dimanche 31 octobre 2010
Halloween
Ce soir encore supporter ta face de
citrouille
faire semblant, t'écouter, jouir
supporter tes gosses et leur mollesse de
légume
ne pas me reconnaître dans leurs cheveux
oranges
remercier cette contamination
américaine
qui me permettra une nuit
une nuit seulement
d'être lugubre
sans subir tes jugements
dimanche 17 octobre 2010
Rêve
une nuit
j'ai vu entrer dans la chambre
ma mère
un couteau de boucher à la main
immobile
sur le lit je regardais mon sang inonder
le tapis
le réveil
fut moite, mes draps dégorgeaient
la sueur
encombrait et ma bouche et mes yeux
une peau
racornie flétrissait salement entre mes doigts
crispés
ce n'était pas ma chair, pas mon coeur momifié
pas un vieil ombilic dans le creux de ma paume
mais un très vieux billet recouvert de baisers
continuant à pourrir dans leur acidité
j'ai vu entrer dans la chambre
ma mère
un couteau de boucher à la main
immobile
sur le lit je regardais mon sang inonder
le tapis
le réveil
fut moite, mes draps dégorgeaient
la sueur
encombrait et ma bouche et mes yeux
une peau
racornie flétrissait salement entre mes doigts
crispés
ce n'était pas ma chair, pas mon coeur momifié
pas un vieil ombilic dans le creux de ma paume
mais un très vieux billet recouvert de baisers
continuant à pourrir dans leur acidité
samedi 16 octobre 2010
Exposition de pop-up à Toulouse
L'exposition Livres en forme(s) : pop-up & Cie a lieu à la Médiathèque et dans 3 bibliothèques de quartier de Toulouse du 22 octobre au 19 décembre.
L'occasion de découvrir les trésors du Fonds de Conservation jeunesse : un panorama historique et des livres d'artistes avec un zoom particulier sur l'oeuvre de Philippe UG.
Vous verrez ça et plus encore...
Un catalogue très illustré accompagne l'exposition... :)
L'occasion de découvrir les trésors du Fonds de Conservation jeunesse : un panorama historique et des livres d'artistes avec un zoom particulier sur l'oeuvre de Philippe UG.
Vous verrez ça et plus encore...
VERNISSAGE LE 22 OCTOBRE A 18 H
Un catalogue très illustré accompagne l'exposition... :)
photos : visuel expo, elephant's wish de B. Munari, le livre joujou de Bres, Catoptrum microcosmicum de Remmelin, Jeux t'aime, de Vidaling, Cristal de Philippe UG, Axinamu de Pittau et Gervais
jeudi 14 octobre 2010
Il ne suffit pas
... à ma manière
je dis la même chose
(en moins bien)
il ne suffit pas d'être contenant
pour être contenu
(en moins bien
évidemment
car il ne
suffit pas
de se mettre
à la ligne
pour être
poète)
donc
pour en revenir
à ces histoires de chair
qui s'emboîtent
se déboitent
un jour
ça ne marche plus
Le fil cède
la tête roule
les dents tombent
les seins chutent
sur un ventre trop lourd
trop plein
trop vide
la matrice se creuse
sous le ciel orageux
il pleut des morts
jusqu'à ce que
je
ne pleuve plus du tout
jusqu'à ce que
tu
cesses que mes bouts
s'éparpillent
quelque part
au soleil
je dis la même chose
(en moins bien)
il ne suffit pas d'être contenant
pour être contenu
(en moins bien
évidemment
car il ne
suffit pas
de se mettre
à la ligne
pour être
poète)
donc
pour en revenir
à ces histoires de chair
qui s'emboîtent
se déboitent
un jour
ça ne marche plus
Le fil cède
la tête roule
les dents tombent
les seins chutent
sur un ventre trop lourd
trop plein
trop vide
la matrice se creuse
sous le ciel orageux
il pleut des morts
jusqu'à ce que
je
ne pleuve plus du tout
jusqu'à ce que
tu
cesses que mes bouts
s'éparpillent
quelque part
au soleil
mercredi 13 octobre 2010
Le désir
Humer la peau de l’autre
pour éteindre le feu
la soif inextinguible
Frisson épidermique
nourrie de solitude
de silences et de vide
Les yeux gobent
avides
un sourire
une cicatrice
l’ourlé de lèvres fines
le granuleux d’une joue
La langue se défend
de laper
leur présence
d’exhiber l’indécence
de sa gloutonnerie
A ce moment
les narines frétillent
de cette odeur maligne
dans le bus, le métro, dans la rue, au boulot
c’est le corps qui frémit et exhale ces sucs
Parfois, le corps de l’autre cède
et mélange phéromones à ce pic d’hormones…
La femme de l’homme
L’homme de la femme
jouit
Et dans la redescente
dans les traînées blanches
de la pensée qui pointe
des mots qui prennent forme
Le corps redevient nu
et l’estomac révulse
à la vue du sac
de peau grenue
qui balançait plus tôt
L’objet de gourmandise
n’inspire que dégoût
La femme et l’homme,
L’homme et la femme,
enfilent mutiques
leurs visages hermétiques.
écrit de MuLM publié ici même en mai 2009
pour éteindre le feu
la soif inextinguible
Frisson épidermique
nourrie de solitude
de silences et de vide
Les yeux gobent
avides
un sourire
une cicatrice
l’ourlé de lèvres fines
le granuleux d’une joue
La langue se défend
de laper
leur présence
d’exhiber l’indécence
de sa gloutonnerie
A ce moment
les narines frétillent
de cette odeur maligne
dans le bus, le métro, dans la rue, au boulot
c’est le corps qui frémit et exhale ces sucs
Parfois, le corps de l’autre cède
et mélange phéromones à ce pic d’hormones…
La femme de l’homme
L’homme de la femme
jouit
Et dans la redescente
dans les traînées blanches
de la pensée qui pointe
des mots qui prennent forme
Le corps redevient nu
et l’estomac révulse
à la vue du sac
de peau grenue
qui balançait plus tôt
L’objet de gourmandise
n’inspire que dégoût
La femme et l’homme,
L’homme et la femme,
enfilent mutiques
leurs visages hermétiques.
écrit de MuLM publié ici même en mai 2009
mardi 12 octobre 2010
Manifestation
Aujourd'hui, j'ai eu du mal à suivre le cortège.
C'est débile quand on y songe ce mot... je ne peux pas m'empêcher dès que je l'ai en bouche, de m'imaginer le défilé bruyant de voitures accompagnant celle de mariés...
Là c'était plutôt une procession de grincements de dents, de moues désabusées, plutôt de fin de soirée...
Je traînais des pieds.
Peut-être parce qu'il y avait les enfants. Peut-être parce que l'ambiance était triste. Peut-être parce que j'étais fatiguée. Peut-être à cause du silence.
Nous étions très nombreux, genre "Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort / Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port". Mais aucune jubilation dans cet effet de masse. Parce qu'au port de toute façon, nous savions bien que personne n'empêcherait notre chute dans l'eau...
Alors nous avons marché longtemps, avec des mots par-ci par là, de la colère rentrée, des épaules tombantes, des mines renfrognées.
J'ai marché parce qu'il fallait le faire, parce qu'il n'était pas seulement question de se retirer à tel ou tel âge, mais bien d'accepter d'offrir un monde déliquescent sur un plateau à mes enfants. D'accepter de leur dire que cette vision là serait la norme, d'admettre que mes valeurs ne pourraient pas être les leurs... car leur monde n'est déjà plus vraiment le mien...
La ville me bombardait de ces vitrines, objets, lumière, strass, stress.
Nous avons cédé, usés bien avant la fin de la manifestation. Les enfants agacés et chouinant pour un rien.
Nous avons cherché un lieu où calmer la faim et le vide.
Tout était bondé, les terrasses étaient pleines.
Cela dégueulait jusqu'aux poubelles. Chaussures à talons, petites vestes cintrées, montres swatch, robes desigual, blousons redskin, jeans temps des cerises, sacs valérie bruno, parfums à la vanille...
Nous voilà tous les quatre assis sur une pauvre terrasse à avaler de misérables spaghettis rebaptisés tagliatelles à écouter notre voisin de table dragouiller la serveuse...
Le patron est sorti discuter avec l'homme. Ils se connaissaient bien. Un habitué sans doute.
Son téléphone a sonné. Toutes les tables ont pu profiter de la chanson qu'il avait mise en guise de sonnerie : "aïe aïe aïe, j'ai mal à mon trou de balle, ouille, ouille ouille, tu t'es fait enculer". Ils se sont bidonnés.
J'aurais voulu être ailleurs, mais impossible de verrouiller ma pensée...
L'addition posée sur la table, 45 euros pour bouffer des pâtes. Les rires gras. Les fringues dans les magasins le long du parcours. Un type en train de refaire le monde dans son bureau.
Voilà, c'est ça le monde réel : du cul, du fric, du laid, de la baise.
C'est débile quand on y songe ce mot... je ne peux pas m'empêcher dès que je l'ai en bouche, de m'imaginer le défilé bruyant de voitures accompagnant celle de mariés...
Là c'était plutôt une procession de grincements de dents, de moues désabusées, plutôt de fin de soirée...
Je traînais des pieds.
Peut-être parce qu'il y avait les enfants. Peut-être parce que l'ambiance était triste. Peut-être parce que j'étais fatiguée. Peut-être à cause du silence.
Nous étions très nombreux, genre "Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort / Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port". Mais aucune jubilation dans cet effet de masse. Parce qu'au port de toute façon, nous savions bien que personne n'empêcherait notre chute dans l'eau...
Alors nous avons marché longtemps, avec des mots par-ci par là, de la colère rentrée, des épaules tombantes, des mines renfrognées.
J'ai marché parce qu'il fallait le faire, parce qu'il n'était pas seulement question de se retirer à tel ou tel âge, mais bien d'accepter d'offrir un monde déliquescent sur un plateau à mes enfants. D'accepter de leur dire que cette vision là serait la norme, d'admettre que mes valeurs ne pourraient pas être les leurs... car leur monde n'est déjà plus vraiment le mien...
La ville me bombardait de ces vitrines, objets, lumière, strass, stress.
Nous avons cédé, usés bien avant la fin de la manifestation. Les enfants agacés et chouinant pour un rien.
Nous avons cherché un lieu où calmer la faim et le vide.
Tout était bondé, les terrasses étaient pleines.
Cela dégueulait jusqu'aux poubelles. Chaussures à talons, petites vestes cintrées, montres swatch, robes desigual, blousons redskin, jeans temps des cerises, sacs valérie bruno, parfums à la vanille...
Nous voilà tous les quatre assis sur une pauvre terrasse à avaler de misérables spaghettis rebaptisés tagliatelles à écouter notre voisin de table dragouiller la serveuse...
Le patron est sorti discuter avec l'homme. Ils se connaissaient bien. Un habitué sans doute.
Son téléphone a sonné. Toutes les tables ont pu profiter de la chanson qu'il avait mise en guise de sonnerie : "aïe aïe aïe, j'ai mal à mon trou de balle, ouille, ouille ouille, tu t'es fait enculer". Ils se sont bidonnés.
J'aurais voulu être ailleurs, mais impossible de verrouiller ma pensée...
L'addition posée sur la table, 45 euros pour bouffer des pâtes. Les rires gras. Les fringues dans les magasins le long du parcours. Un type en train de refaire le monde dans son bureau.
Voilà, c'est ça le monde réel : du cul, du fric, du laid, de la baise.
lundi 11 octobre 2010
Est-ce que tu m'aimeras quand tu seras morte ?
ma fille demande : "maman, est-ce que tu m'aimeras toujours quand tu seras morte ?"
j'aurais pu dire
non ma chérie, quand on est mort, c'est le néant
pas de sentiment, rien que du vent
j'aurais pu dire
non mon coeur, je vais pourrir
devenir terre, peut-être fleurir sur un balcon
ou bien encore
non mon amour, seule ta mémoire
s'échinera à conserver des bouts de moi
je n'ai rien dit
j'ai pensé
que même squelettique, l'os brillant
je tapoterai de mes phalanges
son matelas, son oreiller, son lit tout chaud
j'ai pensé
que dans la nuit noire je continuerai
à lui chanter "dodo la minette"
en claquant furieusement des mâchoires
et puis aussi
que mes pensées morbides
rampaient sale vermine
dans sa chambre de gamine
dimanche 10 octobre 2010
Pleine lune #3
maman baise ma bouche
en plantant son couteau
je regarde ahurie
ma poitrine projeter
un flot de sang
je ne savais pas que
mon corps couvait
une telle puissance
maintenant tout s'en va
bêtement dans le sol
seul mon coeur d'idiote
ballotte et tressaute
contre les pavés
pour enfin s'échouer
dans l'eau croupie
de la cité
samedi 9 octobre 2010
Pleine lune #2
Elle a mis les bouts de chairs dans un sac en toile de jute. En sortant de la cuisine, le panier de légumes s'est renversé, les pommes de terre ont roulé en tout sens sur le sol.
Comme les yeux des enfants.
Dans le sac, il y a trois coeurs fumants.
Maintenant elle cherche une terre meuble où faire croître ses graines, où les empêcher de virer herbe folle, où elle ne les verra pas devenir chiendent.
Elle arpente les rues de Clermont, les muscles tétanisés par le poids. Des murmures pèsent au bout de ses bras. Elle ignorait que les coeurs parlaient. Leurs gémissements entravent ses pas, la font marcher au hasard. Cette ville, qu'elle connaît comme sa poche, ne lui offre pas le moindre bout d'herbe, le bitume succède au béton.
Elle grogne, souffle, renacle, avance sans faillir, mais la lune rousse arrête son élan.
La femme cède : le sac rebondit, les coeurs roulent, s'arrêtent dans l'eau croupie d'un caniveau.
Malgré tous ses efforts, ils ne boutureront jamais dans la terre auvergnate.
vendredi 8 octobre 2010
Pleine lune
Deux hommes marchent. C'est la nuit, les nuages sont lourds et moites, ils masquent leurs visages. Leurs silhouettes floues vacillent sous le ciel. On entend nettement le bruit de leurs bottes et leurs corps impavides claquer sur le trottoir.
C'est soir de match.
Près de la fontaine, de l'autre côté de l'avenue, la bière coule à flot. L'odeur de mousse dilate leurs narines. Quand leurs ombres tranchent, tous les trois mètres environ, la lumière des lampadaires, leurs cheveux roux grésillent dans la nuit électrique.
C'est pleine lune.
Leurs dents pointues luisent entre leurs babines. Elles crèvent d'éclater quelques coquilles vides.
Au coin d'une petite rue, une femme apparaît. Elle traîne en ahanant un sac en toile de jute. On entend à chacun de ses pas un feulement timide. Elle grogne, souffle, renacle, mais avance sans faillir. Son lourd chargement cogne le pavé.
Ils se figent, regardent la femme arriver le visage crispé.
Une odeur de musc se mêle au houblon, des gémissements perturbent leur chanson.
Ils la regardent : elle est lippue, a les cheveux crépus, le corps recourbé. Et au bout de ses mains un encombrant paquet qui râle et râle encore.
Les deux hommes se tendent. L'envie soudaine leur prend de jouer aux osselets.
Avec un crâne, avec des dents, avec des doigts.
L'atmosphère s'épaissit, s'alourdit de sueurs, de désirs et de peurs.
La décharge est violente, elle éclate le ciel. Les nuages se fendent mettant la lune à nue.
Une lune ronde, blonde qui tombe comme une masse à leurs pieds.
La femme lâche son sac, les hommes reculent d'un pas.
Des morceaux rouges et bruns s'accrochent à leurs bottes.
Des chats malingres et gris s'approchent de la lune, lèchent sa joue humide, tentent de ranimer son corps éparpillé.
lundi 4 octobre 2010
Longtemps...
Longtemps j’ai fait l’amour
en pensant à maman
malgré tous mes efforts
pour chasser l’ectoplasme
il restait englué
sur mes cils tremblotants
c’était l’image d’elle
photo d’une ingénue
debout les jambes nues
dans une robe blanche
à l’ourlet décousu
la mode était au court
je n’étais même pas
l’ombre d’idée d’enfant
ce passé inconnu
comme une tache noire
incrustait ma rétine
ma mère rebondissait
sur mes deux seins tendus
l’homme baisait ma bouche
espérait mon plaisir
je pensais à maman
je me faisais violence
pour dominer mon ventre
et je serrais les dents
pour calmer mon cerveau
je ne voulais plus voir
sa mémoire sur les draps
longtemps dans le lit
avec l’homme
j’ai rejoué l’histoire
vieille et douloureuse
qui n’était pas à moi
qui n’était pas à elle
dont nous portions les chaînes
sans trop savoir pourquoi
*
Jouir est toujours une opération délicate, car chaque spasme fait éclater des chaînes à grand bruit près du lit. Ces cliquetis aigus font vibrer l’air ambiant. Parfois l’image se fend, et l’un des amants tombe comme une balle molle lourdement sur le sol.
Il regarde sans comprendre l’autre qui flotte encore, le visage déformé par une joie idiote.
*
Après l’amour, ce jus qui coule, qui n’emplit rien, n’est souvent que le reste d’un mort, broyé par un fangourin.
(Penser maillée, editions du cygne, 2012)
dimanche 3 octobre 2010
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