.
y penser
devant ces ronciers me serre le coeur. l'écrire
par moins dix-sept degrés centigrades sous des flocons de neige me resserre le
                                                                                                             coeur.
mais te revoir
cueillir des mûres vers la fin du mois d'août
reste sans prix. sinon
pourquoi continuer à rouler"

Eté (II) poème : chants VI à X, Bernard Chambaz, Flammarion, 2010, p.75
chroniqué sur Poezibao


lundi 3 septembre 2012

Francesco Pittau, poète

Allez voir du côté de Ma plume sur la commode (quel beau nom de blog, n'est-ce pas ? avant même d'entrer, on sent bien que la maison sera dense...), découvrir les textes de Mr Francesco Pittau, parce qu'en plus d'être un auteur de littérature jeunesse de talent, c'est un grand poète.

Des extraits des petits bijoux que vous pourrez lire là bas :

L'heure du bain
"Elle baignait son enfant dans
La vasque en grès rose
Lui murmurait des refrains
Improvisés vastes comme son
Cœur elle baignait le sang
De son sang les yeux de ses yeux
Dans une eau parfumée
Où la chair tendre s’amollissait
Comme la pulpe des doigts
..."


Rêver la brûlure
"Dans la nuit le
Feu cavalait sur
L’horizon comme
Une bête effarouchée
Ravageant sur son
Passage
Les citronniers
Et les orangers assoupis
Les vignes vrillées
Et les figuiers aux
Feuilles plus larges
Que deux paumes...
"

et plein d'autres textes (poèmes, nouvelles) pour les crépitements sous la langue et les yeux ;)


lundi 20 août 2012

Les cailloux


l'été, il y a les cailloux chauffés à blanc
contre ta joue tes cuisses sous mes talons
des pierres polis dans le lit sur les chaises
sous les carreaux du sol de la maison

comme il fait chaud et que tout fond
je sens à chaque pas rouler sous nos semelles
les cailloux ronds comme autant d'os blancs

une multitude de genoux qui tapissent
chaque centimètre carré de notre lieu d'habitation
-tu ne dis plus chez nous- l'ossuaire, avec vue sur la rue
supporte les claquements secs de nos hésitations

l'été, l'automne -en fait à chaque nouvelle saison
des cailloux tombent de ta bouche de la mienne
les mots hors de corps sèchent
 
toi d'un côté de la pièce moi de l'autre
à faire de nos minuscules pas de côté
une dessication brute de baisers


il y a les cailloux
                      et nos canines chauffées à blanc

Le numéro 9 est sorti, avec des poèmes de Jean-Marc Flahaut, Thierry Roquet, Thierry Radière, André d'Urso, Daniel Labedan
du petit lait... enfin le mieux c'est d'aller voir soi-même, c'est par là

mardi 14 août 2012



Soudain l'explosion :
la chaleur se répand
du cuir chevelu
jusqu'au bout des orteils

Il n'y a pas de flammes
le soleil n'est qu'un rond
trop jaune sur le bleu
trop bleu du ciel

Et les rayons qui tombent
entre tes cuisses, ses bras
grésillent à peine l'herbe
écrasée sous ton poids

La fin du monde
a l'odeur de cheveux
crépitant sous des
doigts noirs de suie


La bombe qui éclate
ne vous disperse pas

Toi et lui sur le bord
de l'étang allongés
muets, brûlants loin
très loin de peau


Cette jouissance qui crève
ne vous rassemble pas

Dans l'après-midi morne
qui n'en finit jamais
sous le ciel sans accroc
deux corps carbonisés

Moi non plus...




































samedi 11 août 2012

Tu trouves enfin

Les fins d'après midi torrides
annoncent toujours
des soirées électriques

et ça ne manque pas
il rit

un rire énorme
qui fait saigner
la nuit

sous la guirlande
il rit

tu vois entre ses dents
une olive charnue
sous les grelots
juste avant le trou noir
la chair mâchée

et tu penses à mesure
que le rire gonfle
son cou de boeuf
que le voilà ton coeur


le vide dans ta poitrine
la terre tout en dessous
la terreur au-dessus
toutes ses mains qui passent
repassent dans ton corps
le monde qui tourne encore

puis tu ne penses plus
tu plantes ton couteau
ta langue
dans sa bouche
et basta

1
2
3

jeudi 9 août 2012

Tu veux ma main ?

Sur la terrasse
du bar Les Tilleuls
dans la lumière poisseuse
du début d'un mois d'août
tu vois tomber les ombres
quand tu bouscules la table
le cri strident et continu
des étourneaux dans l'arbre


l'homme assis
de l'autre côté 
avale sans un mot
de grandes lampées d'alcool
l'air est chaud, le soleil haut
et les feuilles des arbres
dessinent sur sa joue
des cartes
des routes inconnues
dans les touffes de poils
ces îlots que la mer balaie
certains soirs


tu regardes l'homme
et sa glotte à chaque déglutition
son humeur descendante
ce récif où s'échouent
invariablement
tes voyages


ton incessant
ton frémissant
naufrage

... Fouiller la merde

Le garçon assis à la terrasse du café, de l'autre côté de la rue, te regarde. Il porte un pantalon moulant bleu électrique et boit quelque chose de très fort. Tu te dis que c'est fort, à cause de l'air féroce. Car bien que tu n'aies pas tout récupéré de tes organes, tu te vois parfaitement à travers son regard, soufflant, renâclant, de larges auréoles de sueur sous les bras.

Tu es à quatre pattes sur le trottoir, les doigts tendus entre les croisillons de la grille en fonte. Tu grattes et tentes désespérément d'attraper un morceau de chair noire, qui surnage sur l'amoncellement de débris tout au fond. Tu respires bruyamment, en agitant ton derrière d'avant en arrière. Peut-être, penses-tu, que ce mouvement t'aidera à allonger tes doigts courts.
Ou peut-être pas.

C'est que tu as collé provisoirement ta pommette à ta fesse gauche. Cela te rend particulièrement maladroite, et ridicule, par terre à quatre pattes comme un animal. Et pendant que les gouttes de sueur tombent une à une de ta narine, tu songes qu'on ne mesure pas assez l'utilité de la fesse droite avant de l'avoir perdu.

Le garçon terrible, au pantalon en lycra, lance un large sourire dans ton dos. Cela fait comme une petite décharge sur la raie de tes fesses. Tu regrettes d'avoir mis ce legging blanc. Tu regrettes, mais quand même tu continues à balayer l'amas d'immondices du bout de l'ongle, en bougeant ton derrière.

Bien sûr, tu ignores de quoi il s'agit... Comment savoir avant d'être complètement rassemblée, ce que désire cet autre corps ? Dans ta tête, des pensées décousues fusent et s'éteignent. Une main, tes cheveux, une table. Tu grognes, tu renifles, tu insistes, tout glisse. Tu ne penses pas, tu vois.

Ses lèvres retroussées sur trente deux dents pointues. Le courant électrique qui jaillit du dessous de la table. Le reste de ton corps fendu en deux, et tes doigts qui s'obstinent à remuer sans fin toute cette merde.

 - Eh la grosse ! Tu veux ma main ?

mercredi 8 août 2012

Une fois coupée en deux... que faire ?

tu passes la matinée à ramasser les morceaux
tu retrouves un bras caché sous l'herbe sèche
ton ventre souillé couvert de mouches dans une flaque
tes yeux, ta langue, ton nez ont ricoché dans les ornières
tu hésites puis tu cours entre les sifflements des voitures
tu ramasses, ça klaxonne, tu as peur et tu cherches
tu vois en plissant les yeux dans un mirage
sous les papiers mâchés par l'averse de la veille
tout luisants de mousse tes ongles roses
cinq de tes dix doigts dans la rigole

tu cherches un cœur
mais tu ne trouves pas
ton cœur
où a-t-il pu rouler ?

dimanche 5 août 2012

il faut lire Dennis Kelly

"Et là Dieu salive, il est sur le bord de son putain de fauteuil, il bave de plaisir,
Il voit leur amour, leur mariage, leurs bagarres, leurs disputes, leur premier né, la conception et la gestation d'une petite fille et nous-y voilà, et Dieu est là aussi, le jour fameux, ce jour-là, le jour où ma mère se plaint de douleurs, de douleurs terribles, et mon père, qui sait déjà que la vie l'a renié, mon père assis saoul et hébété devant la télé à regarder la vie qu'il voudrait en baignant dans celle qu'il déteste, mon père ne fait pas attention à elle, lui crie dessus, va te faire foutre, tu n'es pas encore à terme, il y a des mois encore, c'est juste des gaz espèce de grosse conne, et le moment est venu, le moment est venu et Dieu salive pendant que mon père refuse, ne veut pas, ne veut pas aller chercher de l'aide, ne veut pas croire qu'il y a quelque chose -
Et soudain
Son appendice éclate.
Et elle meurt
C'était ça le moment attendu.
C'était ça.
Et Dieu retombe dans son fauteuil.
Il s'en roule une petite
Et il sourit, satisfait du travail bien fait.
Il ne regarde même pas quand on m'arrache au cadavre de ma mère sur une table d'opération.
Il ne prête aucune attention aux hurlements de mon père.
Il ne remarque pas mon frère à quatre pattes, tout seul
Et nous, on sait.
On sait qu'à partir de cet instant Dieu ne regarde plus."

Débris, Dennis Kelly, traduction de Philippe Le Moine & Pauline Sales, éditions Théâtrales, 2008

On peut écouter sur France Culture sa pièce Oussama ce héros ici (accrochez vous !)
ou sa pièce Love & Money , un extrait de cette pièce ici-même

jeudi 2 août 2012

L'os des mots


et bing
et bang
dans l'os des mots

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